Californie, paradis des morts de faim
de Sam Shepard, Pierre Laville (Traduction)

critiqué par Septularisen, le 22 juin 2009
( - - ans)


La note:  étoiles
LE REVE AMERICAIN…
On découvre dans cette très courte pièce de théâtre en 3 actes une famille californienne de fermiers très pauvres au début des années 1970.

Il y a là le père, Weston, alcoolique notoire et qui peut être violent, Ella, la mère volage qui n’aime plus son mari et ne s’occupe plus de sa famille, Emma la fille, sérieuse et appliquée, très bonne écolière, mais qui souffre de vivre dans sa famille et à la ferme et qui ne pense qu’à s’en aller au plus vite… Et enfin, Wesley, le fils qui s’occupe de la ferme et dont le comportement passe de la gentillesse à la méchanceté la plus horrible…

Tous (sauf Wesley) n’ont qu’un rêve, vendre au plus vite la ferme familiale dans laquelle ils habitent et grâce à l’argent récolté, quitter la Californie, qui vers le Mexique (Weston, Emma) qui vers l’Europe (Ella). Mais c’est sans compter sur leur passé, que tous tentent de combattre, mais qui va très vite les rattraper…

On est bien loin du rêve Américain, ici on découvre juste l’Amérique des pauvres gens, avec une famille d’ agriculteurs laissés pour compte, qui essaient de survivre au jour le jour, malgré les malheurs qui les accablent. Des accidentés, des désaxés de la vie en fait des gens qui pourraient être vous ou moi!…

On connaît Sam SHEPARD acteur (L’Étoffe des héros ; Baby Boom ; L’Affaire pélican ; Opération espadon, La Chute du faucon noir…), on connaît Sam SHEPARD scénariste, (Paris, Texas ; Fool for love…), on connaît Sam SHEPARD réalisateur (Far North ; Le gardien des esprits…), on connaît Sam SHEPARD écrivain (Fool for love ; A mi chemin…) et bien découvrons ici Sam SHEPARD l’homme de théâtre!

Comme toujours avec l’écrivain Américain, le style est unique, inimitable, «brut de décoffrage», sans fioritures, sans détails inutiles. Des phrases incisives, sculptées, ciselées, qui frappent, fouettent et laissent le lecteur pantois. Un véritable exemple de manque de communication (ou plutôt de non communication) entre les personnages.
Un théâtre où même les objets deviennent des personnages (ici p. ex. le frigo, la porte, la table…), mais capable de décrire, en quelques lignes seulement, la misère humaine, aussi bien que le plus long des livres…