Jack et Ellis
de Shabazz

critiqué par Spiderman, le 1 août 2009
( - 62 ans)


La note:  étoiles
Plus fort, plus secret que Brokeback Mountain
Encore une histoire de cowboys pédés ? Même si la photo de couverture et les prénoms ont un lien avec Ang Lee et Anne Proulx, Shabazz ne recycle rien : il crée avec un style unique une rencontre exceptionnelle.
Jacques Terrenoire, le frenchy débarqué aux States, en quête d'une vérité moins aléatoire que la musique qu'il compose.
Ellis Parker, Wyoming : rodéo et ... pas grand'chose.
Jack est bipolaire mais pas bisexuel : il a laissé sa fille chérie Euryale à sa mère pour trouver sa voie, entre les bras d'un homme. Un cowboy du Wyoming. Les paysages esquissés par Proulx et filmés par Lee peuvent fournir au lecteur des images : le scénario est autrement puissant.
Dédié à Mattew Sheppard, dont l'assassinat en 1998 fut le symbole d'une homophobie toujours latente dans les campagnes des U.S.A., Jack & Ellis n'est pas un livre militant. La petite maison des pédés de la prairie n'est pas bordée d'un long fleuve tranquille. Comme à Brokeback Mountain deux hommes vont subir le poids d'une civilisation plus difficile à affronter qu'un cheval fougueux à maîtriser lors d'un rodéo. Leurs propres tabous, leur éducation et leur conception de la vie vont se confronter à un mépris, une violence qui ira jusqu'au viol.
La plume de Shabazz est crue mais jamais excessive, impudique mais jamais exhibitionniste.
De l'audace, de la créativité, du style et de l'amour : au delà des barbelés et des obstacles infranchissables, quand le soleil illumine le Grand Téton et Bareback Mountain, on se dit qu'il existe encore un Ouest sauvage et inconnu pour les aventures romanesques de cette qualité.