Captive, otage des FARC, elle accouche au coeur de l'enfer
de Clara Rojas

critiqué par Dirlandaise, le 30 septembre 2009
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Six ans de captivité dans la jungle
Février 2002, Bogota, Colombie. Ingrid Bétancourt, candidate à la présidence de la République pour le parti qu’elle a fondé en 1998 soit "Verde Oxigeno", et sa directrice de campagne Clara Rojas se préparent à effectuer un voyage afin de se rendre dans la petite ville de San Vincente del Caguan. Le but de ce voyage est de soutenir le maire de San Vincente, membre du parti d’Ingrid. La situation dans la région est très instable suite à l’échec des négociations du président de la République Andrés Pastrana avec les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) et le voyage est très risqué. Malgré tous les conseils et les mises en garde, Ingrid Bétancourt s’obstine à vouloir faire ce voyage. Un concours de circonstances oblige la candidate et son petit groupe à effectuer le voyage en 4 X 4 plutôt qu’en avion. Ils sont enlevés par un groupe de guérilleros de la FARC et forcés de les suivre dans la jungle. Commencent alors pour Clara et Ingrid, six années d’enfer au cœur de la jungle colombienne, six années de vie nomade, de longues marches afin d’échapper aux troupes de l’armée gouvernementale, de maladies, de promiscuité, de souffrances morales et physiques intolérables, de tensions diverses entre les otages, de difficultés sans nombre afin de se procurer le minimum nécessaire à la survie.

Clara Rojas raconte avec un bel accent de sincérité ces six années que la jungle lui a volées comme elle dit. Elle a beaucoup de mal à s’adapter à cette vie rude et excessivement stressante, elle une fille de la ville. De plus, ses relations avec Ingrid Bétancourt ne cessent de se dégrader jusqu'à ce qu’un froid s’installe définitivement entre elles. J’ai senti beaucoup d’amertume de la part de Clara envers Ingrid qu’elle rend responsable de cet enlèvement et de ces années de souffrance. Sans l’obstination d’Ingrid à faire le voyage, rien de tout cela ne se serait produit. Au cours de sa captivité, Clara tombe enceinte et accouche d’un garçon dans des conditions plus que précaires. Elle et son fils réussissent à survivre et à sa libération Clara retrouve son enfant bien-aimé dont elle a été séparée de nombreuses années.

J’ai toujours aimé ce genre de récit car il nous fait apprécier notre confort et remet en perspective nos petits ennuis et nos contrariétés. Clara décrit ses journées dans la jungle, les moyens qu’elle employait pour passer le temps, garder le moral et préserver sa santé mentale. Elle et Ingrid ont tenté à trois reprises de s’évader mais elles ont toujours été reprises. Chaque fois, elles ont été punies sévèrement et même enchaînées pendant longtemps afin de les dissuader de recommencer.

Ce livre se lit comme un roman d’aventures mais il renferme aussi beaucoup de spiritualité et de richesse morale. Ce n’est pas un livre remarquable pour son écriture et sa construction parfois assez chaotique mais pour l’histoire émouvante d’une femme qui a réussi à survivre dans des conditions extrêmement difficiles afin de pouvoir enfin retrouver et embrasser son enfant et retourner à une vie normale, entourée de sa famille et de ses amis. J’ai beaucoup aimé ce livre car il m’a sensibilisée à la cause des FARC et m’a renseignée sur leurs différents chefs et leur organisation militaire. Clara ne les a pas dépeints comme des monstres au contraire. Souvent, elle a même fait preuve de gratitude envers eux pour les soins qu’ils lui ont prodigués à elle et à son fils. Lors de sa libération, elle a embrassé les guerilleras qui l’avaient aidée. Elle s’est fait accuser de souffrir du syndrome de Stockholm suite à ce geste. Enfin, c’est une histoire palpitante, écrite par une femme courageuse, possédant une force de caractère remarquable. Très bon !

Dommage qu’il n’y ait pas de photos à l’intérieur mais la photo de la quatrième de couverture est excellente. On peut y voir Clara avec son fils Emmanuel dans ses bras. C’est l’image même du bonheur !

« Quand vous êtes en captivité dans la jungle, la nuit n’est pas seulement synonyme d’absence de lumière, c’est l’heure où la peur, la fatigue, le découragement, la mélancolie vous envahissent. C’est le moment où l’on se retrouve seul face à soi-même, le cœur lourd, l’esprit bouillonnant d’émotions et de pensées. »

« Quand on reste si longtemps otage, le plus terrible ce n’est pas de supporter les conditions atroces de la captivité, mais de se voir dépouillé de toute une partie de sa vie. On croit suivre sa route tranquillement et, soudain, on tombe dans un fossé et on y reste plusieurs années. Plus aucune vie normale n’est possible, plus aucun repère n’existe. Tout ce que vous connaissez disparaît. Il n’y a pas de mots suffisants pour décrire cette souffrance, ce mal qu’on vous inflige, année après année. »
Rude périple 8 étoiles

Un livre prenant qui nous plonge dans l'univers de la captivité sensible et cruel à la fois Clara ne mâche pas ces mots et s'en explique. Ca fait froid dans le dos de savoir qu'il y a des gens qui vivent encore ça actuellement. Merci pour ce témoignage et cette force de vie. Je vous le conseille fortement !

Lolo - - 42 ans - 2 juillet 2011