Le bien des absents de Elias Sanbar

Le bien des absents de Elias Sanbar

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Darius, le 1 janvier 2002 (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans)
La note : 8 étoiles
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Hommage à Jean Genet et à quelques autres

Au journaliste qui demandait à un Ben-Hur (Charlton Heston..)scandant "eradicate Saddam" quels étaient les pays limitrophes de l’Irak, il obtint comme réponse : l’Afghanistan et la Mongolie... Voilà le décor planté...
Ce récit rédigé par un historien palestinien ne manque ni d’humour, ni d'histoires savoureuses sur ses pérégrinations depuis sa fuite d’Haifa, encore bébé, sa famille fuyant les explosifs israéliens.. J'y ai appris qu’à Haifa, en 1948, les Arabes habitaient la partie basse de la ville et les Juifs s'étaient installés dans la partie haute..
"Lorsque la situation a commencé à se détériorer, ils (les Israéliens) commencèrent à faire rouler des barils d'explosifs qui venaient exploser sur nos maisons. J’ai été à 7 mois la cible d'un de ces attentats... ". Ces attentats sonneront le glas de sa vie palestinienne et le jetteront sur les routes, notamment au Liban, ensuite, la Tunisie, le Yémen, l’Algérie après que les Palestiniens furent chassés du Liban dès 1982.... Pour comprendre ce récit de 140 pages, l'auteur ne nous facilite pas la tache : de solides notions historiques de ce conflit envenimé nous sont nécessaires pour comprendre à quelle époque nous nous situons. En effet, il passe allègrement des années 50, aux années 90 en passant par les années 70 sans explication aucune.. Mais rassurez-vous, votre méconnaissance de l’histoire ne vous empêchera pas de savourer les demandes cocasses du "vieux" entendez, Arafat, surnom dont il est bizarrement affublé par ses coreligionnaires depuis le début de sa carrière.. Cet auteur expatrié, amoureux de ce pays qu'il a du quitter, se raccrochera de tout et de tous ceux qui auront la moindre sympathie pour sa cause : Jean Genet, Juan Goytisolo, Octavio Paz, jusqu’à une armoire restée dans sa maison natale et qu'il parviendra à récupérer suite à de longues tractations.. De sa longue amitié avec Jean Genet, décédé en 1986, qui publiera "4 heures de Chatila" et "Un captif amoureux", il conservera 3 trucs d'écrivain : "1. Chaque fois que tu éprouveras le besoin d’ajouter un adverbe après un verbe, dis-toi que tu n’as pas trouvé le bon verbe. 2. Méfie-toi des expressions courantes, elles sont toutes fausses. 3. Tu dois être capable d'écrire sans la moindre ponctuation et il faut que ton texte soit parfaitement intelligible. Alors, seulement, tu ponctueras selon ta respiration et non selon les règles qu'on t’a apprises". Lorsqu’on interrogeait Genet sur son engagement au coté des Palestiniens, il répondait avec humour "C'est une commande, Arafat m’a commandé un livre... ". Quant à Juan Goytisolo, il dira de Jean Genet : "le connaître intimement est une aventure dont personne ne sort indemne .. " "Jean Genet était un homme engagé et un provocateur, mais quand il était distrait, il était un saint... ". Je terminerai par cette réflexion d’Octavio Paz, cité par l’auteur qui n'y souscrit cependant pas : "Que cherche le voyageur en parcourant sa patrie ? Le lieu de sa naissance ou de sa fin ? Peut-être cherche-t’il son destin".

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