Des hommes de Laurent Mauvignier
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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De jeunes hommes ordinaires pris en tenaille pour le restant de leur vie
“Des hommes” raconte les trajectoires brisées de ceux qui ne peuvent pas mettre des mots sur ce qu’ils ont vécu. C’est aussi l’histoire d’une amnésie implicitement exigée socialement. C’est surtout l’histoire de jeunes appelés, de trop jeunes appelés, envoyés en Algérie il y a plus de quarante ans pour défendre la patrie.
Là-bas ils assistent, souvent de façon impuissante mais néanmoins participante, à des scènes qui les marqueront à jamais. Pris dans un collectif militaire où on ne leur demande pas leur avis, ils obéissent à des ordres, commettent des exactions contre des villageois démunis dans le but de soutirer des informations sur les rebelles. Il y a la peur, bien sûr, mais aussi l’ennui qui est d’une violence inouïe, qui renforce encore davantage l’angoisse de la perte de ce qui a été jadis, et du futur tant espéré : rentrer chez soi vivre une vie ordinaire.
On garde des positions géographiques stratégiques dans des baraquements miteux, on vit dans des chambrées collectives où la promiscuité est de rigueur. L’amitié est de circonstance, le temps semble arrêté, éternel. L’attente force à réfléchir à l’inutilité de sa présence, au bien fondé de celle-ci. L’ennemi, toujours invisible, mais présent dans ses mises en scènes jugées barbares, sape le moral : on se demande alors si ce sont “des hommes”. Puis on réfléchit alors à ses propres actes.
De temps en temps une permission égaye ce quotidien. On part alors à Oran. Mireille, fille de colons, est le rayon de soleil de Bernard. Mais, cet équilibre est instable, tant Bernard à l’impression de ne pas être à la hauteur, lui l’anodin villageois d’un coin perdu en France. Alors il esquive déjà certaines conversations, pour ne pas se retrouver en porte-à-faux. C’est que Bernard a une histoire familiale difficile : une fratrie nombreuse, une mère veuve, une enfance difficile, des maladresses, des rancoeurs, des non-dits... ni victime, ni coupable. Mais l’entaille qui ne sera pas soignée avant le départ en Algérie se transformera en plaie béante au retour.
Le retour en France sera donc difficile pour Bernard, Février, Rabut et tant d’autres. D’autant plus que pour “les anciens de Verdun”, la guerre d’Algérie n’en était pas une. Certains essayeront alors de se retrouver parfois avec les anciens de l’Afrique du Nord, mais le dialogue semble superficiel, tant ce que l’on ressent vraiment reste terré au fond des hommes, les travaillant comme une lame de fond.
Le narrateur est Rabut, cousin de Bernard. Rabut parle de Bernard, mais leur histoire s’entremêle, avec celle des autres aussi, dont Février. Si Rabut raconte l’histoire de Bernard c’est qu’il n’arrive pas à raconter la sienne ; il fait tiers, pour parler de lui-même. On ne sait d’ailleurs plus toujours qui raconte dans ce livre ; le lecteur étant lui-même égaré par mille voix lâchant des fragments identitaires éparses et douloureux. Si Rabut ne supporte pas Bernard, c'est parce qu'il ne semble pas mieux vivre que ce dernier, pourtant clochard, ivrogne, que l’on affuble du sobriquet "Feu-de-bois" ; mais c'est surtout parce qu'il a l'impression de s'être menti en tentant de reprendre une vie ordinaire, à l'inverse de Bernard. Rabut voudrait désormais rester immobile dans sa vie, pour ne pas prendre le risque de se fabriquer des souvenirs : sans passé, pas de souffrance.
Et tout s’embrase par un cadeau, un geste public lourd de conséquences, faute à ne s’être jamais parlé. Derrière chaque histoire il y a une histoire, et quand tout explose, on remonte loin en arrière.
