Marie Calumet de Rodolphe Girard

Marie Calumet de Rodolphe Girard

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Romans historiques

Critiqué par Nance, le 2 août 2009 (Inscrite le 4 octobre 2007, - ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 039ème position).
Visites : 10 632 

Roman du terroir québécois anti-terroir

Roman satirique lu au collège dans un cours sur la littérature québécoise et dont je garde un peu de rancoeur potacho-estudiantine. L’Église aurait condamné ce livre au moment de sa publication (parce que : blasphématoire envers l’Église, contient quelques scènes semi-torrides). C’est un livre amusant, avec des personnages attachants, une écriture imagée et un langage à saveur de l’époque. Je me rappelle de l’avoir aimé pour un livre imposé, mais les romans du terroir, même à contre-courant, ne sont pas vraiment mon genre.

On est dans les années 1860 dans le petit village de Saint-Ildefonse (village fictif dans la région de Nicolet). Marie Calumet, une femme dans la quarantaine, décide de s’y installer et devient la servante du curé de la paroisse. S’ensuit une série de faits cocasses et burlesques.

« Ce soir-là, monsieur le curé de Saint-Ildefonse avait gardé à souper son voisin, monsieur l'abbé Lefranc, pasteur omnipotent de l'opulente paroisse de Saint-Apollinaire.
Il n'était pas riche, le curé Flavel, mais, dame! quand on offre à un ami de prendre une bouchée en commun, on a beau être de la maison du bon Dieu et ne pas ripailler comme dans une noce de Sardanapale, il ne faut pas pour cela se contenter de croûtes entre le bénédicité et les grâces.
Aussi, le brave monsieur Flavel, en homme bien élevé et accueillant, le coeur sur la main, avait fait des frais. Pas autant, toutefois, qu'il en eût fait pour le député du comté, et surtout pour l'évêque du diocèse. »

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Autres temps, autres mœurs

8 étoiles

Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 30 mai 2021

Roman québecois du début du XXème siècle. Gouvernante dans un presbytère, Marie Calumet attire certaines convoitises. Le livre est une suite d’anecdotes sur la vie d’un village. Anecdotes plus ou moins croustillantes, qui paraissent bien innocentes aujourd’hui, mais qui ont fait scandale à l’époque, allant jusqu’à une condamnation par le clergé.
Cette lecture est un vrai régal. Le style est alerte, rappelant par certains aspects celui de Dickens dans Les aventures de M. Pickwick.

Disponible gratuitement en version numérique :
https://bibliothequenumerique.tv5monde.com/livre/…

Commedia dell'arte version québécoise

8 étoiles

Critique de Montréalaise (, Inscrite le 7 août 2010, 31 ans) - 24 janvier 2012

Le curé Flavel du village de Saint-Ildefonse est bien mal en point. Son presbytère est bien terne et seule sa nièce Suzon, capricieuse âgée de 19 ans, y fait le ménage tant bien que mal. Mais oh! sacrilège! Il ne faut pas éveiller des pensées malsaines entre eux deux et c'est pourquoi le curé décida d'engager Marie Calumet, vieille fille de 40 ans pour faire le ménage, laver les vêtements, cuisiner et s'occuper des animaux.

L'arrivée de cette nouvelle recrue dans le village va transformer le quotidien de ses habitants et plongera Marie Calumet dans des aventures aussi rocambolesques et folles les unes que les autres.

Je ne suis pas du genre à aimer les romans du terroir, souvent ennuyeux à mourir et transmettant une propagande moralisatrice sur la tradition du bon Canadien-français, attaché à la campagne et à la religion catholique. Mais « Marie Calumet » de Rodolphe Girard tient une place particulière dans ce courant littéraire car il est un des rares à oser se moquer de la tradition et à plonger ses personnages dans des situations dignes des plus délicieuses farces du Moyen-âge ou bien même des comédies de Molière. Cette audace vaudra à son auteur une condamnation de l'évêque Buchési ainsi qu'un emploi perdu dans le journal La Presse.

