Autoportrait de l'auteur en coureur de fond de Haruki Murakami

Autoportrait de l'auteur en coureur de fond de Haruki Murakami
(Hashiru koto ni tsuite kataru toki ni boku no kataru koto (走ることについて語るときに僕の語ること))

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par NQuint, le 8 septembre 2009 (Charbonnieres les Bains, Inscrit le 8 septembre 2009, 52 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 327ème position).
Visites : 9 343 

A réserver aux coureurs de fond

J'avoue une ignorance crasse quant à la littérature japonaise en général et cet auteur en particulier. J'ai principalement été attiré par ce livre via son titre, étant moi-même coureur d'endurance (enfin ayant été tout du moins ...) : semis, marathon, trails, ...
L'auteur dessine ici une autobiographie très partielle de son existence : ses premières armes professionnelles en tant que tenancier d'un club de jazz, puis sa découverte de lui-même en tant qu'écrivain.
Surtout, il parle principalement de son existence duale entre l'écriture et la course d'endurance. Il sait de quoi il parle puisque, s'il est un écrivain prolifique, il a aussi couru 34 marathons, un 100 kms et quelques triathlons !
Le roman est construit autour d'une course (marathon de NYC) et sa préparation avec de nombreuses digressions et flash-backs.
Murakami décrit très bien les sensations du coureur de fond, la solitude pendant la course, les interrogations sans fin de la préparation, l'excitation et la peur d'avant-course, le questionnement sur ce qui pousse à imposer cela à son corps, la tentation du renoncement, la dépression post-effort, la déchéance du corps face au vieillissement et son acceptation. Autant de sensations qui parleront aux coureurs mais risquent de laisser les autres au bord de la route ...

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"Pain is inevitable.Suffering is optional ! "

8 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 2 août 2012

Ecrivain japonais né en 1949, Haruki Murakami est l'auteur de nombreux romans, nouvelles et essais. Souvent primées, ses oeuvres ont conquis un large public international.

Cet ouvrage est davantage un mémoire qu'un roman.
L'auteur nous livre son expérience de coureur à pied et opère des rapprochement avec l'activité d'écrivain.
Du footing à l'ultra marathon (100 km); l'auteur est devenu un "runner-addict ".
Une addiction des plus bénéfique, à la portée philosophique. La souffrance pour "nous procurer le sentiment d'être véritablement en vie".
"Si la souffrance n'entrait pas en jeu; qui diable s'embêterait à participer à des disciplines telles que le triathlon ou le marathon ?".
Lors de son 1er "100 km" - parvenu au km 75 - , il nous livre le propos suivant : "J'étais passé de l'autre côté. J'avais pénétré sur le territoire de la métaphysique."
Une discipline où le seul adversaire à vaincre est soi-même. Le soi qui traîne tout son passé.
Athènes-Marathon, New-York, l'ultra-marathon d'Hokkaïdo et le triathlon de Murakami... l'auteur a épinglé ces courses mythiques à son palmarès.
Mais comme l'avoue H.Murakami: "Il y a des choses que seuls les coureurs partagent et comprennent".

J'avoue avoir été séduit par cet ouvrage qui m'a touché au plus profond car... pratiquant moi-même depuis 20 ans.
La course à pied (au delà du semi-marathon) produit davantage que de la douleur physique.... on entre dans une autre dimension.
Que dire du Marathon ? Distance reine qui effraie par son seul nom.
Un ouvrage qui rend parfaitement l'intimité du coureur de fond.
Grandiose !

Autoportrait pour coureurs de fond

6 étoiles

Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 10 mai 2011

Carnet de bord des entraînements quotidiens que l’auteur s’impose en vue du marathon annuel qu’il court, essai sur la course de fond et ses similitudes avec l’écriture… le livre est tout cela à la fois. Haruki Murakami y parle à la première personne, pour nous raconter une vie ascétique et la discipline de fer indispensable à la pratique de ce sport exigeant. Un sport tyrannique aux yeux de la non sportive que je suis.

De Boston à Athènes en passant par Hawaï, le lecteur suit Murakami dans ses foulées et les méditations que ces heures de solitude permettent. Mais il ne retrouve pas ici la magie et la poésie qui sont d’ordinaire l’univers de cet auteur. Sans m’être ennuyée, je n’ai pas été emportée et suis restée étrangère aux considérations très personnelles exprimées ici. Le nombre de kilomètres parcourus, les crampes, la souffrance, s’égrènent en une répétition qui finit par devenir lassante, sauf dans quelques belles séquences comme celle du marathon de l’extrême. Mais encore une fois, le sport n’est pas ma tasse de thé. Sans doute les sportifs sont-ils plus à même d’être sensibles à ces mots.

Cette autobiographie donne en fait un éclairage très éloigné de l’image que l’on pouvait se faire de cet homme en lisant ses romans, et je préfère pour ma part conserver cette image et retenir d’autres livres que celui-ci.