Très beau livre qui n’est pas un roman sur la guerre d’Algérie, mais qui se servira de cette période historique pour mettre en évidence toutes les difficultés de faire rejoindre, de faire coexister, la mémoire individuelle et la mémoire collective. Sans cela, l’individu ne semble pas pouvoir trouver une paix intérieure, car la guerre continue toujours dans sa tête, l’oppressant jusqu’à étouffement.
Les éditions
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Des hommes [Texte imprimé] Laurent Mauvignier
de Mauvignier, Laurent
les Éditions de Minuit
ISBN : 9782707320759 ; 17,75 € ; 03/09/2009 ; 280 p. ; Broché -
Des hommes [Texte imprimé] Laurent Mauvignier
de Mauvignier, Laurent
les Éditions de Minuit / Double
ISBN : 9782707321541 ; 8,60 € ; 03/03/2011 ; 282 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (13)
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Le Mal
Critique de Cyclo (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 79 ans) - 7 juin 2021
Il va déclencher le drame à l’occasion de l'anniversaire de sa sœur Solange, la seule membre de la famille qui l’avait toujours accepté tel qu’il était et à qui il écrivait de longues lettres pendant son séjour en Algérie. En effet il lui offre une broche de haut prix, lui le misérable, le demeuré (et tenu pour tel), le parfois violent. En affirmant ainsi par son cadeau l’humanité que sa famille lui dénie depuis longtemps, il se voit opposer un refus de la part de Solange et se fait agresser verbalement et chasser de la réunion de famille ("On a tous fait semblant de ne pas entendre. Tous fait semblant de croire qu'il parlait seulement comme parlent les alcooliques, bouffés autant par l'alcool que par le ressentiment et la haine"). En retour, il se "venge" en saccageant la maison des Cherfraoui, une famille algérienne amie de la famille présente à la fête.
Et les "événements" d’Algérie vont remonter à la surface. Il faut dire qu’on n’en parlait jamais. "On avait renoncé à croire que l'Algérie, c'était la guerre, parce que la guerre se fait avec des gars en face […] et puis parce que la guerre c'est toujours des salauds qui la font à des types bien et que les types bien là il n'y en avait pas, c'étaient des hommes, c'est tout…" Bernard avait devancé l'appel sur un coup de tête pour fuir sa famille. Il avait retrouvé en Algérie son cousin Rabut (narrateur du roman) et s’était lié avec Février, paysan comme lui. Lors d’une perm’ à Oran, il s’était disputé avec Rabut, et leur querelle avait dégénéré en pugilat, malgré Février qui avait tenté de les séparer. Cela les avait retardé pour rentrer à la caserne, et leur avait valu de passer la nuit au "trou", ce qui leur avait sauvé la vie. Ils avaient en effet ainsi échappé à l’attaque des "fells" qui avaient détruit leur campement et massacré tous les hommes, pendant qu'ils croupissaient cette nuit-làt en prison.
Roman de la culpabilité donc, du non-dit ("La vérité c'est que le passé, on n'en parle pas, il faut continuer, reprendre, il faut avancer, ne pas remuer") aussi qui fait éclater la violence : "on ne sait pas ce que c'est qu'une histoire tant qu'on a pas soulevé celles qui sont dessous et qui sont les seules à compter, comme les fantômes, nos fantômes qui s'accumulent et forment les pierres d'une drôle de maison, dans laquelle on s'enferme tout seul, chacun sa maison, et quelles fenêtres, combien de fenêtres ?"
