Autopsie d'un sans-papiers (Un vrai temps de chiens) de Olivier Las Vergnas
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un réquisitoire implacable..
Le titre dès l’abord m’a questionnée, la première page de couverture est sans complaisance, pas souriante du tout, à quoi s’attendre ?
Sirwan et Samira sont sans-papiers, la situation qui leur est imposée leur vole leur liberté, et les place sous la coupe d‘Otto, personnage trouble et inquiétant.
Ce qui est dit de chacun d’eux retient l’attention et nous les rend proches et sensibles. Au cœur de l‘histoire, le sentiment très fort qui lie Sirwan et Samira, souvent exprimé d’une façon touchante par Sirwan, donne à nos deux héros l’énergie de se battre.
Dans ce présent aride d‘où la poésie n‘est pas absente, un accident les met en péril et l’étau se referme. L’obstination et le courage de Samira, l’intelligence de Sirwan, l’efficacité de Bono, étrange personnage si touchant qu’on veut bien y croire, et la solidarité des compagnons d’infortune de Sirwan laissent un peu espérer …un possible avenir.
Le livre oscille ainsi entre un réalisme noir et presque documentaire, une histoire sentimentale et des anticipations policières terrifiantes, telles les utilisations de ces chiens-robots et de ces puces électroniques.
Il se lit aisément, le récit s’inscrit dans une chronologie précise et un huis-clos dramatique, le montage de l‘histoire est subtil et ce n‘est qu‘à la toute fin que l’on comprend les mobiles du mystérieux Otto.
Otto dit : « Facile de dire qu’il y a des règles et que le rôle des forces de l’ordre est de les faire respecter. On peut arriver à y croire quand on regarde les choses sous un angle collectif, quantitatif. Difficile quand il s’agit d’un individu, une personne identifiée… »
C’est aussi ce que fait l’auteur quand il nous donne à suivre la vie difficile de Samira et Sirwan, à faire face à cette réalité brutale que nous préférons généralement ignorer.
Les éditions
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Autopsie d'un sans-papiers [Texte imprimé] Olivier Las Vergnas
de Las Vergnas, Olivier
Éd. le Passager clandestin
ISBN : 9782916952147 ; 15,00 € ; 25/03/2009 ; 208 p. ; Broché -
Un vrai temps de chiens [Texte imprimé] Olivier Las Vergnas
de Las Vergnas, Olivier
Pocket / Presses pocket. Science fiction
ISBN : 9782266213158 ; 0,60 € ; 12/04/2012 ; 245 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (4)
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Un vrai temps de chiens...
Critique de Proc (, Inscrite le 17 septembre 2012, 57 ans) - 17 septembre 2012
Comme un film d'Hitchcock ça commence à peu près "normalement" et plus on avance dans l'histoire et plus on part dans un imaginaire très spécial, qui flirte avec la réalité très concrète.
Il y a beaucoup d'émotions, les personnages sont touchants sur un fond d'actualité, la condition des sans -papiers, un monde que je ne soupçonnais pas.
Je serai plus sensible au sujet dorénavant.
Première histoire que je lis où le monde des nouvelles technologies est si présent...
Surprenant, je n'ai jamais lu un truc pareil...
Et "Romanesque" premier roman de l'auteur n'est pas en reste !!
Bonne lecture !!
Un roman d'anticipation sociale particulièrement réussi
Critique de Philippe HUGO (, Inscrit le 11 septembre 2012, 59 ans) - 11 septembre 2012
Pas de liberté de circulation pour certains
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 26 août 2012
Ce livre, sous couvert de l’histoire de 2 sans-papiers d’origine et de parcours différents, condense beaucoup de réflexions pour ou contre l’accueil d’étrangers poussés à fuir leur pays par les conditions économiques ou politiques.
Des éléments bien contemporains y figurent, tels la RGPP et la politique des quotas, l’obsession sécuritaire et le malaise induit par les reconduites à la frontière, parfois contre rétribution avec le trafic qui s’organise devant cet argent facile à gagner pour des passeurs. Les aspects futuristes concernent les chiens-robots ou l’implantation de puces pour localiser les clandestins récupérés.
IF-0812-3939
Poussières d’étoiles sur un ciel d’encre
Critique de Jean-noel (, Inscrit le 30 août 2009, 71 ans) - 30 août 2009
Autopsie d’un sans-papiers est, pour moi, une suite de Romanesque 2.0. On y retrouve l’ambiance tendue d’une action qui se déploie en un temps très court, les effets de suspense, les thématiques abordées dans le texte précédent : problèmes sociaux, génie informatique, amours qui se heurtent à l’âpreté d’un monde sans merci.
Mais Las Vergnas va ici plus loin. Il me semble pousser les paramètres thématiques et stylistiques jusqu’à placer le lecteur face à une œuvre marquée d’incandescence et d’étrangeté.
D’incandescence car son héros est dans une situation en tout point désespérante, exception faite des sentiments qui l’unissent aux deux seuls personnages à la fois vivants et positifs du roman, et dont l’un n’est même pas humain, puisqu’il s’agit d’un chimpanzé. En choisissant, par ailleurs, d’écrire à la première personne, l’auteur centre tout le roman sur le personnage principal et interdit au lecteur tout relâchement de tension.
Autopsie d’un sans-papiers est marqué d’étrangeté, en ce que l’auteur joue de contrastes multiples qui ébranlent le lecteur. Contraste entre réel et virtuel : le personnage principal est un as de l’informatique, au point de laisser le lecteur profane pantois devant tant de virtuosité ; mais il est aussi pétri de souffrances après un passé de malheur, plongé dans un présent qui l’écrase et face à un avenir obscur. Et les sentiments qu’il éprouve pour l’héroïne semblent souvent autant un fardeau qu’un soutien.Contraste entre vie et mort. Le héros vit en effet entouré de personnages dont la qualité d’êtres vivants est toujours incertaine, tout comme leur rapport au bien et au mal.
Contraste entre surface, où se déroule la vie de la cité, et sous-sol, où survit le héros, par peur, certes objectivement fondée, mais aussi sans amplifiée par les fantômes qui hantent ce personnage.
Contraste enfin entre une intrigue qui prend, à partir de l’acte 2, l’aspect d’un roman de science-fiction, et qui ne cesse pourtant jamais de faire référence à notre banlieue parisienne d’aujourd’hui, sous certains de ses aspects les plus conformes aux échos d’une actualité bruyante.
Et l’auteur de mêler indissociablement ces éléments contrastés, de sorte, finalement, qu’il m’est arrivé de m’interroger en cours de lecture sur la nature de ce que je lisais. Certes, vouloir à tout prix faire entrer un roman dans une catégorie est discutable et préjudiciable à la perception de son originalité. Et original, Autopsie d’un sans-papier l’est pour moi jusqu’à l’étrange.
J’évoquais plus haut les points qui rapprochent ce roman du précédent roman d’Olivier Las Vergnas. Il en est encore un qui m’a permis de me retrouver en terrain familier : le pessimisme de l’auteur, qui a écrit avec Autopsie un texte encore plus noir que Romanesque. Un texte dans lequel les sentiments humains ont la tonalité du désespoir ou du souvenir. Un texte dans lequel, dans un monde où la compassion n’a guère de place, le héros, l’héroïne et leur fidèle compagne anthropoïde ne semblent que poussières d’étoiles sur un ciel d‘encre.
Lin (alias Jean Noel)
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