Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie
de Jared Diamond

critiqué par Falgo, le 8 août 2009
(Lentilly - 85 ans)


La note:  étoiles
Nous sommes tous responsables de l'avenir de la terre
"...les hommes du XXII° siècle seront aussi stupéfaits de notre aveuglement que nous le sommes de celui des habitants de l'ïle de Pâques" (Jared Diamond, Effondrement, page 649).
Cette citation résume en quelque sorte le propos de l'auteur qui est vaste et complexe: notre société est-elle en train de mourir doucement des décisions qu'elle a prises par le passé et continue de prendre ou est-elle capable des sursauts assurant son avenir?
Bien sûr il s'agit d'écologie. Mais à quel niveau et à quelle hauteur! Biologiste, physiologiste et géographe, Jared Diamond emploie une méthode très originale pour soutenir sa réflexion et son discours. Il s'est penché sur des civilisations disparues et a tenté par une approche scientifique de découvrir les causes de leur effondrement et d'en tirer des leçons générales pour notre avenir. Cette analyse scientifique fait appel à une panoplie de disciplines différentes (archéologie, études botaniques sur de longues périodes, climatologie, histoire, agronomie, philosophie de la décision, etc.) et le principal mérite de l'auteur est de réaliser une synthèse entre ces divers apports scientifiques.
Ainsi Jared Diamond développe des études sur: l'Etat du Montana aux Etats Unis, l'île de Pâques, les îles Pitcairn et Henderson, les civilisations Anasazis aux Etats Unis, les Mayas, la civisation Viking du Groenland. Il en tire cinq ensembles de facteurs d'effondrement des civilisations:
- les dommages causés à l'environnement
- l'impact des changements climatiques
- l'hostilité de peuples voisins
- la perte du soutien de voisins amicaux
- les réactions et les décisions prises par une société face à ses problèmes, en particulier l'adéquation des valeurs qu'elle porte aux conditions de sa survie.
Bien entendu, il s'agit là de cinq ensembles de facteurs qui, ainsi résumés, sous-tendent une beaucoup plus grande complexité d'analyse.
Cette large fresque historique conduit l'auteur, au chapitre 9, à examiner justement les capacités d'une société à prendre de bonnes décisions. Ainsi il s'intéresse à La Nouvelle Guinée, l'île de Tikopia et le Japon pour trouver des pistes éclairant la formation de bonnes décisions. A la suite de quoi, une troisième partie du livre est consacrée à l'analyse par la même grille de sociétés contemporaines: Rwanda, République Dominicaine et Haïti, Chine, Australie. Particulièrement une recherche de causes au génocide rwandais présente des hypothèses plus intéressantes que les approches politiques ou ethnographiques communément avancées.
Une quatrième partie dégage des leçons pratiques applicables à notre avenir. On y découvre que, comme les sociétés effondrées du passé, nous sommes capables de prendre exactement les décisions catastrophiques qui mènent à la perte.
Tout le livre débouche sur l'essentiel chapitre 16 (Le monde est un polder): quelles sont les perspectives devant nous et quelles décisions prendre sur chaque plan essentiel? Jared Diamond détruit un certain nombre d'idées reçues (le progrès technologique sauvera tout, il y a d'autres ressources naturelles pour remplacer les épuisées, etc.) qui renforcent notre aveuglement sur l'imminence des problèmes et des décisions à prendre. Il reste raisonnablement optimiste en pariant sur "l'interconnexion même du monde contemporain globalisé" pour utiliser l'intelligence du passé pour établir les bases d'un monde meilleur. Je suis particulièrement sensible à son objurgation à modifier nos valeurs, c'est à dire nos pratiques individuelles, pour aboutir à des solutions efficaces.
Jared Diamond réussit là où même Ferand Braudel (Grammaire des civilisations) avait à mon sens échoué: éclairer l'avenir à partir du passé historique.
Ceci est un très grand livre.
De plus, facile à lire, sans jargon inutile. Il vaut très largement le temps que l'on y consacre.
Un livre salutaire 10 étoiles

Il s’agit d’un livre sur les causes de l’effondrement de sociétés anciennes (comme les Incas, les habitants de l’île de Pâques, la colonie viking du Groenland, etc.) ou de la fragilité de certaines sociétés actuelles (Chine, Australie, Rwanda, etc.)
L’auteur utilise une grille de lecture en cinq points pour expliquer l’évolution de ces sociétés :
1. Les dégâts que l’homme inflige à son environnement
2. Les conditions climatiques, la géographie et l’état des sols
3. La qualité des relations avec les voisins
4. L’interdépendance commerciale avec les voisins
5. Les réponses politiques apportées aux problèmes environnementaux
Dans tous les cas abordés, chaque effondrement de société était imputable à plusieurs points de cette grille de lecture : les conditions climatiques à elle seules ne suffisent pas à expliquer l’effondrement de ces sociétés.