Ici, la violence, le refoulement, l'incompréhension mutuelle ("Plus le temps passe, plus [Bernard] se répète, sans pouvoir se raisonner, que lui, s'il était Algérien, sans doute il serait fellaga"), sont disséminées par le romancier en petites touches, dans un récit éclaté, distribué en quatre parties : « Après-midi », « Soir », « Nuit » et « Matin » qui sont les temps de 2002, quarante ans après le retour. Donc une succession de scènes actuelles ponctuées de retours dans le passé : la réunion de l’anniversaire, la nuit qui suit, les scènes variées en Algérie, dans le bled et à Oran, se télescopent au gré des souvenirs qui remontent dans la deuxième partie, on entre parfois dans la conscience de Bernard et de ses compagnons de campement. Et l’on voit la violence à nu, la barbarie des uns et des autres, les horreurs sans nom. Des appelés, comme Bernard et Février, sont assassinés, le médecin du bataillon est supplicié par les fellagas ; en représailles, ou parfois sans justification, des villages sont détruits et brûlés, leurs habitants, vieux, femmes et enfants massacrés, les fellagas découverts sont ignoblement torturés, balancés dans la mer du haut d’hélicoptères…
Dur, sans concession, Des hommes montre là aussi le Mal à l’état absolu, dans une écriture absolument superbe. Je me demande comment on a fait pour en tirer un film. J'irai le voir !
Guerre et famille
Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 28 janvier 2014
Même si on retrouve l’universalité du propos sur la guerre, quelle qu’elle soit, de ceux que l’on y envoie se faire massacrer et massacrer les autres, l’impossibilité de raconter alors que les souvenirs des atrocités vécues, commises ou subies hantent toute l’existence . On retrouve cela dans toute la littérature de guerre ( la meilleure analyse du refus d’écoute de l’entourage se trouvant, pour moi, dans le fabuleux Voyage au bout de la nuit de Céline), et on sent que Mauvignier a dû être très marqué par le vécu de son père. Et son suicide..
Une petite particularité pour cette guerre d’Algérie, dont on a longtemps très peu parlé , je me suis souvent demandé pourquoi, (à part bien sûr le fait que la France met toujours des siècles à affronter son passé), ceci:
On avait renoncé à croire que l'Algérie, c'était la guerre, parce que la guerre se fait avec des gars en face alors que nous, et puis parce la guerre c'est fait pour être gagné alors que là, et puis parce que la guerre c'est toujours des salauds qui la font à des types bien et que les types bien là il n'y en avait pas, c'étaient des hommes, c'est tout...
Et des hommes auxquels ils peuvent s'identifier, ils sont -encore- français et défendent leurs terres, que feraient-ils si l'on leur faisait la même chose?
La même incompréhension du pourquoi , au début. Après, on venge les copains et voilà tout.
Mais ce qui m’a le plus intéressée dans ce roman , ce n’est pas tant la guerre d’Algérie que l’histoire familiale. Avec laquelle commence et se termine ce roman très bien construit. Et que l’on retrouve même dans l’épisode principal de la vie des deux cousins. Qui domine le tout finalement . C’est encore une querelle de famille qui a sauvé la vie des deux cousins en Algérie. Et a sans doute provoqué la mort des autres . Toujours la même d’ailleurs, la fameuse scène de la mort de la sœur.
C’est un livre que j'ai lu rapidement, portée par le rythme et le style et qui laisse beaucoup de questions en suspens, sur lesquelles il faut revenir pour comprendre, tout est dit, mais c'est très dense.
Ce n’est finalement que la violence de Bernard qui fait remonter les souvenirs . Et chercher à comprendre qui il est vraiment.
Mais..
Peut-être que cela n’a aucune importance , tout ça, cette histoire, qu’on ne sait pas ce que c’est qu’une histoire tant qu’on a pas soulevé celles qui sont dessous et qui sont les seules à compter, comme les fantômes, nos fantômes qui s’accumulent et forment les pierres d’une drôle de maison, dans laquelle on s’enferme tout seul, chacun sa maison, et quelles fenêtres, combien de fenêtres? Et moi, à ce moment là, j’ai pensé qu’il faudrait bouger le moins possible tout le temps de sa vie pour ne pas se fabriquer du passé, comme on fait, tous les jours; et ce passé qui fabrique des pierres, et les pierres, des murs. Et nous on est là maintenant à se regarder vieillir et ne pas comprendre pourquoi Bernard il est là-bas dans cette baraque, avec ses chiens si vieux, et sa mémoire si vieille et sa haine si vieille aussi que tous les mots qu’on pourrait dire ne peuvent pas grand-chose.
