Cripple Creek
de James Sallis

critiqué par El grillo, le 12 juin 2009
(val d'oise - 50 ans)


La note:  étoiles
Dans quel état j'erre ?
4è de couverture de l'éditeur:
"Turner porte un lourd passé sur ses épaules. Ancien flic à Memphis, il a passé onze années en prison après avoir tué son partenaire durant une mission. Reconverti en psychothérapeute à sa sortie, Turner s'est finalement retiré à Oxford, une petite ville du Mississippi où les circonstances - plus qu'une réelle volonté - ont fait de lui un adjoint du shérif local. Un soir, Turner et ses hommes arrêtent un chauffard qui traverse Oxford à tombeau ouvert au volant d'une Ford Mustang. L'homme transpire le Jack Daniel's et transporte un sac contenant 200000 dollars. Au petit matin, alors que le soiffard cuve à l'ombre, une fusillade éclate : deux types viennent " extraire " le prisonnier de sa cellule et blessent grièvement un adjoint et la secrétaire du commissariat. Quand Turner apprend que l'évadé est connu des services de police et qu'il travaille pour un caïd de Memphis, il décide de partir à sa poursuite. En roulant vers cette ville qu'il a fuie, Turner ne se doute pas qu'il va libérer les fantômes de son passé et que la vague de violence ne fait que se lever... "


La 4è de couv' est trompeuse car nous résume un début d'histoire. Or d'intrigue trépidante comme nous laisse présager ce court résumé, il n'y en a point, autant être prévenu tout de suite.
A moins que l'intérêt du livre réside dans ses personnages, ce qui les unit ou bien les dialogues, l'ambiance plus que dans l'histoire elle même, je conçois... oui mais on flirte alors avec un livre sans trame, sans fil, ou alors archi décousu, une juxtaposition de personnages qui viennent et réapparaissent sans que l'on se rappelle trop qui ils étaient, et c'est le cas ici.
On oscille entre présent (où l'unité de lieu n'est pas franchement plantée) et passé avec quelques anecdotes pas toujours intéressantes, si bien que l'unité de temps est aussi très difficile à cerner. Bref, on s'y perd; en tous cas je n'aime pas cette sensation d'être perdu sans savoir où je vais et surtout lorsqu'on ne me récupère pas par la suite. Suis je un "sous lecteur" ? c'est assez désagréable de se poser la question pour tout dire... Je suis éparpillé et ne vois pas où l'auteur veut m'emmener... et je m'ennuie puisque je referme le bouquin sans les réponses.
Beaucoup d'ellipses et de non-dit dans la plume de Sallis, causant une narration en point d'interrogation perpétuelle sur où, quand, comment, que font-ils et pourquoi? Il va me falloir beaucoup de courage, ou de naïveté au choix, pour que je me replonge dans un livre de cet auteur.
Dur dur la vie de lecteur 2 étoiles

Une petite ville où John Turner, un ancien policier et taulard et thérapeute essaie de se faire oublier. Il accepte néanmoins d’aider la police locale en devenant adjoint du sheriff. Un soir un conducteur en état d’ébriété est mis en cellule de dégrisement. Dans son coffre la police retrouve une forte somme d’argent. Le lendemain quand Turner revient au commissariat, il trouve ses collègues blessés et le prisonnier a disparu. Turner repart sur Memphis pour mener l’enquête et là l’intérêt du livre disparait… Sous prétexte d’écrire un roman noir, l’auteur nous gratifie toutes les trois lignes de digressions. A Memphis, la police lui associe une jeune et belle policière (qui avait pour ambition de devenir professeur mais une fois qu’elle y est parvenue réalise qu’elle s’est trompée, rentre dans la police mais de nouveau déçue passe des concours pour devenir éducatrice…), Turner en mauvais position lors d’une de ses investigations est tiré d’affaire par sa fille, dont il ignorait l’existence. Il retourne dans sa petite ville avec elle pour une découverte mutuelle. Par épisode on assistera également à l’éclosion des cigales propre aux souvenirs d’enfance, à l’installation d’une communauté de marginaux qui sera l’objet de curiosité, d’agressions et d’une réconciliation, à la préparation du départ de sa copine et d’une foule de choses qui peuvent se passer dans une petite ville, le tout à peine perturbé par l’apparition de tueurs pas doués venu venger le Milieu memphisois.

Il n’y a pas ici une enquête mais une affaire un peu plus inhabituelle à gérer en plus du quotidien de flic et d’homme qui de plus ne peut éviter d’aborder ses souvenirs et ses expériences professionnelles. Le tout m'a donné une impression de bavardage plus ou moins intéressant qui fait un bruit de fond mais que l’on n'écoute plus vraiment

Yeaker - Blace (69) - 51 ans - 17 juin 2011


De l’utilité pour les éditeurs de bien choisir leur 1ère de couverture 5 étoiles

J’ai eu un mois de travail particulièrement éprouvant, j’ai voulu me délasser. Je choisis « Cripple Creek » dans une librairie. Au vu de sa 1ère de couverture : un ciel nocturne, avec une pleine lune voilée de nuages, sur lequel se découpent les branches torturées d’un arbre qui a perdu son feuillage. J’espérais une intrigue policière solide, dans un climat semi fantastique et inquiétant. Ce ne sont certes pas des attentes bien nobles ni bien élevées, mais personne n’est parfait.
Heureusement, le Dieu de la Littérature veille au grain et se charge de punir ceux qui achètent des livres pour de mauvaises raisons. Car en fait d’intrigue, on ne trouvera pas grand-chose dans « Cripple Creek » : des malfrats de Memphis viennent violemment délivrer le prisonnier d’une petite ville du Mississipi. Donc Turner, l’adjoint du shérif, se rend à Memphis pour flinguer quelques malfrats locaux. Donc ceux-ci envoient un tueur à gages dans le Mississipi pour se faire la peau de Turner. Donc Turner tue le tueur à gages. Donc les malfrats lui en envoient un deuxième, qui tue la petite amie de Turner. Donc Turner tue le deuxième tueur à gages.
Comme une intrigue aussi riche ne suffit pas à occuper durablement le lecteur, l’auteur meuble avec des descriptions de repas (qui sont curieusement devenues un lieu commun du roman noir) et le récit des événements traumatisants auxquels Turner et ses connaissances ont jadis été confrontés. C’est fou, quand on y songe, le nombre de psychopathes qui trainent aux USA !
Bon, je charge un peu la mule, parce que le climat instauré par l’auteur n’est pas déplaisant (même si ça ne suffit quand même pas pour faire un bon roman). Mais c’est la déception qui me fait parler. Et j’en reviens à mon point de départ. De l’utilité pour les éditeurs de bien choisir leur 1ère de couverture !!

Reginalda - lyon - 57 ans - 18 juin 2009