Québec libre ! Entretiens politiques avec Pierre Falardeau
de Pierre Falardeau

critiqué par Dirlandaise, le 1 août 2009
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
La pensée politique de Pierre Falardeau
Quand j’aime, je suis généreuse alors allons-y pour cinq étoiles ! Ah Pierre Falardeau ! Un personnage grandiose, un homme à la pensée politique impressionnante. Il comprend tout cet homme et moi, quand je le lis, je me dis que je ne comprenais rien avant de le connaître. Il me conduit sur des chemins accidentés et minés mais ô combien passionnants et significatifs.

Ce livre est un must pour qui veut connaître et approfondir la pensée politique de M. Falardeau. Il est présenté sous forme d'entrevue. Au début, nous pouvons lire ce qu’a été l’enfance de M. Falardeau, ses années d’adolescence, l’éveil de sa conscience politique avec le RIN (Rassemblement pour l’indépendance nationale) fondé par Pierre Bourgault. Suivent ensuite des propos sur les événements qui ont marqué la politique québécoise des dernières décennies dont la fondation du PQ (Parti québécois), son accession au pouvoir, les deux référendums pour l’indépendance du Québec, la Crise d’octobre, la loi 101, le rapatriement de la constitution canadienne sans l’accord du Québec, l’accord du Lac Meech pour intégrer le Québec à la constitution, l’élection de Jacques Parizeau à la tête du PQ, la fondation du « Equality Party » bref, tous les faits marquants de la scène politique québécoise récente. Pierre Falardeau déclare regretter la combativité et l’esprit révolutionnaire qui animait le RIN et déplore le souci de respectabilité, la faiblesse mollassonne et l’ambiance cucul qui règne au sein du Parti Québécois. Heureusement, il y a le MLNQ (Le Mouvement de Libération nationale du Québec)…

Suivent ensuite des commentaires sur la politique internationale. Le cas de la Palestine fait partie des principales préoccupations de M. Falardeau et il dénonce les agissements d’Israël. En fait, il dénonce beaucoup de choses cet homme : le contrôle de la pensée par les médias sous juridiction fédérale, l’insignifiance de la pensée politique québécoise, le double contrôle idéologique au Québec à la fois du néocolonialisme canadien et de l’impérialisme américain, l’incapacité des gens à découvrir le message véhiculé par ses films mettant en vedette Elvis Gratton, l’immobilisme désespérant de la société québécoise, le fait que seulement vingt pour cent de la population puisse réfléchir de façon logique et ainsi de suite.

M. Falardeau nous entretient aussi des gens qui ont le plus influencé sa pensée politique ainsi que de la réalisation de ses films.

En annexe, nous avons droit à un choix de textes publiés dans le journal indépendantiste « Le Québécois » auquel M. Falardeau collabore régulièrement. Ces textes sont tous dans le livre « Rien n’est plus précieux que la liberté et l’indépendance », mais je les ai relus avec autant de plaisir tant ils sont savoureux et corrosifs. Je vous donne quelques titres : « Nous avons toute la mort pour dormir », « L’enterrement du Bonhomme Carnaval » (un texte écrit lors de la mort de Claude Ryan et qui a fait scandale… il se termine par le célèbre Salut pourriture ! À lire absolument…), « Les bornes » (mon préféré…), « Blanche-Neige et ses nains » et « Fédéralisme testiculaire ! ».

Ce n’est pas un livre volumineux mais il est très dense. Falardeau y est plutôt sage et le langage est d’une belle retenue… Il est essentiel de lire ce livre quand on s’intéresse à la politique québécoise et à la cause de la libération nationale. Des hommes comme M. Falardeau, il n’y en a pas beaucoup alors il ne faut pas les laisser passer quand on a la chance de pouvoir lire des écrits si justes, des analyses politiques d’une telle lucidité et d’une honnêteté admirable. Un tel amour du Québec et de la liberté est beau à lire et doit servir d’exemple à tous les Québécois soucieux de la survie de leur peuple et de sa langue. Vive le Québec libre !

« On a été élevé à se mettre en rang, à ne pas dire un mot plus haut que l’autre. Ça paraît. Mais moi, j’ai lutté contre ça toujours et ça m’amène à prendre des positions à l’inverse de ce qui se dit dans l’opinion publique, pour ne pas se laisser imposer la pensée unique. »

« Quand tu vois qu’un fédéraliste comme Claude Ryan a appuyé le PQ en 1976 en disant : « Ah ! Ils viennent de mettre de côté l’idée d’indépendance ! »… Ça envoie tout un message. Câlisse !... Quand tu te fais appuyer par un trou de cul fédéraliste pareil, c’est que tu as un problème comme parti d’indépendantiste ! »

« Les États n’ont pas d’émotions, ils n’ont que des intérêts. »

« Mais là, quand tu vas être libre, qu’est-ce que tu vas faire ? — Laisse faire ce que je vais faire, ouvre la porte câlisse ! »

« Le mouvement indépendantiste n’aurait jamais dû quitter la rue ! C’est pour ça que j’aime le MLNQ, malgré toutes les critiques qu’on peut faire, parce que c’est un mouvement qui prend la rue. Enfin ! On sort des salons bourgeois et des salles de congrès des grands hôtels. L’indépendance, c’est une idée révolutionnaire et le mouvement n’aurait jamais dû quitter la rue ! »

« Si on ne fait pas l’indépendance au plus vite, c’est la mort à petit feu qui nous attend. On n’a pas l’éternité devant nous. »

« Moi, je me sens du côté de l’humanité qui se bat pour la liberté et la justice partout sur la planète. Si on perd ici, notre combat va quand même servir ailleurs et il y aura des peuples opprimés victorieux. Il n’est pas question que je cesse de me battre. »