C’est très noir, et très beau. Pas tout à fait désespéré, puisqu’il y a une lueur de lucidité , ou du moins de réflexion, dans cette famille.
Trop tard, bien sûr, mais c'est toujours trop tard. C'est d'ailleurs la dernière phrase du livre.
Je voudrais savoir si l’on peut commencer à vivre quand on sait que c’est trop tard.
j'ai souffert et aimé
Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 2 décembre 2011
roman de Laurent Mauvignier
les Editions de minuit
mars 2011
283 pages
On en parlait surtout pas....
Comme leurs aînés du chemin des Dames, ils ont gardé en eux les souvenirs réels de cette guerre d'Algérie.
C'est plus qu'un traumatisme pour ces anciens jeunes appelés qui ont vécu dans leurs chairs les exécutions sommaires, les tortures, la peur et en retour la terreur que l'armée française a fait « vivre » aux populations locales et que le FLN a fait régner à son tour sur ces bidasses .
Ils réfléchissent ces jeunes, là bas, très très peu sont pacifistes, mais beaucoup pensent dans leur for intérieur comme l'un d'entre eux : « Il pense à ce qu'on lui a dit de l'occupation, il a beau faire, il ne peut pas s'en empêcher d'y penser, de se dire qu'ici on est comme les Allemands chez nous, et qu'on ne vaut pas mieux. »
Oui mais il fallait avancer, attaquer mais aussi se défendre et sous le feu de l'action, celui dont on peut comprendre les motivations est l'ennemi désigné qui est en embuscade!
Tout le drame de la guerre d'Algérie est là.
Les cauchemars sont encore présents quarante ans après la guerre et peut être encore aujourd'hui après un demi siècle.
L'auteur nous convie à ouvrir une page de l'histoire de plusieurs appelés en 1960;
Au moment de leur retour au pays, ils ont montré à leurs proches les photos où l'on voit le soleil, la chaude amitié mais pas l'essentiel : la peur au ventre qui les tenait tous....
Bernard se souvient mais ne parle pas, il suffit qu'il déraille sérieusement un soir pour que ceux qui l'ignoraient ou même le méprisaient, commencent à comprendre.
Il a suffi d'un soir, bien après pour qu'un incident ouvre très grande la plaie qui ne s'était pas fermée.
Voici là un livre émouvant où les personnages sont réels, ils sont nos grands frères et nos pères dont la jeunesse a été sacrifiée...Leur histoire dramatique doit être racontée telle qu'elle a été vécue sans qu'elle soit occultée par les nostalgiques du colonialisme ou même par ceux qui distribuent aujourd'hui les bons points.
Jean-François Chalot
ce qui fait effraction
Critique de Aligot (, Inscrite le 6 août 2010, 55 ans) - 30 octobre 2011
son écriture si particulière, précise, nerveuse parle finalement toujours de la même chose : ce qui fait effraction dans la vie d'un homme : et quel talent pour en parler ! ici, la guerre d'Algérie, la peur des hommes décrite de façon époustouflante, un personnage bouleversant, et puis surtout l'humanité, l'homme dans son essence même; finalement tout le propos de Mauvinier (depuis "dans la foule" ou d'autres) : notre pauvre humanité, désespérante, tragique et néanmoins magnifique
Un passé qui ne passe pas
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 11 août 2011
L’intrigue est remarquablement menée et on ne sait jamais bien où Laurent Mauvignier veut nous emmener. Ce n’est pas une gêne de lecture, bien au contraire. Ainsi la scène de bal où Bernard attend Mireille qui ne vient pas est racontée avec un sens du suspense qui nous fait imaginer tout… sauf ce qui sera la réalité.
