Docteure Irma, tome 1 - La louve blanche
de Pauline Gill

critiqué par Saumar, le 22 septembre 2009
(Montréal - 91 ans)


La note:  étoiles
Grande femme québecoise
C’est un roman historique. L’auteure raconte la vie active de Irma Levasseur de 1883 à 1927. Vie bien remplie et intéressante. Certains passages n’ont jamais été archivés, je parlerai donc de ceux-là: sa vie amoureuse, celle de sa famille, le parcours de sa mère, etc. Mais les histoires sont bien romancées et bien racontées.
Une famille de 5 enfants dont 3 décèdent en très bas âge. Irma est témoin de la mort d’un de ses petits frères, de là naît l’idée de devenir médecin pour soigner les enfants malades. Il lui reste un frère , Paul-Eugène, mentalement atteint qu’elle aime beaucoup. Son père, Nazaire Levasseur, avait dû abandonner ses études de médecine, faute d’argent. Sa mère, Phédora Venner, une cantatrice de talent, a abandonné la famille. Deux objectifs hanteront donc Irma, toute sa vie : Retrouver sa mère et soigner les petits malades

Elle devint la première femme médecin canadienne-française, à l’époque où les universités du Québec n’admettaient pas encore les femmes. À 17 ans, elle a donc dû s’expatrier aux États-Unis, à l’Université Saint-Paul au Minnesota, où elle obtient son doctorat en médecine.
En attendant les résultats de ses examens du Collège des médecins et la décision des autorités politiques, Irma reçoit la visite de son amie Hélène (319). Elles s’entendent bien toutes les deux et ont beaucoup de choses en commun. Toutes deux ont été l’objet de discrimination sociale; l’une pour sa grossesse hors mariage, l’autre pour son choix de carrière. Chacune d’elle a connu un abandon déchirant. Hélène obligée de donner son bébé en adoption et Irma recherche toujours sa mère disparue refaire sa vie, alors qu’elle n’a que 10 ans.

Après quelques rencontres avec le bijoutier Bob Smith, qu’elle aimait déjà, Irma découvre qu’ils sont cousins (336) parce que le nom des deux mères est Venner (344). Irma prie le ciel : « aidez-moi à me détacher de cet homme. À rester fidèle à mon idéal. (345) » Puis elle présente Bob Smith à son amie Hélène, celle-ci le mariera quelques années plus tard. La mère de Bob, Evelyn avait laissé son garçon, Bob, à ses grands-parents lorsqu’il était bébé. C’est pendant ce séjour ici, à New York que ma mère est tombée enceinte, raconte Bob. En apprenant la chose, grand-père Venner aurait interdit à ma mère d’ébruiter ce scandale et l’aurait placée devant un ultimatum : ou tu maries le père de ton enfant ou tu ne reviens plus jamais au Québec. « Mon père n’a pas voulu de moi. Jamais ma mère n’aurait accepté que je sois adoptée » (344).

De retour au Québec, Irma travaille à l’hôpital des enfants malades qu’elle avait ouvert, lorsque sans la consulter, on en a changé le nom pour : hôpital « Ste-Justine » qui est le prénom de sa collaboratrice, Justine Lacoste-Beaubien, épouse d’un riche financier montréalais, qui en garda la présidence (518). On venait d’évincer Irma Levasseur du Bureau d’administration de l’hôpital pédiatrique, dont elle était l’initiatrice. Mon plus grand défaut, c’est d’être une femme. Une femme qui refuse de ramper, écrit-elle dans sa dernière lettre adressée à Bob et Hélène.

Elle a développé le projet de fonder un hôpital spécialisé dans les maladies infantiles. Avec ses propres économies, elle met en place un dispensaire qui deviendra l’Hôpital-de-l’Enfant-Jésus. Finalement, Irma érige sa propre clinique pour enfants handicapés.

Elle meurt à 87 ans, dans l’indifférence et dans la pauvreté absolue. Vingt ans se sont écoulés avant que l’on reconnaisse cette grande dame québécoise.

Ce roman aurait pu être épuré, abrégé. J'aurais aussi aimé apprendre sur la médecine de l'époque.