Cet ouvrage est d’autant plus intéressant qu’il pose la question de la responsabilité de la Politique face aux questions environnementales. Voici un extrait du livre où l’auteur fait référence à Tainter, un historien américain s’étant intéressé avant Diamond à l’explication de l’effondrement des sociétés complexes :
« Tainter estimait donc qu’il est peu probable que les sociétés complexes puissent s’effondrer en vertu de l’échec de leur gestion des ressources environnementales. Et pourtant, il est clair, au vu de tous les cas analysés dans ce livre, que c’est précisément un tel échec qui s’est produit de façon répétée. Comment autant de sociétés ont-elles pu commettre d’aussi funestes erreurs ? »
« Si certaines sociétés réussissent tandis que d’autres échouent, la raison en est évidemment dans les différences entre les environnements plutôt qu’entre les sociétés. Certains environnements posent des problèmes plus difficiles que d’autres. […] Mais ce n’est que la moitié de l’histoire. […] En réalité, si les conditions environnementales rendent sans doute plus difficile le maintien des sociétés humaines dans certains milieux plutôt que dans d’autres, les raisons de la réussite ou de l’échec tiennent aussi aux choix qu’opère une société. »

D’ailleurs ce n’est pas la seule idée reçue que ce livre essaie de faire trembler sur ses fondations : comme la synthèse en fin de livre tente de le faire, l’effondrement d’une société n’est pas inéluctable et il existe des moyens pour les individus d’influer sur la réaction de la société aux problèmes environnementaux (l’auteur aborde dans un chapitre entier des exemples de sociétés qui réussirent à éviter l’effondrement).
Ce livre écrit en 2005 ne parle donc pas de la pandémie de covid-19 – et de sa propagation – ni des attentats commis en France en 2015 et dans les années qui suivirent, mais il est difficile de ne pas y songer lorsque l’on arrive à la dernière partie de l’ouvrage.
Effondrement est un livre écrit par un professeur de géographie à l’Université de Californie. Professeur ayant auparavant été biologiste et physiologiste. Le livre est une tentative de synthèse de plusieurs cours qu’il y mena. D’ailleurs l’idée du livre lui vint suite à une remarque d’élève.
Je vais vous lire un extrait du livre où il en parle, et pour le comprendre il faut savoir que les Pascuan sont les habitants de l’île de Pâques où il n’y a plus aucun arbre.
...

Vieux Chat - - 46 ans - 28 décembre 2020


Passionnant 8 étoiles

Cet excellent essai mêle histoire, géographie, sociologie, anthropologie, écologie...
Le résultat est souvent passionnant, je conseille donc vivement ce livre.

Looping001 - - 49 ans - 1 octobre 2011


Eclairant, alarmant et responsabilisant 10 étoiles

En s’appuyant sur l’étude de sociétés passées et présentes, Jared Diamond expose de façon claire et rigoureuse à quel point le sort d’une société est lié à sa capacité à anticiper et résoudre ses problèmes environnementaux. On sort de cette lecture avec une meilleure compréhension des enjeux liés à l’écologie et un sentiment de profonde vulnérabilité.

Les sociétés qui se sont effondrées par le passé ont échoué soit à percevoir les problèmes (du fait d’un manque de connaissances historiques ou scientifiques), soit à les résoudre (à cause de conflits d’intérêts entre les différents acteurs ou de valeurs collectives inadaptées à l’environnement).

L’état actuel des connaissances a permis d’identifier les graves problèmes auxquels nous sommes actuellement confrontés : de la chute de la biodiversité au réchauffement climatique, en passant par l’érosion des sols et la pollution…

Il ne nous reste donc plus qu’à les résoudre, de préférence tous en même temps. En effet, « Chacun des douze problèmes de non-durabilité est comme une bombe à retardement qui explosera avant une cinquantaine d’années ».

