Le bonheur est entre vos mains : Petit guide du bouddhisme à l'usage de tous
de Dzigar Kongtrül

critiqué par Dirlandaise, le 3 septembre 2009
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
La dictature de l'ego
Ah l’ego ! Presque la majorité des gens sont esclaves de ce dictateur impitoyable. Dans ce livre, Dzigar Kongtrül Rinpoché, jeune maître éminemment respecté du bouddhisme contemporain, nous livre l’enseignement dispensé à ses étudiants qui s’efforcent d’intégrer une authentique pratique spirituelle dans leur vie. Le maître Rinpoché ne considère pas ces enseignements comme traditionnels mais plutôt le fruit de sa propre contemplation et de ses expériences méditatives de la vue pénétrante.

Le livre est divisé en trois parties. Dans la première intitulée « La pratique de l’observation de l’esprit », Dzigar Rinpoché nous apprend à se détacher de nos émotions, à se libérer de l’ego qui nous empêche d’accéder à l’espace que constitue notre intérieur. Il faut considérer sa vie comme un film afin que nos réactions et nos comportements ne nous effraient plus et ainsi, pouvoir s’observer calmement, en toute sérénité. En fait, tout au long du livre, l’auteur insiste sur l’importance de réduire l’amour-propre. En y parvenant, on laisse le monde extérieur nous pénétrer, ce que la défense de notre ego nous empêche de faire. L’ego nous fait énormément souffrir. Nous prenons toutes les contrariétés et toutes les attaques comme personnelles et, voulant protéger cet immense ego, nous sommes constamment en situation de défense. Atteindre l’éveil signifie parvenir à prendre conscience de la futilité de vouloir à tout prix soigner notre ego et parvenir à se consacrer entièrement au bien d’autrui. Renoncer à l’amour-propre garantit le bonheur intérieur alors que s’attacher à notre moi ne peut amener que souffrances et déceptions.

La deuxième partie intitulée « L’intrépidité de l’observation de l’esprit » nous enseigne à ne pas tenter de trouver un refuge dans le monde extérieur mais plutôt à l’intérieur de nous-mêmes. Il y est aussi traité des habitudes, des peurs, des pensées et des croyances. J’ai beaucoup aimé le chapitre sur la dépression et sur la façon d’affronter nos petits et grands désirs. Méditer sur l’inexistence du soi, être présent, ne pas résister au changement, voir le monde comme notre maître, l’universalité de la souffrance, développer notre sens de l’humour, voilà une partie des thèmes abordés dans cette partie.

Enfin, la troisième partie intitulée « Trouver sa place dans le monde » nous conseille sur la façon de trouver notre véritable identité, notre but dans la vie, vieillir avec aisance, pratiquer le « lâcher-prise » et la pleine conscience de soi.

Dzigar Kongtrül Rinpoché nous donne à la fin quelques titres de livres sur le même sujet que j’ai notés soigneusement.

Pour bien mettre en pratique les enseignements de Dzigar Rinpoché, il faut bien les comprendre. Le bouddhisme est souvent mal compris et mal perçu par une majorité de gens mais quand on arrive à bien saisir son essence, il est une source inépuisable de joie et de sérénité. Le livre est écrit sur un ton intimiste et tout est expliqué avec une belle simplicité et une volonté d’aider l’être humain à atteindre le bonheur. Louable entreprise !

« Il est essentiel d’accepter le caractère illusoire des apparences, à savoir les pensées, les émotions et les objets extérieurs. Tant que l’on ne prend pas conscience de la nature insubstantielle de ce qui nous entoure et de nos expériences intérieures, on investit ce qui est fluide, changeant et insaisissable d’une existence solide dont les choses sont dépourvues et le monde nous semble séduisant ou menaçant. Dans ces conditions, il est impossible de trouver la paix de l’esprit. »

« La maladie, la vieillesse et la mort viendront inexorablement dans nos vies. Mais que peuvent-elles détruire ? Elles peuvent mettre un terme à notre bien-être physique, mais elles ne peuvent anéantir quelque chose qui serait un vrai « moi ». Ce « moi » est l’expérience même de l’espace en soi. Il est ouvert, illimité et libre de peurs. Les effroyables souffrances du monde des hommes, les douleurs de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort, ne peuvent nous détruire. Être à l’aise avec la vacuité libère de la peur. »