Henri Désiré Landru
de Christophe Chabouté

critiqué par Dirlandaise, le 7 août 2009
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
De monstre à victime... Chabouté réécrit l'histoire de Landru
Nous sommes le 12 novembre 1921. Gros plan sur une mouche, oui une simple et magnifique mouche domestique ! Recul… la mouche est posée tout près de l’œil d’une statue. Encore recul… il s’agit vraisemblablement de la statue représentant la justice. Tiens… la mouche s’envole pour venir se poser sur un maillet de juge. Oups ! Elle s’envole de nouveau pour cette fois venir se poser sur le front dégarni d’un des juges siégeant lors du procès le plus couru de l’époque. En effet, le procès de l’affaire Landru devant la cour d’Assises de Seine-et-Oise à Versailles attire le tout-Paris de l’époque. Le suspect est accusé du meurtre de dix femmes, toutes vivant seules et possédant un peu d’argent, qu’il attirait en se faisant passer pour un veuf, riche et esseulé. Il les faisait venir avec lui dans sa villa de Gambais et après avoir réussi à leur faire signer des procurations, il les assassinait et brûlait les corps dans le poêle de la résidence.

4 janvier 1915. D’énormes rats sont rassemblés sur un champ de bataille, sous une pluie battante. Recul… Sous cette pluie battante, les rats sont installés sur le cadavre d’un homme mort au combat et en voie de décomposition. Dans un abri, un homme écrit une lettre à sa bien-aimée nommée Hélène. Il lui confie son projet de désertion et demande à la femme de ramasser tout l’argent qu’elle pourra se procurer afin qu’il puisse se cacher quand il sera devenu un déserteur. Cet homme va jouer un rôle capital dans l’histoire qui nous occupe.

En effet, Christophe Chabouté réécrit l’histoire de Landru. Cette fois, ce n’est pas le monstre issu de la réalité mais un pauvre homme victime d’une sombre et diabolique machination. Encore une bande dessinée en noir et blanc mais c’est curieux comme cela ne me dérange pas tellement les dessins sont percutants, surtout au début. Le talent de Chabouté se déploie une fois de plus pour nous servir une histoire passionnante d’escroqueries et de meurtres. Le scénario basé sur des faits vécus nous plonge au cœur de cette terrible affaire d’une façon telle qu’il est difficile de ne pas aller jusqu’au bout afin de connaître le fin mot de l’histoire. Et la fin est tout à fait surprenante. J’ai été enchantée de cette conclusion bien imaginée et qui montre à quel point une telle affaire peut être récupéré à des fins politiques.

Décidément, je suis en train de devenir une fan de ce Chabouté. Quel talent ! La bande dessinée a perdu la moitié d’une étoile en raison du caractère un peu répétitif des différents meurtres mais qu’importe, c’est un plaisir de lire cela malgré le côté sombre, pessimiste et sordide qui imprègne tout le récit. Visiblement, l’auteur s’est bien documenté pour nous servir encore une fois, un album de grande qualité.

« Ces malheureuses femmes que ce renard machiavélique aura séduites, promis le mariage et fait miroiter un bonheur virtuel… Il leur a promis les flammes de l’amour… les malheureuses… elles n’auront eu droit qu’à celles de son fourneau !! »