Jared Diamond conclut son livre en explicitant le rôle que chacun peut jouer, à son niveau. Il s’agit avant tout de soutenir les entreprises ayant des politiques favorables à l’environnement, en les faisant connaître et en achetant leurs produits, et de faire pression sur les autres. Des multinationales ont ainsi été contraintes de modifier leur politique.

« A lire de toute urgence… pour devenir écolo ou pessimiste », a écrit NQuint dans une critique précédente. Et pourquoi pas les deux ?

Yokyok - Nîmes - 36 ans - 31 mars 2011


Didactique pour les professeurs d'histoire-géographie 9 étoiles

Difficile de ne pas se répéter après ces critiques qui, par leur longueur et leur ton persuasif, sont, je pense, la preuve de l'intérêt que tout un chacun peut retrouver dans ce livre. Je ne détaillerai donc pas à nouveau le découpage de cet essai (pourtant fort astucieux), mais donnerai simplement mon opinion.

Il me semble juste nécessaire de préciser à nouveau ce que Jared Diamond entend par "effondrement" : c'est une réduction drastique de la population humaine et/ou de la complexité politique / économique / sociale, sur une zone étendue et une durée importante.
Ainsi que les questions centrales auxquelles il essaie de répondre :
"comment ces sociétés n'ont-elles pas pris conscience de ces dangers qui nous paraissent aujourd'hui évidents? Ne devons-nous attribuer leur fin qu'à la seule responsabilité de leurs habitants ou bien voir en eux les victimes d'insolubles problèmes ? Dans quelle mesure ces dommages du passé furent-ils involontaires et imperceptibles ou obstinément causés par des individus pleinement conscients de leur conséquence? ».

J'ai lu sur de nombreux sites faisant la critique de cet ouvrage qu'il présentait beaucoup d'erreurs de traduction. Soit, c'est vrai que je n'ai pas saisi quelques expressions, mais je ne suis pas sure que ce soit à chaque fois dû à la traduction plutôt qu'à mon manque de culture générale!
De plus, cela est tout à fait pardonnable car nous ne sommes pas dans le littérature à proprement parlé mais bien dans un essai plus ou moins sociologique. Ce n'est donc pour moi pas du tout un argument à considérer pour décider de sa lecture.

Jared Diamond, c'est un peu l'auteur qui a participé à ce que je reconsidère l'intérêt que j'apporte à l'histoire. C'est ce genre de livre que l'on devrait faire lire aux lycéens, en peut-être un peu moins ardus ; en sélectionner des extraits par exemple.
Diamond s'inspire de faits historiques pour nous raconter une histoire et surtout, compare avec le présent, essaie de retenir ce qui semble essentiel et applicable aux dérives des sociétés d'aujourd'hui, sans jamais être véritablement moralisateur. En plus, il arrive à nous expliquer très simplement quelques procédés des chercheurs, des archéologues, des gens du terrain.
Même si cette lecture est très dense, j'ai vraiment pris énormément de plaisir, et je me suis dit tout le long que j'aurais du plus m'intéresser aux cours d'histoire et de géographie.
Car vu sous cet angle, ces matières sont bien plus que des dates et des lieux rébarbatifs à connaitre, mais bien la clé pour comprendre l'organisation mondiale actuelle et les enjeux politiques d'aujourd'hui. Encore faudrait-il arriver à mettre en avant cet aspect ; Jared Diamond, lui, le fait admirablement bien!

Elya - Savoie - 34 ans - 22 novembre 2010


L'avenir nous appartiendra-t-il ? 8 étoiles

On connait tous l'histoire tragique de l'Ile de Pâques : un peuple assez irresponsable pour déforester une terre riche en arbres alors que ces arbres même sont leur principale ressource. Une déforestation qui, en plus d'entrainer l'extinction de toute une faune et flore signifia aussi plus de bois pour se chauffer, fabriquer des barques de pêche si indispensables dans un tel territoire et, surtout, une érosion des sols qui les rendit impraticables pour l'agriculture. Un peuple, prisonnier d'une petite ile perdue dans le Pacifique, sous pression, sombra alors dans le chaos et courut à sa propre chute.
Les Moais qui, seuls maintenant, trônent en maitre sur l'Ile de Pâques sont un triste avertissement concernant ce qui se passe lorsque l'on ne respecte pas son propre environnement.

Exemple extrême et isolé ? Loin de là. Un suicide écologique parmi d'autres, comme le montre ici Jared Diamond en nous exposant le sort des Mayas, des Anasazis ou encore des Vikings du Groenland, entre autres, promenade express à travers les siècles et les continents qui sont autant de leçons à retenir.