L'écriture est simple et savoureuse, les dialogues rustiques et savoureux, les personnages attachants...bref, on ne s'ennuiera pas cette fois de ce roman qui peint avec affection et sarcasme les moeurs des campagnards québécois de la fin du XIXe siècle.

Une Bécassine québécoise

7 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 17 novembre 2011

L’histoire de Marie Calumet se déroule en 1860 dans le petit village de Saint-Ildefonse. Le bon curé Flavel est désespéré car il n’a que sa très jeune nièce Suzon pour s’occuper de son ménage, de la cuisine et du presbytère qui ressemble de plus en plus à une maison à l’abandon tant la poussière s’accumule et les toiles d’araignées se multiplient. De plus, le curé est las de manger des pommes de terre brulées, du ragoût fade agrémenté de viande dure et trop cuite. Les desserts ne sont pas mieux. Prêtant une oreille compatissante aux doléances de son ami, le curé Lefranc de Saint-Apollinaire lui déniche une ménagère hors pair en la personne de Marie Calumet, une femme dans la quarantaine, forte, avisée et extrêmement travaillante. Marie Calumet s’attache immédiatement à la personne du curé Flavel et son dévouement envers lui ne connaît plus de limites. Sous sa gouverne, le presbytère ne tarde pas à reprendre un air de jeunesse et le curé Flavel aussi.

Récit fort amusant truffé de situations anecdotiques et d’humour bon enfant. L’écriture de Rodolphe Girard fait ressortir toute la naïveté et l’ignorance des villageois de l’époque. La religion domine la population et exerce une influence indéniable sur leur mentalité et leur vie. Il n’y a qu’à songer de quelle façon la visite de l’évêque est perçue comme un événement de la plus haute importance. Marie Calumet s’y prépare comme si sa vie en dépendait. Un mot de l’évêque sur sa bonne cuisine et la voilà presque rendue au paradis tellement elle est fière et contente.

Je déplore le fait que l’auteur ait laissé au second plan le contexte politique et social pour se concentrer sur les situations cocasses et amusantes. Cependant, un chapitre s’avère plus intéressant que les autres à ce point de vue. L’auteur y narre la façon dont le bois en provenance de la baie Georgienne était acheminé jusqu’à Montréal pour être chargé ensuite à bord de navires en consignation pour l’Angleterre. Ce chapitre est beaucoup plus intelligent et étoffé que les autres.

Marie ressemble de façon étonnante à une Bécassine québécoise, tant au niveau du physique que de la mentalité simple et assez frustre. Elle est très violente avec les animaux domestiques allant jusqu’à tuer d’un coup de bâton un pauvre porcelet qui s’était enfui de la porcherie. Elle assène de méchants coups de pied à la chatte du curé qui a eu le malheur de se vautrer dans le seau de lait.

Le roman reflète cependant à merveille la mentalité de l’époque mais il introduit un zeste d’humour coquin et assez leste parfois. Lecture amusante, un peu légère et pourtant remplie de charme.

« Marie Calumet devait fort bien se les rappeler sur son lit de mort, les trois plus beaux jours de sa vie : son entrée au presbytère, sa première entrevue avec l’évêque du diocèse… mais n’anticipons pas. Marie Calumet allait donc enfin, après tant et tant d’années, toucher au bonheur si longtemps rêvé, bonheur qui couronnerait les désirs de son âme, qui étancherait la soif de son cœur. Enfin, elle verrait Monseigneur de près, elle frôlerait sa soutane, elle lui parlerait peut-être ? Vinssent ensuite la mort et ses terreurs, que lui importerait à Marie Calumet ? Elle mourrait avec calme et sérénité, puisqu’elle aurait entendu tomber des lèvres de son évêque des paroles à elle seule adressées. »



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