Les aimants de Jean-Marc Parisis

Les aimants de Jean-Marc Parisis

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Garance62, le 4 octobre 2009 (Inscrite le 22 mars 2009, 62 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 000ème position).
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Un "i" qui change tout

Bobin a écrit : "Le couple c'est le lieu de la vie soustraite. La passion c'est le lieu de la vie divisée. Et l'amour ce n'est ni ceci, ni cela." Christian Bobin et Jean-Marc Parisis, s'ils ne sont dans les mêmes espaces de pensée, s'ils se situent en matière d'écriture et de vie dans des mots et des lieux bien dissemblables pourraient se retrouver autour de l'esprit de cette histoire. Roman. C'est noté sur la page de titre. Vraiment ?
L'amour physique, l'amour amitié, l'amour d'âme à âme, l'amour magnétique : "les aimants".

Ce n'est pas d'un couple qu'il est question ici, ce n'est pas de passion, c'est d'un amour aussi évident que le temps qui passe, qui ne peut s'arrêter quand le temps stoppera sa course. Une vie à deux dans laquelle la respiration de chacun existe, à part entière : "Des pans entiers de mon existence indifféraient complètement Ava. Elle me les laissait, comme je lui laissais ses jardins secrets. Dès le début de notre histoire, nous avions recensé nos différences, préempté nos espaces intimes, nos temps personnels. Nos égoïsmes se respectaient. Le réglage de nos solitudes s'opérait dans une anarchie naturelle, heureuse, en marge des lois communes aux autres couples."

Paris. La Sorbonne. Ils ont vingt ans quand ils se connaissent. Ils en ont un de plus quand leurs corps se rencontrent.

Ava est une femme hors du commun. Entière : "Tout, toujours. Ou rien, jamais". Inclassable. Déjà touchée par la mort qui rôde dans le livre. Ils vivent leur jeunesse, insouciante, heureuse, remplie de lectures, de cinéma, d'écriture, de musique... "...derrière le commissariat du quatorzième arrondissement. Nous y vivions comme tout le monde, mieux que beaucoup, et peu pouvaient se figurer notre tranquillité, notre quotidien anonyme et royal". Mais l'homme est ainsi fait qu'il est capable de briser le plus beau : "Je voulais tout, j'aspirais à être un homme complet". Je ne vous ferai pas l'affront d'aller plus en avant dans l'histoire. A vous maintenant.

J'ai aimé ce livre pour la rareté de l'histoire, déjà rencontrée avec "La plus que vive" de Bobin, ce lieu de l'amour pas ordinaire, pour l'écriture parfois précieuse, avec ces associations de mots inédites, ces mots qui ne se rencontrent pas souvent ensemble et qui estampillent le récit. La fin que je ne peux dévoiler pose une question cruciale qui demande à être entendue avec force.

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Un roman magnifique !

10 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 1 avril 2012

Les romans d'amour sont souvent pleins de maladresses à cause des clichés qu'ils véhiculent. Celui-ci est l'une des rares exceptions. Le narrateur rencontre Ava sur les bancs de la Sorbonne alors qu'ils sont en train de passer un partiel de version anglaise. Cette jeune fille le fascine et l'attire comme un aimant, cette attirance n'est pas sexuelle, elle est au-delà. Elle aime la poésie, l'écriture, le cinéma, déteste la vulgarité et les compliments masculins embarrassants.

Jean-Marc Parisis raconte en quelques pages l'histoire de cet amour avec simplicité et authenticité. Les deux a(i)mants vivent simplement, dévalisent la librairie Gibert Joseph, fréquentent les quais de la Seine, ne se voient pas tous les jours car ce n'est pas l'époque des portables et des sms qui asservissent les amants, ils discutent littérature et sont tout simplement bien ensemble.

Leur histoire ne peut qu'émouvoir le lecteur, la justesse des mots et le rythme choisi par l'écrivain nous plongent dans cette relation d'une richesse inouie. Ils sont amants, frères, amis passionnés par la littérature ...

Yann Moix a qualifié ce court roman de "chef-d'oeuvre", je veux bien le croire. Un roman magnifique !

Un amour authentique et pur

8 étoiles

Critique de Sunsi (, Inscrite le 30 juillet 2009, 48 ans) - 6 décembre 2009

C’est un livre comme on en rencontre rarement, court et allant à droit à l’essentiel. L’écriture est rapide, les pages s’enchainent et on découvre avec intensité l’histoire du narrateur et d’Ava qui vont s’aimer sur plusieurs décennies. Ils se rencontrent à vingt ans sur les bancs de la Sorbonne et ne se quitteront plus jusqu’à ce que la mort les sépare.
Ils grandissent ensemble, évoluent, se transforment et malgré leurs différences, ils sauront accorder leurs sensibilités. Ils savent réinventer chaque jour leur histoire, se nourrissant de lectures, de rencontres, d’écrits, de promenades, sans jamais tomber dans la lassitude ou le dégoût de l’autre. Ils parviennent à s’élever au-dessus des lois traditionnelles du jeu amoureux, respectant l’espace de l’autre dans une sérénité réciproque. « Nous étions toujours riches de nous voir, dans un bonheur limpide et confiant. Nous nous aimions sans peur et sans reproche, sans éprouver le besoin de le dire. On se foutait la paix avec l’amour. »
Mais le temps a raison d’eux. Ava s’éloigne, se met en retrait du monde dans une quête personnelle ; lui à l’inverse s’immerge dans la vie, multipliant les rencontres mais sans parvenir à retrouver l’intensité partagée avec Ava.
Leur amour alors transformé en fidélité amicale survit ; pas de rancune entre eux, Ava sait être là pour lui. Elle conserve son mystère, ne laissant à l’autre aucune prise sur elle. La personnalité d’Ava prend le dessus dans la deuxième partie du livre ; le narrateur s’y intéresse dans la distance désormais possible après la rupture. Ava est difficile à cerner, elle est belle, libre, à contre-pieds des stéréotypes modernes mais seule aussi. Le narrateur lui reste fidèle jusqu’au bout ; elle aura été au fond la seule femme de sa vie, même dans son exil et sa nature inaccessible.
J’ai découvert Jean Marc Parisis par hasard un jour en écoutant France Culture ; j’ai été séduite par ce premier livre. Il m’ a été donné en effet d’accompagner deux êtres à part, beaux et dignes, dans une longue et belle marche amoureuse.

Un hymne à l’Amour

10 étoiles

Critique de Dudule (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans) - 16 novembre 2009

Ce petit livre nous raconte l’histoire du narrateur et d’Ava, ils se sont connus sur les bancs de la Sorbonne. Ils ne se quitteront plus, ils seront tour à tour amants, amis, frère et sœur, comme le résume si bien le titre « Les aimants ». Ils sont libres, baignent dans la littérature, ils aiment le cinéma, la musique. Ils vivent d’amour, d’innocence et ils ne se doutent pas que la mort pourrait les séparer.
Je découvre cet auteur, et j’ai beaucoup apprécié son écriture, belle et juste. Un bon, beau roman à découvrir.

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