La Belle dormit cent ans
de Gunnar Staalesen

critiqué par Tistou, le 15 août 2009
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Troisième épisode Varg Veum
« La Belle dormit cent ans » serait le troisième épisode des enquêtes de Varg Veum, privé norvégien de Bergen, un privé à la Burma, bohême, atypique et marqué par son passé.
Il doit y avoir une influence nordique spécifique. Gunnar Staalesen a à voir avec Henning Mankell, indéniablement, et le Jo Nesbo lu récemment (« L’étoile du diable »), norvégien lui aussi, m’avait furieusement évoqué Gunnar Staalesen. Filière scandinave donc.
Varg Veum a des méthodes peu orthodoxes – tendance Burma, déjà dit – et met tout en œuvre dans cet épisode pour retrouver Lisa, une jeune fille de seize ans, qui a disparu. Ca lui rappelle en effet son passé d’éducateur où il avait été amené « à sortir du cadre » pour punir un souteneur prostituant une jeune fille, déjà. D’ailleurs notre roman commence de la même manière ; Varg Veum se rend dans le quartier chaud de Copenhague où il a de bonnes raisons de penser qu’il va y retrouver Lisa. Et de fait … et dans quelles circonstances … le plus vieux « métier » du monde est un euphémisme qui traduit mal le sordide de la situation. Gunnar Staalesen s’en charge pour recadrer les choses. Beau début de roman :

« Quelqu’un gémissait bruyamment derrière la porte, que j’enfonçai d’un coup de pied. Elle était étendue sur le lit, et elle était nue. Un homme d’âge mûr était couché sur elle, la chemise et la veste ouvertes, et le pantalon baissé sur les genoux. Il faisait un effort qui semblait vain pour s’introduire en elle.
Ils sursautèrent tous les deux quand la porte claqua contre le mur. Il était violet, elle était livide. Il tenta de dire quelque chose, elle ne fit qu’ouvrir la bouche. Je refermai sèchement la porte derrière moi.
Quatre ans plus tôt, j’étais entré dans une chambre semblable, où j’avais trouvé un couple dans des circonstances à peu près identiques. A l’époque, c’est tout juste si le type avait survécu. Mais il s’agissait aussi d’une fille que je connaissais très bien. Aujourd’hui, il ne s’agissait que d’un visage sur une photo que j’avais en poche, et l’homme était une ombre échappée d’un quotidien ordinaire. »

La suite sera plus compliquée ; imbroglios familiaux, amicaux, interférences de deux familles qui auraient pu n’être que voisines … Il y aura le meurtre d’un adolescent. Des relations de voisinage dignes d’une tragédie grecque …
Et toujours Bergen, cette grosse ville côtière, pour cadre. Gunnar Staalesen est fidèle.
Détective privé nordique 6 étoiles

Livre qui se laisse lire agréablement avec pèle-mêle des adolescents qui se droguent faute de trouver un sens à leur vie, des entrepreneurs qui fraudent, des couples mal-assortis qui ne se quittent pas à cause des enfants et des convenances. Le café, la cigarette et l’alcool jouent aussi leur éternel rôle de décompression. Tous les clichés du genre sont là, ce qui en fait un honorable roman. On ressent quand même l’ambiance particulière des pays du Nord dans le paysage et les relations ouvertes entre les personnages.

L’intrigue ne se dénoue que dans les dernières pages et c’est une comptine sur la belle au bois dormant qui aiguille le détective sur la piste.

IF-1011-3799

Isad - - - ans - 29 octobre 2011