Melnitz de Charles Lewinsky

Melnitz de Charles Lewinsky
( Melnitz)

Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques

Critiqué par Monito, le 6 août 2009 (Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 808ème position).
Visites : 4 198 

Un oncle pessimiste

Saga familiale qui s’étend de 1870 à la deuxième guerre mondiale, Melnitz met en scène une famille, les Meijer, à partir de Salomon et de ses deux « filles », la vraie, Mimi, et celle qu’il a recueillie, Hannele.

Juifs dans la Suisse traditionnelle de l’Aargau et du canton de Zurich, nous assistons aux changements qui accompagnent cette famille issue du marchand de bestiaux qu’était Salomon et le devenir commerçant de Hannele via Janki Meijer et celui de Mimi et son mari, boucher traditionnel mais aussi féru du Talmud.

Au-delà de l’histoire de famille qui n’a rien de très original, nous vivons davantage la présence d’une famille juive dans l’histoire et dans un pays si proche de l’Allemagne devenant nazie, d’une Suisse guère connue pour son ouverture d’esprit bien qu’affichant une tolérance de bon aloi.

Le style est plaisant et ce relatif pavé se lit avec plaisir car l’intrigue est bien menée. L’humour s’associe aux descriptifs sociologiques et/ou religieux qui donnent à Melnitz et surtout l’oncle éponyme toute sa justesse.

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Histoire suisse

8 étoiles

Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 8 novembre 2013

C’est une saga, l’histoire d’une famille juive en Suisse , les Meijer, entre 1871 et 1945. 1871, défaite française contre l’Allemagne et trois ans avant l’émancipation des Juifs suisses, qui vivaient avant cantonnés dans deux bourgades, dont celle d’Edingen comme le patriarche de cette longue histoire, Salomon Meijer, marchand de bestiaux, père de deux filles, dont l’une est adoptée.

Cette possibilité qui leur est donnée d’aller s’installer où ils le veulent, va conduire cette famille à diversifier leurs activités autant qu’ils le peuvent , car, bien sûr, et c’est un des grands aspects de ce roman que de nous le faire toucher du doigt en permanence à chaque époque, il persiste toujours l’antisémitisme ordinaire, celui des détails de la vie courante. C’est ainsi que le deuxième chapitre , qui se situe en 1893, relate l’année où est interdit l’abattage traditionnel juif . De même, acheter un terrain pour agrandir un magasin n’est pas accessible à quelqu'un de confession juive, et même la conversion au protestantisme d’un des fils ne changera pas la donne. En fait , en dépit de toutes leurs tentatives d’assimilation, leur identité leur revient toujours en pleine figure .

Et c’est là qu’intervient régulièrement le personnage central de ce roman, l’oncle Melnitz, celui qui revient toujours pour leur faire comprendre que rien n’a changé , le témoin de l’Histoire.
Son nom même renvoie à un épisode atroce ( un parmi..) de l’histoire des Juifs, en 1648 (5048 dans le calendrier juif) dans un pays qui ne s’appelait pas encore l’Ukraine, les massacres par Bogdan Chmjelniskie et ses Cosaques de presque toute la communauté juive.

Ne survécurent que les femmes les plus belles, violées et portant des enfants de ces Cosaques, enfants qui reçurent le surnom de Chmjelniski.

Celui qui ne permet pas d'oublier constate : Dieu nous a punis de nos péchés, nous autres Juifs, en nous affligeant d'une bonne mémoire. Lorsque quelqu'un nous a fait quelque chose de par trop terrible, nous disons : ´Que son nom soit effacé.` Et nous nous en souvenons pour l'éternité.

C’est lui qui termine ce roman, en 1945, lourd des mémoires de tous les juifs disparus , dont une partie de la famille Meijer, ceux qui hélas n’avaient pas quitté l’Allemagne assez tôt, et qui continue à parler à ceux qui ont eu la chance de vivre en Suisse. Car même si Charles Lewinsky décrit bien la séduction exercée par les thèses nazies en Suisse dans les années 1930, la communauté juive en Suisse n’a pas été dévastée par la Shoah .

Il s’asseyait en face d’eux quand, au petit déjeuner ils lisaient leur journal et quand ce qu’ils y apprenaient les épouvantait et qu’ils disaient: « Nous ne savions pas ». Et ils le disaient chaque jour d’une épouvante renouvelée. Quand ils ne lisaient pas jusqu’au bout et ne voulaient plus rien savoir, parce qu’ils ne supportaient pas de savoir, alors, d’un geste réconfortant, il leur tapotait la main et disait: « Vous auriez dû me demander. Il vous suffisait de m’interroger. »

Bon roman historique, très documenté, qui se lit d'une traite.

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