Ce roman est écrit au présent ce qui lui donne une puissance et une immédiateté alors que nous sommes dans un passé qui « ne passe pas » comme on dit parfois. Un passé qui n’a jamais pu s’exprimer, peut-être parce que les Français ont voulu l’effacer de leur mémoire collective, on n'en était pas fiers, préférant revenir à Verdun, symbole, là, d’une vraie guerre, d’autant plus vraie que nous l’avons gagnée. « La vérité c’est que le passé on n’en parle pas, il faut continuer, reprendre, il faut avancer, ne pas remuer ».
Le style de Laurent Mauvignier m’a paru tout à fait adapté au récit avec ce côté heurté déjà signalé mais aussi ce « parlé » qui autorise les hésitations ou la volonté de réexpliquer, de dire enfin les images qui ne peuvent se diluer dans le quotidien.
Enfin j’ai beaucoup aimé la partie française, celle du début des années 2000 avec la description d’un petit village comme il en reste encore, d’une famille qui n’a jamais retrouvé ses liens, des immigrés bien intégrés et qui, bien involontairement, vont réveillé des souvenirs mal oubliés et l’échec de Bernard pour une autre vie qui m’a rappelé « La montagne », cette chanson de Jean Ferrat, contemporaine des années 60.
Oui « Des hommes » est vraiment un grand roman.
Une autre guerre qui ne s’oublie pas, celle d’Algérie …
Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 7 juillet 2011
L’implication de la jeunesse française dans cette sinistre guerre dite de ‘pacification’, son incompréhension de l’Histoire en marche, l’immense tristesse de la situation des harkis, l’ennemi invisible que constituaient les fellaghas, les exactions ignobles subies par les populations locales, toute cette inhumanité remonte soudain à la surface, livrée au lecteur à la faveur d’un fait divers survenu quarante ans plus tard en métropole.
En effet, dans la première partie de ce roman, une bagarre oppose un ancien d’Algérie, un raté amer et alcoolique, à une famille d’immigrés qui ne demandait rien à personne que de vivre en paix avec ses voisins français. Et voilà que rétrospectivement surgissent alors les précises réminiscences d’une horrible période militaire, minutieusement décrites dans la seconde moitié de l’ouvrage.
Un témoignage de plus sur la bestialité humaine dans la guerre …
Le roman pèche toutefois par une introduction, inutilement longue et faible à mon avis, qui décrit l’anti-héros et son mal-être au sein de sa famille.
La marque de la guerre
Critique de OC- (, Inscrit le 4 mars 2011, 28 ans) - 20 avril 2011
L'auteur cherche surtout à montrer ce que le "soldat" subit après la guerre : non pas la souffrance physique mais morale, le sentiment de solitude, de désarroi, les nuits blanches, les cauchemars qui viennent les hanter et revenir quarante années plus tard, les souvenirs insupportables. Et la guerre d'Algérie est d'ailleurs abordée uniquement par des souvenirs qui remontent dans son esprit au cours d'une nuit blanche.
Malheureusement, l'écriture est parfois très lourde, avec beaucoup de répétitions. Spécialement pour les "on voit", "on entend". Mauvignier arrive même à répéter le premier ( "on voit" ) trois fois en une même page!
Il n'y a pas de doute, c'est bien un Mauvignier.
Critique de Rouchka1344 (, Inscrite le 31 août 2009, 34 ans) - 25 janvier 2011
Pourtant, j'ai moins adhéré. J'ai été un peu déçue. Trop court? Peut-être. Je suis restée un peu sur ma faim. Peut-être aussi parce que j'avais tellement aimé "Dans la foule", que j'avais mis la barre trop haute avec mes attentes de lectrice.
Alors, pour une fois, au lieu de m'accrocher à l'histoire, je me suis attardée sur le style de Mauvignier. C'est sans doute ça qui m'a le plus plu. Lire et savourer chaque mot, comme un carré de chocolat noir.
Extraordinaire
Critique de Soldatdeplomb4 (Nancy, Inscrit le 28 février 2008, 35 ans) - 19 mars 2010
Un roman absolument fantastique, extraordinaire, bouleversant de justesse.