Déforestations, mauvaise gestion de l'eau, introduction d'espèces étrangères, surchasse, surpêche, surpopulation : autant de facteurs qui mènent à la destruction des ressources naturelles les plus indispensables comme les tristes exemples, plus contemporains, du Rwanda, de la Chine, d'Haïti ou encore de l'Australie le prouvent.

Malgré tout, "Effondrement" reste un livre optimiste, Jared Diamond étant loin d'être un de ces écolos hystériques, barbus en K-way, qui prêchent la venue imminente de l'Apocalypse si l'on ne renverse pas la vapeur.

Si certains environnements sont, bien sûr, plus difficiles que d'autres, les hommes ont toujours eu des choix à faire. Prendre les mauvaises décisions a des conséquences, c'est cela qu'il dénonce.
Si les Esquimaux ont su s'adapter au Groenland et pas les Vikings, si certaines sociétés ont survécu malgré leur environnement et/ou leur densité de population élevée ( Islande, Japon, Nouvelle Guinée ) c'est qu'il y a une raison. La aussi, il y a des leçons à retenir.

Bien sûr il dénonce certaines pratiques suicidaires de certaines entreprises dans certains secteurs ( les compagnies minières, de pêche et pétrolières ) mais il marque aussi un point : aujourd'hui la mondialisation est une force qui nous différencie d'autres sociétés, isolées, qui se sont effondrées par le passé.
Elle entraine certes une interdépendance entre les pays qui la forment, interdépendance qui s'est déjà révélé tragique pour certains ( les iles de Pitcairn -avant l'arrivée des mutins du Bounty- et d'Henderson se sont effondrées parce que Mangareva, source d'immigration et leur principal partenaire commercial en aliments et technologie s'est effondré ) mais elle a aussi un effet bénéfique : des décisions désastreuses prises dans des pays servent de leçons pour les autres, et des catastrophes peuvent ainsi ne pas se reproduire. C'est par exemple grâce à des accidents comme Exxon Valdez, Piper Alpha et Bophal que certaines compagnies pétrolières sont maintenant, aussi surprenant soit-il, à la pointe de la défense de l'environnement ( Chevron en Papouasie Nouvelle Guinée ).

Un livre éclairant, trop long par moments, un peu foutoir dans le sens où l'on saute d'un siècle à l'autre, d'une civilisation à l'autre et d'un continent à l'autre en mélangeant un peu tout, mais duquel le principal argument sort malgré tout clair et puissant, appuyé par de multiples exemples : quel que soit l'environnement, son respect seul -et donc une gestion intelligente des ressources à disposition- assure la survie des sociétés.

Hautement conseillé, même si ce n'est pas mon préféré de la trilogie Diamond.

