Le désert de Gobi de Pierre Benoit
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Tuer la bête
Michel s’est toqué de la belle Alzire, avec laquelle il a fui jusqu’à Fouzan, en Corée méridionale. C’est qu’il l’aime son Alzire, et qu’il s’en veut de ne pas pouvoir lui donner la vie de luxe qu’elle mérite. Depuis leur arrivée en effet, leurs économies se sont réduites à rien et vivre d’amour et d’eau fraîche, ce n’est pas rose tous les jours. Michel se sent coupable. Il n’est pas très courageux, il est vrai, et il faut toute la douceur de la belle et intelligente Alzire pour qu’il comprenne qu’il est temps pour lui de remplir ses obligations d’homme.
Ça tombe bien. Sur le port, au gré de ses molles recherches pour trouver du travail, Michel tombe sur un tigre. Plutôt une cage, avec un tigre dedans, une bête magnifique qui répond au nom de Mikado. Son propriétaire, Jack Sanders, est un australien féru de chasse et d’animaux mythiques. D’ailleurs le Mikado va lui rapporter une jolie somme une fois vendu au zoo de Sydney. Le même zoo lui a passé une autre commande, un animal dont on doute de l’existence même, un tigre blanc, fantôme du Gobi, à côté duquel le Mikado n’aurait pas plus d’allure qu’un chaton.
Michel s’embarque pour le désert redouté, pendant qu’Alzire, artiste de variété, s’en va travailler dans un hôtel de Macao. Et Sanders, qui se prend d’amitié pour Michel, n’est pas peu fier de le séparer d’Alzire et de ses minauderies.
Dans le froid silence du Gobi, enveloppé par un brouillard impénétrable, résonnent bientôt les rugissements de la bête – surnommée Koubilaï, en référence à l’impitoyable empereur – qui s’est jetée sur leurs traces. Mais dans l’esprit de Michel, l’oppressante situation se mêle à ce soupçon obsédant que les efforts d’amitié de Sanders ne font qu’entretenir.
Le désert de Gobi est un petit roman sans prétention qui n’égale pas les grands chefs-d’œuvre de l’auteur mais qui se laisse lire agréablement. La poursuite du félin légendaire, la description des espaces froids et terrifiants, captivent. Les personnages sont peu attachants cependant. Michel est le baroudeur un peu rêveur qui se satisfait des petites choses de la vie pourvu qu’il ne se fatigue pas de trop. Alzire est un personnage assez caricatural dans sa féminité : intelligente et calculatrice, elle sait ce qu’elle veut. Sanders, le chasseur passionné, est amusant. C’est sans doute le personnage le plus charismatique du livre.
Et, évidement, les destins se lient, les relations se créent, les déceptions et les rancœurs se manifestent, exigeant parfois leurs lots de sacrifices desquels le lecteur, une fois de plus, tirera sa propre conclusion.
Les éditions
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Le désert de Gobi
de Benoit, Pierre
Albin Michel / Livre de Poche
ISBN : SANS000020528 ; 01/10/1962 ; 251 p. ; Poche
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Fatalisme anthropologique !
Critique de Angel54 (, Inscrit le 11 septembre 2010, 70 ans) - 28 janvier 2013
On se prend d'antipathie pour Alzire, héritière de l'Eternelle Eve qui taraude les innombrables Adam se trouvant à portée de ses griffes.
Envoûtante, et maléfique destruction sous un charme diabolique et pourtant implacable. Le fauve de l'histoire n'est pas celui auquel on pense au premier abord car Alzire, elle-même, fascine et apprivoise le tigre. Heureusement la nature reprend ses droits et la bête l'emporte sur la femme mais qui a véritablement triomphé ?
Pierre Benoit nous laisse libre de choisir.
Sa vision des hommes en général et de la femme en particulier reste encore une fois sans appel.
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