Un livre fait pour moi

7 étoiles

Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 19 décembre 2010

Le thème et la construction de ce livre restreignent considérablement le nombre de lecteurs susceptibles de l'apprécier. Comme les précédentes critiques l'ont signalé, Murakami s'adresse à un public amateur de course à pied averti. Mais il existe je pense de nombreux ouvrages tentant de dresser un portrait des ressentis du coureur de fond plutôt que de l'homme lui-même. La particularité de celui-ci est qu'il est écrit par Haruki Murakami, écrivain de renommée internationale, de nombreuses fois pressenti au Prix Nobel de la littérature. Et c'est tout autant sa vie de coureur que sa vie d'écrivain qui nous est livrée ici, voire même celle du mari, de l'étudiant, du patron de bar, du solitaire.
Si vous rassemblez, comme moi, ces conditions : amateur de course à pied et des livres de Murakami, alors cette lecture devrait être au moins agréable.

La qualité majeure de ce récit réside dans le fait qu'en nous livrant quelques éléments de sa vie, Murakami nous permet de nous introspecter et de nous faire réfléchir sur ce qu'est finalement pour nous l'art de courir.
S'il a découvert le bonheur de jogging la trentaine dépassée, le voilà qui met le doigt sur ce qui s'est aussi passé un peu pour moi, certes plus tôt. Ayant pratiqué pendant 10 ans l'athlétisme en compétition, spécialisée dans l'heptathlon, le footing pour moi a toujours été, selon les copains d'entrainement présent ce jour-là, la corvée ou le moment de sa raconter les dernières nouvelles. Des séances d'aérobie, je ne me rappelle que les termes techniques, et les terribles nausées qui m'assaillaient. Les seuls bons souvenirs que j'ai, ce sont les victoires et les podiums par équipe en cross, après des courses affreuses sous la pluie, dans la boue, nous permettant de voyager gratuitement aux quatre coins de la France. Les coureurs spécialisés en demi-fond, les "hors stades" comme on les appelle, étaient pour moi des êtres à part, mais qui m'avaient l'air d'être tout de même une communauté très sympathique et fêtarde. La moyenne d'âge devait tourner autour de 45/50 ans.
L'heptathlon exige un entrainement technique très poussé et régulier, aussi cette passion n'a pas survécu avec les études. Le choix a été vite fait : plutôt que de perdre 1 heure de trajet à aller au stade pour une séance de 2 heures, mieux valait chausser mes baskets et partir courir sur le campus une trentaine de minute pour me vider la tête. Le week-end, ce serait nage ou vélo.
Et voilà comment je suis passée du dégoût au plaisir concernant la course à pied. Voilà comment on tombe dedans, en général "tardivement", lorsque le critère temps passe avant tous les autres. Contrairement à de nombreux sports, comme le souligne Murakami, ce n'est pas à 20 ans que nous sommes au meilleur de nos performances dans les longues distances en amateur, mais plutôt autour de la quarantaine. Et puis, "Durant les courses de fond, le seul adversaire que l'on doit vaincre, c'est soi, le soi qui traîne tout son passé."

Murakami nous dit aussi : "Le désir d'être seul ne m'a pas quitté. Ce qui explique pourquoi l'heure durant laquelle je cours me permet de conserver mon temps de silence, le temps qui m'appartient, à mon sens indispensable pour me maintenir en bonne santé mentale."
Car c'est aussi ça, courir. Se retrouver seul avec son esprit. Avoir tout le loisir de laisser son esprit divaguer. Revenir sur les évènements des derniers jours, les relativiser. Se sentir bien, vidé, apaisé, fier, après avoir couru quelques kilomètres. Au fil des années, courir longtemps devient une nécessité.
Des pensées nombreuses nous assaillent lorsque l'on court. "Elle est agréable, mais pas aussi délicieuse que la bière de mon imagination, quand je courais. Rien dans le monde réel n'est aussi beau que les illusions d'un homme sur le point de perdre conscience." Ceux qui se sont déjà mis au défi de parcourir une longue distance en un temps plus ou moins décidé se diront 'c'est tellement vrai'.

Comme la plupart des fous d'endurance, Murakami n'échappe pas à la tentation de vouloir parcourir toujours plus de kilomètres. Du semi à l'ultra-marathon (100km), le voilà maintenant se posant la question de participer à un iron-man, cette épreuve de titan, d'inconscient (3,8 km de natation, 180 km de cyclisme puis un marathon). Et c'est le propre du coureur, d'en vouloir toujours plus, plus en terme de distance que de chrono ou de classement, quitte parfois, il me semble important de le préciser, à y laisser sa santé.

