La voyeuse interdite
de Nina Bouraoui

critiqué par Steph-9, le 16 juin 2009
( - 34 ans)


La note:  étoiles
La tradition critiquée
La Voyeuse interdite est le premier roman de Nina Bouraoui, qui a d'ailleurs remporté le prix Inter en 1991. Ce livre raconte la solitude et l'ennui d'une "fille musulmane dans un pays musulman" qui passe ses journées cloîtrée dans sa petite chambre grise et morne. De temps en temps, elle déplace le rideau de sa fenêtre pour observer les enfants et les hommes qui se trouvent dans la rue. Elle assiste aussi en cachette, sans l'avoir cherché, aux ébats de ses parents sur le carrelage de la cuisine. Elle décrit les formes de sa mère comme étant "monstrueuses" et usées, mais toujours disponibles pour son père. D'ailleurs, celui-ci ne lui adresse plus la parole depuis qu'elle est pubère. Elle voit également sa soeur Zohr, "qui tient la mort dans ses bras", et contemple l'innocence de Leyla, qui n'est encore qu'un bébé.
Puis son isolement et son ennui font place à l'attente, alors qu'une voiture s'arrête souvent devant sa maison. Elle sait que l'homme dont elle n'aperçoit que la silhouette vient pour elle. Elle attend "l'événement" en maudissant la traîtrise de sa mère, qui a "marchandé son destin". Les femmes de sa famille s'affairent autour d'elle et la préparent sans se préoccuper de ce qu'elle ressent. Elle honorera sa famille selon les traditions. Elles sont toutes passées par là, c'est maintenant à son tour.
C'est ainsi qu'elle quitte la petite chambre de son enfance pour entrer dans une camionnette qui la mène vers l'inconnu qu'elle doit marier.
Le passage de fille à femme ainsi que le poids des traditions sont largement abordés dans ce roman. Les mots de Nina Bouraoui sont d'une puissance et d'une intensité bouleversantes. Elle critique également la condition de certaines femmes musulmanes qui, selon ses mots, ne sont considérées que comme des "ventres reproducteurs". Nina Bouraoui ne fait pas dans la dentelle et son premier roman est décidément une réussite!