Les origines de la série télévisée True Blood.

La communauté du sud, tome 1, fait partie d'une catégorie de roman répandue, le roman de gare, ainsi que d'une sous catégorie également vaste, le roman en série. Si il en garde les principales qualités (facilité d'accès, fluidité de lecture, assurance d'en connaître les ficelles et les recettes) il peine, hélas, à s'échapper des défauts inhérents à ces deux genres.

Charlaine Harris, on peut le dire, manque cruellement de style, n'hésitant pas à se livrer au petit jeu des formules usagées qui font mouche et disposant d'une fâcheuse tendance à la répétition involontaire de tournures. Au delà de cette absence de style relativement caractéristique du genre, on peut également lui reprocher, et c'est moins pardonnable, de nous proposer un imaginaire relativement étriqué quant au développement de son intrigue. Non seulement ça rebondit mal, mais en plus nous faisons assez vite le tour des personnages qui nous sont présentés et ne peinons pas à appréhender l'ensemble de leurs réactions au bout d'une demi douzaine de chapitres. Loin d'être un puzzle son histoire emboîte ses évènements les uns après les autres, assez grossièrement, et sans véritable réflexion ni astuce en terme de raccords scénaristiques.

Alors pourquoi lire la communauté du sud ? Pourquoi se pencher plus avant sur ce qui ne semble être qu'une simple série de gare sans grande ingéniosité ? Pour ma part c'est bien sûr un réel intérêt pour la série True Blood qui m'a conduit dans ma librairie. J'attendais de La communauté du sud, de pouvoir y découvrir un délicieux parallèle avec les situations observées dans True Blood, et d'apprécier ainsi le travail de réécriture par Alan Ball. J'attendais aussi de voir certains personnages s'approfondir, se développer. Sur le premier point, aucune déception. La manière dont Alan Ball transforme le matériau littéraire de base pour lui donner plus de chair, plus d'impact, et finalement le sublimer, m'est apparue très nettement au détour de nombreuses scènes, notamment celles avec René. Ball sublime également l'oeuvre dans la réécriture des enchaînements narratifs, lui donnant ainsi une seconde vie, une fraicheur nouvelle et une réelle fluidité à l'écran. Sur le second point en revanche, mes attentes ne furent pas entièrement comblées. Si nous découvrons plus avant les personnages de Bill et de Sookie, les autres s'en trouvent plus effacés, ou moins incisif dans leurs caractères. Là aussi on appréciera le travail d'Alan Ball dans sa capacité à donner vie à ces nombreux personnages tout en en créant de nouveaux, également réussis, comme Tara et sa mère, ou encore Amy et Lafayette (présent dans le roman en tant que simples figurants).

Alors pourquoi continuer à lire la communauté du sud ? Tout d'abord pour les plaisirs simples du genre. Car si Charlaine Harris se montre bien incapable d'y imposer sa marque, comme JK Rowling avec Harry Potter par exemple, elle s'en approprie néanmoins parfaitement les codes. La lecture est légère, agréable, malléable. Il est facile d'y entrer ou d'en sortir, et cette simplicité s'avère tout simplement rafraichissante en cette fin d'été. La seconde raison s'adresse bien évidemment aux fans de la série d'Alan Bell. Lire Charlaine Harris c'est l'assurance de prendre un peu d'avance sur les saisons à venir et donc de découvrir un peu plus rapidement les évènements et rebondissements qui seront mis en scène par ce dernier. Ainsi il nous sera plus aisé d'apprécier son travail de réécriture, sans être pour autant à l'abri de nombreuses surprises.

• 

  Quand le danger rôde [Texte imprimé] Charlaine Harris traduit de l'américain par Cécile Legrand-Ferronnière

  de Harris, Charlaine Legrand-Ferronnière, Cécile (Traducteur)
  J'ai lu
  ISBN : 9782290018057 ; EUR 8,90 ; 17/08/2009 ; 314 p. ; Poche

  Go Amazon