Révolution non violente de Martin Luther King

Révolution non violente de Martin Luther King
( Why we can't wait)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Oburoni, le 12 juillet 2009 (Waltham Cross, Inscrit le 14 septembre 2008, 41 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 102ème position).
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1963, Birmingham et la Révolution Noire

En 1963 la lutte pour les droits civiques menée par les Afro-américains, qui gagne alors de plus en plus d'ampleur depuis le milieu des années 1950s, va prendre un tournant radical.

Si beaucoup de pas en avant ont déjà été accomplis -le plus connu étant la déségrégation dans les bus après le mouvement de Montgomery de 1955-56, étendue entre états suite aux Freedom Rides de 1961- l'intégration est loin d'être faite.
Un exemple : les écoles.
En 1954 une loi est passée y implémentant la déségrégation raciale. Pourtant, près de dix ans après, a peine 9% des étudiants noirs sont scolarisés avec des blancs. Pire : une autre loi fut votée, la Loi sur le Placement des élèves, accordant aux autorités fédérales le droit de décider dans quelles écoles les enfants peuvent être envoyés, en fonction de... leurs origines sociales ! On s'en doute : c'est la un chèque en blanc pour le maintien hypocrite de la ségrégation.

Quand le gouvernement donne, les états reprennent et, à l'heure de la décolonisation, à l'heure où les noirs en Afrique se battent pour leurs droits et obtiennent leur indépendance, les noirs américains, eux, sont toujours sous le joug de lois Jim Crow d'un système raciste qui les oppresse. Abraham Lincoln a mis fin à l'esclavage cent ans auparavant ( la Proclamation d'Emancipation date de 1865 ) mais, depuis, peu de progrès en faveur de l'intégration ont vraiment été accomplis.

Jouant d'un pied sur l'autre, aucun parti ne faisant des droits civiques une priorité, les noirs commencent à en avoir ras-le-bol. La situation bouillonne, elle explosera à Birmingham, Alabama, en 1963.

Birmingham est alors dirigée par Eugene Connor, suprémaciste blanc dont la poigne de fer lui a valu le surnom de "Bull" Connor ( "le Taureau" Connor ). Birmingham, c'est l'une des villes les plus ségréguées d'Amérique; une ville où, entre 1957 et 1963, 17 attentats à la bombe, tous impunis, ont frappé des églises noires et des maisons de militants pour les droits civiques. Un bastion du Sud gangréné par le racisme, qui va pourtant devenir le symbole de la lutte non-violente.

En 1962 des étudiants y organisent en effet un boycott contre les magasins qui refusent de servir des noirs dans leurs cafétérias et refusent de les embaucher. Très vite, après des négociations qui échouent et des élections au cours desquelles "Bull" Connor, bien que défait, s'accroche coûte que coûte au pouvoir, ces étudiants obtiennent le soutien d'associations militantes dont le SCLC ( Southern Christian Leadership Conference ) de Martin Luther King Jr.

Tel un Super Docteur le pasteur, qui avait mené la campagne de Montgomery 8 ans auparavant, et sa troupe descend à Birmingham pour y appliquer son remède : des actions de protestations non-violentes.

La suite est connue, les médias du monde entier l'ont donné à voir. Des manifestants pacifistes sont attaqués par les chiens de la police et aspergés avec des lances à incendie, des femmes sont matraquées au sol, des enfants -dont certains n'ont même pas 6 ans- sont mis en état d'arrestation etc... L'horreur s'étale à la télé, dans les journaux, choque l'Amérique où, partout, d'autres manifestations de soutient sont organisées. Incontrôlable, la situation pousse le Président Kennedy à prendre des mesures qui, peu à peu, mèneront l'année suivante à la signature du Civil Right Act mettant fin a la discrimination raciale.

Une victoire immense, mais qui ne veut pourtant pas dire que le combat est fini.
Toujours à Birmingham, rien qu'à la fin de l'année 1963, une bombe explosera dans une église noire, tuant quatre fillettes, un jeune garçon noir sera tué par la police en pleine rue, un autre subira le même sort par une meute de blancs et, dans les trois cas, pas un seul représentant blanc des autorités locales, fédérales ou gouvernementales n'assistera aux obsèques....

