L'histoire d'une mère
de Peter Madsen

critiqué par Dirlandaise, le 1 septembre 2009
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
D'une infinie tristesse...
Cette bande dessinée est une adaptation d’un conte de H.C. Andersen, écrit en 1847. Une mère veille sur son enfant malade. Elle est angoissée et très inquiète car l’enfant semble mal en point. La petite maison est isolée de tout et dehors, une violente tempête de neige fait rage. Soudain, on frappe à la porte. La mère, généreuse, s’empresse d’ouvrir au visiteur inconnu et lui offre une boisson chaude afin de le réconforter. En lui donnant son breuvage, elle constate avec consternation et désespoir la véritable identité de l’étranger qui profite de son hospitalité.

Une histoire d’une infinie tristesse qui m’a fortement impressionnée. Il s’agit d’une mère qui refuse d’accepter la disparition de son enfant et qui poursuit la mort jusqu’au bout du monde afin qu’elle le lui rende son bien le plus précieux au monde. Ce refus de la fatalité est admirablement bien dépeint. Cette femme est acharnée, elle ne recule devant rien pour récupérer son enfant disparu. Elle est prête à donner tout ce qu’elle possède afin de parvenir à ses fins. Et elle le fait sans hésiter car sur sa route, elle rencontre différents personnages qui lui offrent de l’aide mais toujours en échange de quelque chose qu’elle possède. Le courage de cette femme est admirable et son acharnement sans failles. La fin est étonnante et très belle.

J’ai trouvé le dessin bien quoique le style ne me plaise pas tellement. Les couleurs sont belles, veloutées, sombres dans l’ensemble. Le bleu, le gris et le brun dominent. Le trait est flou, pas très précis mais l’ensemble est assez réussi et agréable à l’œil. Le conte d’Andersen pourrait s’analyser du point de vue psychanalytique. J’y ai vu une manifestation de l’imaginaire humain, une représentation du refus du réel, un fantasme sur l’espoir de renverser un événement inéluctable, un combat bien inutile contre la fatalité de l’existence humaine. Le jardin des plantes représente bien la diversité de l’espèce humaine et la croyance en un créateur unique qui possède le pouvoir de vie et de mort sur ses créatures. C’est un conte très profond, très lourd de sens et d’un admirable symbolisme. La justesse et la lucidité de cette fresque de la condition humaine et surtout de tout ce qu’être mère implique comme émotions et désespoir devant la perte de son enfant m’a tout simplement bouleversée. J’ai enlevé la moitié d’une étoile car certains dessins m’ont franchement déplus mais il reste que c’est un album remarquable.

« La mort est entrée chez toi. Je l’ai vue disparaître avec ton petit enfant, elle va plus vite que le vent… et ce qu’elle prend, elle ne le rend jamais ! »