Les Feux de l'automne de Irène Némirovsky

Les Feux de l'automne de Irène Némirovsky

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Saule, le 29 juillet 2009 (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 611ème position).
Visites : 5 681 

Humilité et résignation

Chacun des livres de Némirovsky me procure le même plaisir. Elle a une écriture racée, elle possède l'art de créer des romans dans le meilleur sens du terme: créer des personnages puissants, à travers lesquels elle exprime un faisceau de réflexions sur la vie, l'amour, et tout les grands sentiments qui parcourent une existence. Je retrouve chez elle les sensations que donnent les grands auteurs russes (Némirovsky était une juive Ukrainienne, exilée en France).

Dans ce roman, elle raconte l'histoire de deux familles françaises de la petite bourgeoisie, depuis 1914 jusqu'à la fin de la seconde guerre. Outre le contexte social, c'est la puissance romanesque qui nous emporte. Comme souvent, l'auteur utilise différents personnage pour exprimer toute la palette des passions et des sentiments humains: l'amour, la jalousie, l'héroïsme, la lâcheté.. Et puis aussi la résignation de la jeune femme amoureuse délaissée, la faible qui ne peut opposer que son humilité aux épreuves de la vie. C'est vraiment admirable!.

Bref, je suis conquis par le style et l'intelligence de Némirovsky. J'ai du mal à comprendre comment une femme si jeune pouvait tellement bien comprendre la vie, et ses multiples facettes, de la passion de la jeunesse, aux "feux de l'automne" qui brûlent les anciens sentiments et permettent de revivre une deuxième, puis une troisième vie. Le personnage le plus remarquable est la vieille Madame Pain, qui au moment de mourir pense philosophiquement à la vie en ces termes "Ma pauvre Thérèse... Elle a la vie douce; oui... Mais ça ne suffit pas, quand on est jeune... Il faut des larmes, de la passion, de l'amour, des aventures... Plus tard on se résigne à sa petite existence tranquille. Puis on ne demande qu'une chose au bon Dieu: continuer! Continuer à éplucher les légumes, jour après jour, pour la soupe, à descendre chercher son lait chez la crémière, à lire le feuilleton du Petit Parisien, à sucer des pastilles de menthe qui font l'haleine fraîche... Pas autre chose, mon Dieu, et le plus longtemps possible. C'est le moment que Dieu choisit pour envoyer chez vous un ange du ciel qui vous saisit et vous entraîne, que vous le vouliez ou non, vers la suprême aventure, pleine d'ombre et de mystère.."

Bref, ce livre est un régal. Il est un peu inégal quand même, (au contraire de Suite Française qui est un chef-d'œuvre de bout en bout), il y a bien quelques passages un peu faibles mais c'est compensé par des scènes époustouflantes (la première page, qui raconte un dimanche dans la petite bourgeoisie avant la première guerre, est une merveille).

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Jusqu'au bout de la désillusion.

8 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 5 mai 2018

Irène Némirovsky était une auteure russe d’expression française, très populaire dans les années 1930, elle mourut en 1942 dans un camp de concentration allemand. Ce roman ne fut jamais publié de son vivant.

Les feux de l’automne suit une famille qui traverse les deux guerres. Il est à supposer que les dernières lignes du livre furent écrites quelques jours seulement avant l’arrestation et la déportation d’Irène Némirovsky.
J’ai eu l’impression que le texte était hésitant mais c’est à la fin du roman que j’ai compris qu’il s’agissait simplement de retenue. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire et surtout durant les temps troublés que cette grande dame traversait.
Ainsi l’auteure décrit avec cynisme ces années folles où la corruption faisait les fortunes. Si la France avait consacré de façon rationnelle le budget qui était alloué à son armée, il est probable que la seconde guerre mondiale aurait connu une autre finalité.

un roman qui fait du bien

10 étoiles

Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 29 novembre 2015

Je ne connaissais pas cet auteur, mais j'avais pris ce livre en ebook (il n'était pas très cher...) pour découvrir Irène Némirovsky. C'est une très belle rencontre, ses descriptions sont effectivement magnifiques, j'ai beaucoup aimé la fin qui m'a tiré quelques larmes. L'histoire nous montre la vie des civils et des soldats pendant la grande guerre, ainsi que l'entre-deux guerres et la seconde Guerre Mondiale. C'est extrêmement précis, les sentiments des personnages sont remarquablement retranscrits, j'avais presque l'impression d'être aux côté de Thérèse dans ses heures sombres, notamment lorsqu'elle attend le retour de son mari.
Une lecture indispensable, à mon avis.

Grandeur d'âme

9 étoiles

Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 6 avril 2014

En lisant ce livre, j'ai été frappée par le contraste entre la réalité de la première guerre mondiale vécue par les soldats, et les informations "rapportées" et atténuées auprès de leurs familles. Je me souviens avoir fait ce constat également à la lecture des lettres que Rudyard Kipling écrivait à son fils, cela donnait l'impression de deux mondes parallèles.

Thérèse voit donc partir Martial, son mari tout frais, pour le front. Il est médecin et s'occupe d'un poste de secours dans le Nord de la France. Leur union semblait programmée, elle connaît le jeune homme depuis toujours, c'est certes sans passion qu'elle accepte ce mariage, mais elle souhaite fonder une famille, être une bonne épouse et s'occuper de son logis. Son amie d'enfance, Renée, plus volage, plus calculatrice et beaucoup plus exigeante, lui reproche ces rêves de vie bien rangée.

Irène Némirovsky nous raconte ces destins totalement opposés, les deux jeunes filles s'éloignent l'une de l'autre, ne faisant plus partie du même monde. Leurs époux connaissent aussi des chemins différents, pourtant rien au départ ne semblait les départager, les bases étaient sensiblement les mêmes, mais l'auteure les a dotés de personnalités si différentes et a joué sur l'échelle de la grandeur d'âme.

Et j'ai retrouvé cette belle écriture, un art de la formule qui me rend admirative.

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