Désespérant ? Non, parce qu'à Birmingham la question raciale a enfin explosé à la face d'une Amérique qui se serait bien maintenue la tête dans le sable pour ne pas l'affronter. Parce qu'à Birmingham l'inhumanité de la ségrégation, et la brutalité effroyable du racisme blanc, ont été mis a nu; entrainant une vague de soutien à la cause Afro-américaine. Parce que Birmingham, en plus d'être devenu un cas d'école pour la cause non-violente, a propulsé la lutte pour les droits civiques sur le devant de la scène, en faisant une priorité politique même dans l'agenda des aspirants présidents.

Birmingham fut un tournant dans l'histoire, un tournant qui nous est raconté ici par l'un des principaux acteurs des évènements.

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Les éditions

  • Révolution non violente [Texte imprimé] Martin Luther King, Jr traduit de l'anglais (États-Unis) par Odile Pidoux
    de King, Martin Luther Pidoux, Odile (Traducteur)
    Payot & Rivages / Petite bibliothèque Payot (Paris)
    ISBN : 9782228901451 ; 8,15 € ; 01/11/2006 ; 219 p. ; Poche
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I Have A Dream

10 étoiles

Critique de Poignant (Poitiers, Inscrit le 2 août 2010, 58 ans) - 30 juillet 2013

En 1956 à Montgomery (Alabama) une grande victoire non violente pour l’égalité des noirs dans les transports a été emportée. Mais même si depuis 1954 un décret de la cour suprême fédérale interdit la ségrégation dans les écoles, la cause des droits civils fait du sur-place. L’hypocrisie politique et les arguties juridiques permettent aux autorités racistes du sud de maintenir le statu-quo.
En 1963, pour faire face à la frustration croissante de la population noire et aux risques de violence qu’elle induit, Martin Luther King et son mouvement non-violent vont décider de frapper un grand coup. L’action aura lieu à Birmingham, cœur industriel du sud et bastion des pires pratiques ségrégationnistes…

Ce livre, c’est la révolution noire de 1963, racontée par son principal acteur. La « bataille » de Birmingham va aboutir à la marche sur Washington où sera prononcé le fameux discours « I have a dream », et au vote par le sénat de la loi sur l’égalité des droits « Civil Rights Act ».
Dans une écriture simple et directe, M.L.K nous fait vivre les évènements, explique comment la non-violence est une arme extrême et efficace. Cette immense personnalité, stratège et tacticien hors-pair, met son charisme et son éloquence au service de sa juste cause pour convaincre les indécis, faire douter ses adversaires, faire reculer les ténèbres. Certes tout n’est pas idyllique, et la violence finira par avoir sa peau en 1968. Mais la lecture de ce récit vous insuffle encore, 50 ans après, une incroyable énergie.
Livre essentiel à lire absolument.

Un Rêve toujours en voie de réalisation

8 étoiles

Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 3 septembre 2011

Cet ouvrage raconte les actions non violentes entreprises en 1963 à Birmingham, cette ville sudiste de l'Alabama où la répression et la ségrégation envers les Noirs étaient tristement célèbres.

On ne peut qu'admirer la démarche de la revendication des droits sans effusion de sang prônée par le pasteur.

D'abord parce qu'il a su percevoir que même les Blancs qui étaient plutôt favorables à plus d'équité entre les races n'auraient pas admis que ces conquêtes se fissent par le combat de rue, le terrorisme ou l'action violente en général, qui de surcroît aurait mis les activistes hors la loi.

Ensuite parce qu'il a su gagner à ses méthodes des gens qui subissaient des frustrations, des coups voire des drames depuis tant de décennies de ségrégation et d'injustice et qui devaient encore en subir lors de leurs marches et occupations pacifiques en plus de provocations destinées à leur faire commettre les erreurs qui feraient échouer le mouvement.

Le prix Nobel de la paix bien mérité par Martin Luther King en 1964 est largement la reconnaissance et la récompense de l'attitude exemplaire de tout un peuple.

Il avait admiré l'action du Mahatma Gandhi, une source d'inspiration.
Nul doute que s'il n'avait pas été assassiné à 39 ans en 1968, il aurait pris fait et cause pour la démarche de Nelson Mandela avec lequel il se serait sûrement lié d'amitié et ils échangeraient peut-être encore aujourd'hui leurs impressions respectives de désobéissance civile et de révolution non violente.

Et puis, il aurait assisté à l'élection du premier président noir des Etats-Unis dans laquelle il a sans doute joué un rôle déterminant 4 ou 5 décennies auparavant....


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