Where do we go from here: chaos or community? de Martin Luther King

Where do we go from here: chaos or community? de Martin Luther King

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Oburoni, le 5 juillet 2009 (Waltham Cross, Inscrit le 14 septembre 2008, 41 ans)
La note : 8 étoiles
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Contre la pauvreté

( Traduit en français par "Où allons-nous ? La dernière chance de la démocratie américaine", paru aux éditions Payot )

Fin des années 1960s. Après plus d'une décennie de luttes acharnées il semble que les Afro-américains, enfin, soient en passe d'avoir un statut et des conditions de vie égaux à ceux des blancs, d'être parfaitement intégrés à la société américaine. Le boycott des bus de Montgomery en 1955-56 avait entrainé la fin de la ségrégation raciale dans beaucoup de bus du Sud, les Freedom Rides de 1961 l'avaient même élargie à ceux reliant différents états. Des sit-ins permirent la déségrégation de cafés et restaurants dans plus d'une centaine de villes. La campagne de Birmingham et la Marche sur Washington en 1963 entrainèrent la signature du Civil Right Act de 1964, abolissant les lois Jim Crow. Les manifestations de Selma aboutirent au Voting Right Act. Les opérations breadbaskets permirent aux Noirs d'avoir plus d'opportunités en terme d'emplois etc... Autant de progrès remarquables, surtout accomplis grâce à une seule méthode : la non-violence.

Et pourtant...

Presqu'au tournant des années 1970s la moitié de la population noire vit toujours dans des ghettos et banlieues pauvres. Le taux de chômage, tout comme le taux de mortalité infantile, est deux fois plus élevé pour les noirs que pour les blancs. De ceux qui travaillent 75% vivent de petits boulots, les noirs gagnant la moitié du revenu des blancs. Même les sondages sont désespérants : 88% des blancs interrogés ne veulent pas que leur enfant ait une relation amoureuse avec un(e) noir(e), 80% se sentirait mal a l'aise si un proche -famille ou ami- mariait une personne noire, 50% ne veulent pas de noir pour voisin... Les raisons de déchanter sont plus que nombreuses !

Autant de problèmes, d'échecs, qui en laissent beaucoup face à un constat amer : une égalité dans les lois n'entraine pas une égalité dans les faits. Les noirs sont toujours des citoyens de seconde classe, et la frustration se répercute dans le mouvement pour les droits civiques qui entre alors en pleine crise. Certains commencent en effet à remettre en cause le principe même de non-violence pour se tourner vers des actions plus directes.

Des émeutes urbaines et raciales éclatent ( Watts en 1965... ), un nouveau slogan apparait : "Black Power"; devise fourre-tout, ne reflétant aucun programme précis mais derrière laquelle se dessine une haine grandissante envers les blancs. Notons -est-ce un hasard ?- que le dit slogan est né dans le Mississipi, soit l'état où, entre 1965 et 1968, plus de quarante militants pour les droits civiques, blancs et noirs, ont étés assassinés et où plus d'une cinquantaine d'églises noires furent brûlées ou victimes d'attaques à la bombe...

Le pays serait-il en passe de sombrer dans le chaos ? De virer à un conflit racial ?

De telles dérives attristent et inquiètent Martin Luther King Jr, ferme partisan de la non-violence et qui, dans "Où allons-nous ?", se laisse aller a quelques réflexions sur la tournure des évènements.

Il rappelle clairement que la violence ne mène à rien et n'a jamais mené à rien. Il fait surtout une analyse des faits, pointe du doigt ce qui selon lui est la cause de certains échecs : la pauvreté.

En effet ce n'est pas la non-violence -source de tout les progrès accomplis- qui est en cause, mais la pauvreté; fléau qui alimente la xénophobie, le racisme, les tensions raciales. Son constat est simple : les gouvernements peuvent faire passer toutes les lois qu'ils veulent sur l'égalité de droit et la discrimination positive, s'ils ne mènent pas de politiques claires contre la pauvreté alors la violence et le racisme continueront à gangréner le pays.

Côté noir : tant que ces derniers auront l'impression d'être considérés comme des sous-citoyens, parqués dans des ghettos, recevant une piètre éducation, n'ayant que peu accès à des services publics décents et ayant peu d'opportunités d'emplois, la frustration et le ressentiment les pousseront dans la violence, la criminalité et la haine anti-blancs qui, en retour, alimentent le racisme des blancs à leur égard.
Côté blancs : ne pas lutter contre la pauvreté, qui les affecte eux aussi, mais accorder aux noirs les mêmes opportunités qu'eux en terme d'emplois, de logements, d'éducation, c'est faire en sorte que les blancs pauvres perçoivent les noirs comme des concurrents, une menace à leur condition de vie déjà précaire; ce qui ne peut que les pousser encore plus vers la xénophobie et le racisme.

Le pasteur s'interroge crument : à quoi bon dépenser tout un budget dans une guerre au Vietnam lorsque l'argent pourrait être mieux dépensé "à la maison" dans des programmes de logements, d'éducation, de santé, d'emplois qui, au final, mettront fin aux tensions raciales ?

Une analyse lucide.

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