Murakami souligne aussi à ce sujet la chance qu'il a eu de ne jamais se blesser, malgré ses entraînements qui ne sont pas toujours adaptés à la distance qu'il va parcourir. En cela, il est une exception. Rare sont les coureurs ne souffrant pas un jour ou l'autre d'un syndrome rotulien, de périostites, du syndrome de la bandelette ilio-tibiale... des termes qui parleront certainement aux coureurs.

Ce livre n'a rien d'exceptionnel, si ce n'est qu'il nous dévoile un homme resté passablement humble et simple. Comme sa passion.

Du parallèle entre la course à pied et l’écriture …

6 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 1 août 2010

"J’ai commencé à rédiger cet ouvrage à partir de l’été 2005, fragment par fragment, et je l’ai achevé à l’automne 2006. En dehors de quelques passages dans lesquels j’ai repris des citations d’écrits précédents, la majeure partie de ce texte reflète mon état d’esprit du moment. Ecrire franchement sur le fait de courir, c’est, je crois, également écrire franchement (à un certain degré) sur moi-même en tant qu’homme. Voilà ce dont j’ai pris conscience en cours de route. C’est pourquoi il ne me semble pas faux de lire cet ouvrage comme une sorte de « mémoire », dont le pivot est l’acte même de courir. »

Haruki Murakami a changé de vie en même temps qu’il s’est mis à écrire, passant de gérant de club de jazz à écrivain - écrivain et coureur. Il s’est mis à la course à pied pour contrebalancer l’inactivité physique de l’écrivain et y a rapidement pris goût au point de courir maintenant depuis des années dix kilomètres par jour six jours par semaine. Cet entrainement intensif l’a amené tout naturellement à pratiquer le Marathon, au rythme d’un par an, puis le Triathlon, et c’est sur cette pratique du Marathon et de la course à pied que porte ce recueil.
Haruki Murakami fait d’ailleurs un parallèle entre l’activité d’écrire et celle de pratiquer le Marathon :

« Même s’il (l’athlète) ne parvient pas au temps qu’il espérait atteindre, tant qu’il éprouve la satisfaction d’avoir fait de son mieux – et, éventuellement, d’avoir découvert un aspect significatif de lui-même -, sa course est perçue comme un accomplissement, et il retrouvera ce sentiment positif lors de la compétition suivante. En d’autres termes, la fierté (ou ce qui ressemble à de la fierté) qu’éprouve le coureur de fond à être allé au bout de sa course reste pour lui le critère fondamental.
On peut dire la même chose à propos de ma profession. Dans le travail du romancier, pour autant que je le sache, la victoire ou la défaite n’ont pas de sens …
L’essentiel est de savoir si vos écrits ont atteint le niveau que vous vous êtes assigné. Une chose difficile à expliquer. Aux autres, vous pouvez toujours fournir une explication appropriée. A vous-même, impossible de mentir. En ce sens, écrire un roman ou courir un marathon, voilà deux activités qui se ressemblent. Chez les créateurs, il existe une motivation intérieure, une force calme qu’il n’est pas du tout nécessaire de confronter à des critères extérieurs. »
Probablement ces chapitres concentrés autour de la préparation du Marathon de New-York, et les digressions auxquelles il se livre sur l’essence même de la course à pied, du pourquoi, du comment, parlent davantage à un pratiquant de cette activité de course à pied. J’en ai peur.
Il y a un petit côté « technicien », recettes de la petite souffrance ordinaire de quiconque prépare une longue distance, propre à mon avis à rebuter ceux qui ne savent pas, qui ne connaissent pas. Il y a quand même d’intéressantes considérations sur la vision qu’a Murakami de l’acte d’écrire … et de courir.

Du même avis : réservé aux coureurs de fond.

6 étoiles

Critique de Fa (La Louvière, Inscrit le 9 décembre 2004, 49 ans) - 4 janvier 2010

L'intérêt, quand ce n'est pas l'obsession, des coureurs de fond pour leur sport suscite souvent des interrogations chez les profanes de cette discipline. Pourquoi courir, quel but recherche-t-on? Quel intérêt y a-t-il à s'imposer des semaines d'entrainement dans le froid, sous la pluie, par une chaleur étouffante? En définitive, pourquoi rechercher la souffrance?

Murakami répond à ces questions : en définitive, le coureur de fond est à la recherche de lui-même. Et pour garder suffisamment de motivation, il doit se fixer des objectifs, plus ou moins ambitieux. On découvre ici en quoi Murakami lie la pratique du sport d'endurance à son métier de romancier. Ces deux expériences s'enrichissant l'une par rapport à l'autre.

Course à pied et écriture sont les piliers qui sous-tendent la vie de l'auteur qui - il le reconnaît lui-même - peut profiter des avantages liés à sa profession et à la reconnaissance que celle-ci lui a donné pour s'adonner à ses passions. Je regrette cependant que d'autres aspects de sa vie courante ne soient pas abordés. Comme coureur, le manque de temps est en effet une des difficultés majeures que je rencontre...

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