Le Jour à Wentworth (BD)
de Olivier Morissette (Dessin), Jean-Marc St-Denis (Dessin), Howard Phillips Lovecraft (Textes)

critiqué par Dirlandaise, le 14 août 2009
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Le cri des engoulevents
Cette bande dessinée, à la présentation tout à fait originale, est une adaptation de la nouvelle de H.P. Lovecraft intitulée « Le jour à Wentworth » et parue dans le recueil « The Survivor and other ». Elle me tient particulièrement à cœur car elle a été crée par deux dessinateurs québécois au talent immense.

Pour résumer un peu l’histoire, un voyageur de commerce doit faire une livraison assez spéciale non loin de la ville de Dunwich, au Massachusetts. C’est l’été de 1927 et la nuit approche. Une pluie diluvienne tombe sans arrêt. La région est à peu près abandonnée. Elle a été déjà occupée par des Canadiens français, des Italiens et des Polonais mais la contrée est retournée tout doucement à l’état sauvage. Je reproduis ici presque intégralement les premières lignes du livre. Soudain, la route est coupée par une barrière et un panneau indique une déviation qui force notre voyageur à emprunter un chemin de traverse. La voiture peine à avancer et les roues s’enfoncent dans une boue profonde. Le moteur se met à tousser et menace de lâcher. Notre homme se met donc en quête d’une habitation afin de pouvoir y passer la nuit en toute sécurité. Il repère une fenêtre éclairée et se dirige vers une vieille bâtisse décrépie, habitée par un vieil homme seul. Le vieillard ouvre la porte et déclare aussitôt au voyageur : « Aujourd’hui, c’est le jour à Wentworth. Je me disais comme ça que vous étiez Nahum, des fois. » Le reste de l’histoire, je vous le laisse découvrir.

Jean-Marc St-Denis a mis douze ans de travail sur cette œuvre et cela parait. Le travail est soigné, les dessins sont particulièrement réussis. Le trait est fin, précis, les dessins sont texturés d’une remarquable façon. C’est du noir et blanc mais qu’importe vu la grande qualité des dessins. La nouvelle de Lovecraft relève du fantastique et de l’épouvante. Le climat est lourd, angoissant et mystérieux. La fin est terrifiante mais ce que j’ai particulièrement aimé, ce sont les pages centrales du livre qui, sans texte, relatent comme un rêve fantastique et nous transportent dans un monde étrange, futuriste, dominé par des mantes religieuses géantes qui terrorisent une humanité suppliante. Enfin, je n’ai pas bien compris tout le sens de ces pages mais les dessins sont si beaux, si précis et travaillés que c’est un régal à contempler. Elles sont l’œuvre d’Olivier Morissette.

Comme je l’ai déjà mentionné, ce n’est pas une bande dessinée conventionnelle. C’est plutôt un livre illustré car il y a beaucoup de texte. Vraiment bien comme travail et québécois en plus, ce qui n’est pas rien !