Nuit blanche en Balkhyrie
de Antoine Volodine

critiqué par Donatien, le 20 août 2009
(vilvorde - 81 ans)


La note:  étoiles
" ECOUTEZ, ai-je murmuré, seuls ceux que j'aime, écoutez"
Une fois de plus, Volodine nous emmène dans son monde d'après la défaite (la mort?), parmi les ruines et les cendres.
Ses personnages bougent encore, résistent, s'entraident malgré la faiblesse de leurs forces.
Le personnage principal est BREUGHEL, musicien, a subi une lobotomie et donc privé du sens de la durée, alors que la guerre éclate en Balkhyrie. Ces personnages sont détenus dans un camp dirigé par un médecin spécialiste du cerveau.
"On nous avait incarcérés parce que nous avions rêvé trop fort et à trop haute voix".
Ils ont choisi le camp de la défaite, de la nuit.
La Balkhyrie est tout ce qui s'étend au-delà des murs du camps. La Balkhyrie est un des trois mondes de l'univers de Volodine. Les deux autres sont le monde crânien et le monde concentrationnaire.

Ce texte est par sa forme, un ROMANCE (voir sa théorie du monde littéraire post-exotique et ses différentes spécificités inspirées par le boudhisme tibétain et le chamanisme), donc une forme proche du roman.

Ses caractères sont : la parenté avec d'autres romances, la diffusion orale(récitations, chuchotements, murmures,etc), la présence du lecteur, qui est un véritable personnage du post-exotisme.

Il s'agit donc d'un monde en guerre où la résistance doit se réorganiser, rassembler des volontaires, parce que le monde va à sa perte...
L'humour n'est cependant pas absent afin de permettre des "respirations" dans cette littérature carcérale. Par exemple , page 50 "Détail incongru, cet homme avait une poignée de porte au milieu du front. Je l'actionnai à deux reprises, en vain. Rien ne s'ouvrait".

Humour noir, onirisme, politique-fiction, même un opéra nous est offert! Le lecteur lui-même est embrigadé dans la dernière équipée de résistants par la magie du style et de l'imaginaire "chamanique" de Volodine.

A ne pas rater par les amateurs de voyages "transmigrants" !

Je crois que l'idéal est de lire ces oeuvres sans guide, puis de les relire après avoir étudié le projet littéraire développé par l'auteur dans "Dix leçons sur le post-exotisme", ce qui permet deux voyages différents!

A+