L'âge du tendre
de Marie Chaix

critiqué par Montgomery, le 16 juillet 2009
(Auxerre - 52 ans)


La note:  étoiles
Tendre est la femme
Tendre est la femme et Marie Chaix, en digne représentante, nous propose des d'émouvantes tranches de son enfance qui ne fut pas de tout repos. Jugez un peu: un père absent pendant plusieurs années du fait d'une incarcération pour collaboration avec l'occupant, un frère si fragile qu'il quittera la scène prématurément et enfin une soeur qui va l'occuper, cette scène, sous le nom d'Anne Sylvestre.

Il fallait sans doute être une femme pour écrire certaines des belles pages de ce livre à l'image de celle où la petite Marie brise les défenses d'un père trop lointain avec cette seule phrase: "Papa, tu ne m'aimes pas." On peut aussi apprécier sans modération les passages sur l'inanité des efforts de chacun à vouloir revivre son enfance et à retourner sur les lieux de celle-ci :" Ne vaut-il pas mieux rester avec les images et se raconter des histoires ?".

Je ne résiste pas à l'envie de citer ce paragraphe qui illustre bien le ton poétique et sans fausse pudeur de Marie Chaix: " Amo, amas, amour tu es toujours le même. Tu nais au creux maternel, cries, crois te perdre, te déchires mais te rassures au cou de la porteuse. Tu es le même qui brûles le ventre solitaire, prends un sexe entre les dents ou pénètres la caverne de chair, le même qui saisit l'enfant, le tien serré contre les lèvres, le même qui babilles, roucoules, pleures et hurles je t'aime. Masculin ou féminin, tu es le même qui éblouis, secoues, envoies au ciel."