Il faut aussi lire les autres livres de Mauvignier
Critique de Maria-rosa (Liège, Inscrite le 18 mai 2004, 69 ans) - 26 janvier 2010
J'aime beaucoup l'écriture de Mauvignier dont il faut lire de toute urgence aussi "Loin d'eux" et le magnifique "Dans la foule" sur la tragédie du Heysel. Cet écrivain me touche vraiment au coeur, avec son écriture heurtée, comme écrite dans l'urgence et si belle.
Un très grand livre !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 12 décembre 2009
Moi qui ne lit que rarement des auteurs français contemporains j’ai donc acheté « Les hommes » Bien m’en a pris ! J’aurais pu rater un très très grand livre ! Un des plus grands des dernières décennies avec le dernier Colum McCann.
Je félicite tous les critiqueurs précédents qui ne me laissent plus grand-chose à dire tellement ils ont été bons aussi.
Oui ce livre est colossal ! L’écriture en est particulière mais donne un reflet exact de ce qu’elle entend décrire. Une terrible solitude morale, un désarroi complet. Dès le départ Feu de bois nous semble un homme cassé par son environnement et son éducation. Mais une fois arrivé en Algérie nous irons plus loin encore !
Nous allons nager dans le dégoût, la peur, l’horreur, l’indescriptible, et l’impossible oubli des actes commis lors de moments de folies. Et un côté valait l’autre…
Après les critiques déjà faites je vais me contenter d’une citation :
« … Et comment on peut faire ce qu’avec Bernard on a découvert après, nous deux encore nous deux, lorsqu’il a fallu ouvrir la maison et découvrir le corps de Fatiha (une petite fille de neuf ans) et les parents de Fatiha et le nourisson, tous morts, morts si, comment,
comment on peut faire ça.
Parce que, c’est, de faire ce qu’ils font, je crois pas qu’on peut le dire, qu’on puisse imaginer le dire, c’est tellement loin de tout, faire ça, et pourtant ils ont fait ça, des hommes, des hommes ont fait ça, sans pitié, sans rien d’humain, des hommes ont tué à coup de hache ils ont mutilé le père, les bras, ils ont arraché les bras, et ils ont ouvert le ventre de la mère et-
Non.
On ne peut pas.
Je ne fais que repenser à ça et j’ai beau bouffer tous les cachets que les médecins me donnent, avait raconté Février, je peux en prendre des cachets, et travailler dans la ferme des journées entières et même penser tous les soirs qu’il va falloir encore affronter la nuit, non, j’ai beau avoir pensé ça dans tous les sens, je ne comprends pas. »
Un chef-d’œuvre à lire en urgence même si la première partie est un peu difficile, ne voyant pas où l’auteur veut nous emmener.
un style à part
Critique de HildegardeVonBeaumont (Beaumont, Inscrite le 21 novembre 2008, 56 ans) - 9 décembre 2009
Un roman bouleversant
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 8 décembre 2009
Un roman puissant, dont l’action se concentre sur moins de 24heures , en quatre chapitres inégaux dont le titre indique un moment de la journée : après-midi , soir, nuit et matin . La partie 3, partie pivot, sorte de tempête sous un crâne pour Rabut et consacrée à la remontée nocturne des souvenirs nous renvoie au passé traumatisant de la guerre d’Algérie . Nous comprenons mieux alors le comportement étrange de Bernard évoqué dans les deux précédents chapitres et l’attitude que Rabut finira par adopter au petit matin .
Les deux personnages sont l’un comme l’autre également attachants, l’un comme l’autre brisés par leur expérience algérienne, ils ont réagi différemment , l’un dans une marginalisation, l’autre dans une intégration à la société . La dernière phrase du roman traduit bien cette fêlure irréversible : «Je voudrais savoir si l’on peut commencer à vivre quand on sait que c’est trop tard »
Un roman âpre, magnifique, servi par l’écriture de Mauvignier , une écriture heurtée, qui tient en haleine , qui essouffle, et emmène irrésistiblement le lecteur dans sa course effrénée
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