Tonio Kröger
de Thomas Mann

critiqué par Mo_yeah, le 24 juillet 2009
(Région parisienne - 42 ans)


La note:  étoiles
Un livre que j'ai aimé
Tonio Kröger est le personnage central de ce court roman. C'est d'abord un adolescent que l'on voit évoluer ensuite vers l'âge adulte.
Il se sent différent des autres jeunes gens de la bourgeoisie de Lübeck. Son nom mélange les sonorités et fait déjà de lui un être à part. Et surtout, il est pris dans les mailles de l'introspection, de la solitude et de toutes les questions qu'il se pose sur l'art, sur l'écriture et la poésie, sur les relations avec ceux qui l'entourent.
En deux mots : il a des difficultés à connaître la "vraie vie", celle de ses camarades qui vivent pleinement, sans se poser toutes ces questions, sans vouloir écrire de la poésie.
C'est un roman de jeunesse pour Thomas Mann (il l'a écrit à 28 ans) où il relate son enfance et son adolescence dans la ville hanséatique d'Allemagne du nord. Dans le roman il y a aussi de très beaux passages au Danemark.
Je conseille ce livre à tous ceux qui soudain sont pris d'un songe au milieu de la foule...

Extrait :

"Que les autres dansent donc, à l'aise, pleins d'entrain, tout à leur affaire !... Non, non, sa place était quand même ici où, même s'il était à l'écart, isolé, il avait conscience de la proximité d'Inge, cherchant à distinguer sa voix, là-bas, à l'intérieur, dans le brouhaha, les tintements de verre et les rires, sa voix chaude de la vie. Tes yeux bleus et rieurs, fendus en amande, Inge la blonde ! Aussi belle et gaie que seul peut l'être quelqu'un qui ne lit pas Immensee et n'essaie jamais d'écrire des choses semblables ; c'est bien là toute la tristesse !..."
Un Thomas Mann qui vieillit mal 5 étoiles

L'écriture de Thomas Mann est toujours très froide, cérébrale et pesante. Le concept d'intrigue lui est plus ou moins étranger. Ses personnages sont bien souvent des intellectuels bourgeois méditant longuement sur l'art et la vie. On lit Thomas Mann en espérant y trouver une profondeur philosophique inégalée. Malheureusement, il est difficile d'éprouver du plaisir à la lecture de "Tonio Kröger", qui s'inscrit parfaitement dans la lignée des livres assommants de l'écrivain allemand tout en demeurant plutôt superficiel. Alter-ego de l'écrivain, le jeune Tonio est un adolescent tourmenté qui se questionne sur le sens de l'existence. Où se trouve l'essence de la vie? Dans la réclusion créatrice de l'artiste ou au coeur des soirées bourgeoises aux mille plaisirs sensoriels?

Évidemment, il n'est pas question de demi mesure. Le choix doit être tranchant... Le lecteur voit donc Tonio évoluer en quelques courts chapitres qui ressemblent davantage à des vignettes. Aux grandes questions qu'il se pose, peu de réponses seront offertes. Ses tourments sont simplistes, son attitude celle d'un enfant gâté. À mon sens, "Tonio Kröger" a simplement très mal vieilli. Court roman d'à peine 120 pages, il paraît s'étendre sur 600. Je ne me suis reconnu dans rien et j'ai tourné la dernière page avec grand soulagement.

ARL - Montréal - 39 ans - 7 septembre 2016