Ernest le rebelle
de Jacques Perret

critiqué par CC.RIDER, le 13 septembre 2009
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Roman picaresque au charme un peu désuet
Pour joindre l’utile à l’agréable, Ernest Pic décide de combiner ses loisirs estivaux de violoniste avec les plaisirs laborieux d’une tournée à bord du paquebot « Flandre », sous l’égide du vieux M. Duplat et de son orchestre. Mais à l’escale de La Havane, il se laisse griser par les cigares et le rhum et entôler par une belle indigène fort peu farouche. Le bateau part sans lui et il se retrouve seul sur le quai sans un sou et sans papiers. Comble de malchance, son violon tombe à l’eau suite à un faux mouvement. Ernest est au comble du désespoir quand apparaît le gros Tom, un étrange américain rigolard, mi-espion, mi-aventurier qui le prend sous son aile, le renfloue avec de l’agent (volé) et l’embarque avec un faux passeport sur un cargo en partance pour Puerto Felipe, port de l’état sud-américain de Cerro Dorado. Par une suite de circonstances aussi extraordinaires qu’improbables, le timide musicien se transforme en terrible guerillero révolutionnaire doté du nom flamboyant de « Don Ernesto Pico de Oro » qui attaque des trains et parvient jusqu’au Palais présidentiel…
Ce roman picaresque écrit en 1937 a le charme de ces histoires d’autrefois racontées par ces écrivains voyageurs et aventuriers tels MacOrlan ou Monfreid. En effet, Jacques Perret, auteur du « Caporal épinglé », en plus d’avoir été marin, fit partie de cette famille prestigieuse. Il nous décrit un monde plus simple que le nôtre mais sous lequel on voyait déjà apparaître en filigrane celui dans lequel nous vivons. Déjà, les Etats-Unis, par l’intermédiaire de deux grosses compagnies de productions fruitières et de deux banques, manipulaient dans l’ombre les deux factions de cette république « bananière ». Ernest Pic, le petit français perdu dans cette tourmente décrite avec humour et détachement, est une sorte de Candide de ce conte philosophique moderne agréable à lire en dépit d’un style plutôt fleuri, plein de trouvailles et d’images surprenantes, mais un rien désuet pour le lecteur actuel.