L'heure du Tigre
de Jack-Alain Léger

critiqué par Montgomery, le 19 juillet 2009
(Auxerre - 52 ans)


La note:  étoiles
Du Disney pour les grands
Sentiment mitigé à la lecture de ce roman de Jack-Alain Léger, auteur qui n’a pas encore fait l’objet de critiques sur ce site. Je crois savoir qu’avec Nabe, Léger se sent un peu esseulé dans le monde littéraire, au point qu’il a envisagé de renoncer à écrire : essayons donc d’être le plus objectif possible.

L’intrigue n’est pas originale et s’inspire explicitement d’un chef-d’œuvre de notre littérature nationale : en effet, il s’agit, comme indiqué au dos de la couverture, de faire un « remake moderne » du Comte de Monte-Cristo. Alors voilà : Abel Young, de nationalité américaine mais très français dans son comportement, est un adolescent bouffi et mal dans sa peau jusqu’au jour où il rencontre un camarade qui lui communique sa passion pour la montagne. Du coup Abel devient un athlète, un gars bien mais sans le sou vu que sa mère tient un modeste motel où défilent des routiers parfois brutaux. Notre héros voit son destin prendre un autre cours lorsqu’il apprend qu’il est le fils du célèbre et mourant magnat de la presse, Elliot E. Emerson propriétaire du journal très classe « Events », et qu’ainsi il est l’un des héritiers du bonhomme au même titre qu’une demi-sœur, un peu foldingue, et d’un demi-frère aussi incompétent que cupide. La bientôt veuve d’Emerson, la terrible Kay Mc Kay, une fois revenue de sa surprise, ne semble pas disposer à laisser Abel hériter et prendre en main les rênes du journal…

Davantage que le Comte de Monte-Cristo, le livre de Léger m’a fait penser à un conte pour enfant revu et corrigé par les studios Disney : manichéisme permanent, psychologie des personnages simpliste, héros encore plus parfait à la fin qu’au début, information permanente du lecteur-demeuré sur les faits et gestes des personnages et sur le déroulement de l’intrigue. Bref, du courage, il m’en a fallu pour finir ce bouquin de 600 et quelques pages.

Pour autant, je crois que Léger n’est pas un mauvais écrivain : il a probablement été dépassé par son ambition et son modèle. Il a peut-être aussi voulu mettre trop de « lui-même » dans ce livre fourre-tout où se côtoient une multitude de sujets qui doivent certainement lui tenir à cœur (le monde de la presse, la liberté des années 60, l’alpinisme, la dénonciation des régimes totalitaire, le message porteur de sagesse de certaines philosophie orientales…) mais dont l’assemblage semble ici artificiel, inopportun.