Oburoni - Waltham Cross - 41 ans - 31 mai 2010


Pour devenir écolo ou ... pessimiste ! 10 étoiles

Nous avons ici à faire à un essai passionnant écrit par un physiologue/biologiste américain qui a pas mal bourlingué notamment en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Je suis tombé sur ce livre par hasard au détour d'un article puis je me suis rendu compte à 2 reprises qu'il avait apparemment quelque succès. Tant mieux !
Il y avait en fait un léger hiatus au départ. J'ai acheté ce livre car j'ai toujours été assez fasciné par les cycles de civilisation (apogée/effondrement). Je suis d'ailleurs tout à fait convaincu que notre civilisation mondiale a déjà atteint (ou dépassé ?) son apogée et que la chute est proche. Je ne saurai pas dire quel phénomène va entraîner la fin (écologie ? guerre ? virus ? tout à la fois) mais je suis assez enclin à croire que le monde tel qu'on le connaît (The end of the world as we know it, REM ...) aura disparu dans peu de temps (disons de quelques années à quelques décennies au maximum). Je ne suis même pas écologiste car je pense qu'il est de toute façon trop tard, la machine est folle et personne, pas même le plus puissant, ne peut l'arrêter (à ce propos, relire Ravage de Barjavel). Bref, j'arrête mes prophéties apocalyptiques ici.
Hiatus donc car le livre traite de l'effondrement sous l'angle écologique, ou tout du moins celui des ressources (et de son épuisement ...). Or, comme dit plus haut, l'écologie ne me passionne pas plus que ça. Ceci dit, la largeur de champ du livre est suffisante pour ne pas tout axer sur le sujet et surtout l'auteur a une vue très éloignée de l'écolo-hystérie que l'on rencontre souvent ces derniers temps (cf journal de F2 récemment avec la "rentrée verte" avec des stylos biodégradables ... que l'on va acheter en 4x4 ...).
On entre alors dans la description d'effondrements de sociétés anciennes (la fascinante Ile de Pâques, les ilots de Pitcairn - qui abrité les révoltés du Bounty dont j'ai appris ce matin même au p'tit déj que c'étaient un peu des violeurs/pédophiles - & Henderson, les Anasazis dont on peut voir des ruines dans le Sud-Ouest américain, les Mayas ou encore le peuplement Viking au Groenland). ces récits sont passionnants à plus d'un titre : comprendre comment les archéologues ressuscitent le passé (en étudiant les poubelles alimentaires notamment !), revivre les moeurs de ces époques, découvrir les trésors d'intelligence déployés pour résister à des environnements hostiles (froid, sécheresse, chaleur, ...) mais aussi quels mécanismes ont fait qu'ils ont été à leur perte (qu'a pensé l'habitant de l'Ile de Pâques qui a coupé le dernier arbre ?) ... on reboucle ici sur des questions passionnantes de psychologie des masses & de sociologie qui peuvent aider à comprendre des mécanismes de décision qui entraînent la perte de tous. J'ai pu expérimenter ces processus en live sur la plage en lisant ce livre auprès de ma chère mère ("Polluer moins ? Oui bon pourquoi pas mais enfin à quoi ça sert avec tout ce que les chinois polluent ou vont polluer ?"). Ma mère aurait pu vivre sur l'Ile de Pâques ...
Mais l'auteur ne donne pas que des exemples d'effondrements, il cite aussi des exemples de résilience (Islande, Japon, ...) et souligne à de nombreuses reprises qu'il ne faut pas céder à un "éco-déterminisme" (le titre complet est d'ailleurs Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie). L'exemple le plus frappant est celui d'Haïti / République Dominicaine. Il fait aussi le point sur la situation de pays modernes (le Montana, la Chine, l'Australie, ...) qui malheureusement font assez froid dans le dos (notamment le cas de l'Australie, ce qui me désole, connaissant la beauté magique de ce pays).
A la lecture de tout cela, je me rend compte que j'ai appris énormément de choses notamment concernant la (dé)forestation ou encore la fertilité des sols (rôle des poussières ou retombées volcaniques ou encore salinisation par osmose). Tout ceci me renforce dans ma conviction d'un fin proche de la civilisation, notamment à la lecture du chapitre sur l'Australie (que l'auteur place d'ailleurs à l'avant-garde des périls ...). A la différence de l'auteur qui lui plaide pour une prise de conscience et un sauvetage planétaire (ce qui différencie l'optimiste et le réaliste-à-tendance-pessimiste que je suis ...). Je pense malheureusement qu'il est dans la nature de l'homme de courir à sa propre perte (je dis bien dans la nature même de l'homme et non dans le système capitaliste ou encore libéral ...), Sigmund ou encore Keynes avaient bien raison là-dessus ... En parlant de Sigmund, il est temps que je lise Malaise dans la culture à ce sujet. Cette propension de l'homme a détruire et s'auto-détruire a quelque chose de troublant et mystique à la fois. Une composante qui ajoute à la tragédie de la condition humaine, qui reste bien entière malgré la mine d'information qu'est ce livre !
J'ai failli oublier de parler du chapitre sur le Rwanda. Edifiant ! On connaissait la cause maîtresse : la haine Hutus/Tutsis, on savait aussi que la France avait apporté un soutien actif puis passif vis-à-vis des Hutus et que les anglo-saxons tiraient les ficelles pour les Tutsis et là, nouvelle clef : l'explosion malthusienne. Natalité trop forte, surpopulation, terres agricoles surexploitées donc moins productives, terrain saturé (la surface de mon jardin devait nourrir 3 Rwandais en une année !). La solution ? Un génocide, mon bon monsieur ! ya que ça de vrai pour redistribuer les terres ! D'ailleurs, j'ai appris que des Hutus avaient (aussi) massacrés des Hutus ...
A lire de tout urgence ... pour devenir écolo ou pessimiste (un optimiste est un pessimiste qui n'a pas toutes les infos ...).

NQuint - Charbonnieres les Bains - 52 ans - 8 septembre 2009