Obscura
de Régis Descott

critiqué par Pascale Ew., le 18 juin 2009
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Manet revisité façon cadavres
Jean est un jeune médecin de la fin du XIXème siècle. Il vit avec Sibylle. Par plusieurs patients dont une ancienne prostituée surnommée Obscura, il apprend l’existence de reproductions photographiées de tableaux de Manet utilisant des cadavres. Sibylle est finalement enlevée à son tour et grâce à l’aide de son ami Gérard, médecin dans un centre d’aliénés et amoureux de Sibylle, il se lance à sa recherche.
Ce roman à suspense est original de par son contexte délirant et historique.
D'autre part, je trouve la relation de Jean à sa compagne très ambiguë et peu claire : il l’aime, mais ils ne sont pas mariés à une époque où c’est la norme (ils vivent ensemble depuis 4 ans); il l’aime, mais il est attiré par une ancienne prostituée au point de rater la première de la première pièce de théâtre importante de sa femme.
Quand l'art est le mobile du crime 6 étoiles

Avec son quatrième roman, Regis Descott s'intéresse à la psychiatrie, celle des origines. L’auteur mêle sa passion pour la peinture et la photographie avec ses connaissances en médecine et en psychiatrie.
Médecin à Paris, Jean Corbel vit son métier comme un sacerdoce. Sa clientèle est essentiellement populaire, pauvres et prostituées particulièrement atteints par les terribles maladies de l'époque que sont la tuberculose et la syphilis. L'une d'entre elles, surnommée Obscura, le trouble par sa beauté, tout autant que par son curieux témoignage. Elle a servi de modèle pour l’un de ses clients afin de reconstituer, sous forme de tableau vivant, l'Olympia, d'Édouard Manet. Or quelques jours plus tôt, un de ses collègues, installé en Provence, lui a indiqué qu'un cadavre de femme avait été utilisé pour une reconstitution macabre du Déjeuner sur l'herbe, de Manet, et retrouvé dans une propriété de la région… Son intérêt est définitivement en éveil quand apprend qu'une prostituée, Henriette Ménard, a carrément été assassinée, dans une maison inhabitée d'Auteuil, et que son corps dénudé figurait dans une reconstitution du fameux Déjeuner sur l'herbe. Pas la peine de poursuivre plus avant sous peine d’en dévoiler trop.
Ce polar historique éveille d’emblée la curiosité. On est d’emblée séduit par cette vision bien détaillée du Paris populaire de la fin du XIXe siècle. Séduit également par ce que l’on apprend sur Manet et son œuvre. Ceci dit, l’enquête en elle-même ne tient pas en haleine de bout en bout. Il y a dans ce roman quelques longueurs. Reste donc un bon moment de lecture, sans plus…

Nothingman - Marche-en- Famenne - 45 ans - 23 novembre 2011


camera obscura ou la perte des couleurs 8 étoiles

Nous voici dans le Paris du XIXème siècle, en pleine révolution industrielle, de plain-pied avec des scènes de Zola, et en pleine révolution picturale avec Manet. La folie est centrale, le roman cisèle les balbutiements de la médecine psychiatrique et met en scène la folie criminelle. Nouveau mal du siècle ? En contrepied, l’âme simple d’un médecin, tout à l’opposé de celui de la Citadelle de Cronin, se voit torturée par la culpabilité de s’être laissé emporter par une mauvaise rencontre. Des cadavres exquis se mettent à peupler un nouveau genre d’art, de la nécro-photographie, cynique nouvelle folie en gris noirs et blancs, tandis que le médecin est pris dans le tourbillon infernal où sa femme viendra à être enlevée elle aussi. Lui-même devient fou de douleur. Il est sur le point de perdre les deux êtres qui comptent le plus au monde pour lui, son père, marchand-artisan en couleurs, et sa compagne, artiste débordante d’amour pour lui. En filigrane un ami bienveillant veille sur le couple et particulièrement sur la compagne. Discrétion des sentiments. La fin est noire, il expie sa faute, par amour. Une note d'espoir cependant: le ‘saute-ruisseau’ , gavroche qu’il aura sauvé, deviendra peut-être médecin à son tour…. On pourrait retenir le souvenir de la charmante baigneuse en chemise, apparition bucolique au fond du Déjeuner sur l’herbe qui contraste avec la violence du siècle, l'âge d'or révolu.
Dans ce cadre fourmillant d’observations sur la médecine, la prostitution, le développement de la ville et des transports, la misère et la surpopulation des bas-quartiers, la police, la peinture, le monde artistique et le vocabulaire de l’époque se greffe un polar haletant, une mise en vie de nos folies humaines….très originale. Très belle réussite. Un polar avec un t… pol-art !

Deashelle - Tervuren - 16 ans - 26 février 2010


Cadavres exquis 3 étoiles

Dans le Paris du XIXème siècle, un médecin, fils de marchand de couleurs, se retrouve, malgré lui, mêlé à une sombre affaire.
Quelqu'un copie les toiles de Manet en placant des cadavres féminins à la place de Victorine Meurent.

Ce livre est particulier. L'histoire est originale. La reconstitution historique est excellente. Régis Descott à fait des recherches, il ne s'est pas lancé dans la rédaction d'un roman historique sans aucune connaissances sur les domaines qu'il exploite: médecine, peinture, police, prostitution, psychiatrie.
Malheureusement les domaines sont trop nombreux. Il arrive souvent à Régis Descott de nous "balancer" ses connaissances sur tel ou tel domaine sans que cela n'offre un intérêt bien particulier à son roman. Je trouve dommage cette accumulation de connaissances.
C'est toute l'ambiguïté de ma lecture. En un sens je les trouve intéressantes, et riches, d'un autre côté elles ne sont, souvent, pas très pertinentes.

De plus, il y a trop souvent, dans son roman, ce que j'exècre en littérature: des répétitions. A de trops nombreuses pages nous retrouvons des phrases, ou des idées, déjà développées à l'identique quelques pages en avant.

Un roman sympathique mais sans plus. Pas de grandes qualités littéraires. Je ne suis pas fan, mais si vous cherchez quelque chose à lire sur la plage, pourquoi pas?

Sanchan - - 41 ans - 6 juillet 2009