C'est maintenant ! : 3 ans pour sauver le monde
de Alain Grandjean, Jean-Marc Jancovici

critiqué par Bolcho, le 12 octobre 2009
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
En attendant le globinatron à foutriquet astral…
Un livre qui, par les temps qui courent, n’est pas très original mais présente les choses de manière didactique et parfois même amusante (même si ça fait peur…). Pour ceux qui n’auraient encore rien lu sur la question, c’est un bouquin obligatoire.

Le pétrole fournit aujourd’hui 35% de l’énergie mondiale, devant le charbon (25%), le gaz (20%), le bois (10%). Le nucléaire et l’hydroélectricité se partageant le solde (5 % chacun en gros). On en est à près de 100%. Où sont les énergies nouvelles (éolien, solaire, etc.) ? La géothermie, c’est 0,5%, les biocarburants 0,1 % à 0,3% selon la manière de compter, l’éolien 0,07 % environ, et le photovoltaïque à peu près dix fois moins que l’éolien (et l’énergie des vagues encore moins !). Le plafonnement de la production pétrolière aura lieu bientôt (5 ans environs), et personne n’a dans ses cartons quoi que ce soit de prévu pour y faire face.
Oh, il continuera à y avoir des découvertes de pétrole pendant encore longtemps, mais elles iront en décroissant, et seront peu de chose en regard de ce que nous consommons aujourd’hui.
Quelques intertitres qui parlent d’eux-mêmes. : « Le court-termisme », « Tout, tout de suite », « Quoi, tu n’as pas de portable ? », « Le roi c’est moi », etc.
De l’humour : « Dans votre raisonnement, vous ne tenez pas compte du progrès technique : et l’hydrogène, et l’éolien, et la fusion, et le globinatron à foutriquet astral, vous en faites quoi ? L’humanité s’en est toujours sortie, alors pourquoi se faire du mouron ? ».
Et : « Espérer que le marché non régulé va inciter aux économies d’énergie qui nous éviteront la catastrophe dans vingt ou trente ans est aussi illusoire que de s’attendre à ce que votre papier-toilette se transforme en tickets gagnants au Loto. »

Tout ça pour en arriver au cœur du problème : « La paix, l’actif le plus précieux de l’Europe – et du monde occidental -, ne résistera pas longtemps à une crise énergétique majeure, à une crise majeure d’approvisionnements de ressources stratégiques, ou à une transition climatique massivement destructrice (et encore moins à ce qui est le plus probable, à savoir une savante combinaison des trois). »

Au chapitre des solutions, les auteurs mettent en avant une société future où il faudrait être plus heureux en consommant beaucoup moins, reconstruire nos villes pour en faire de plus petites et plus nombreuses, repeupler les campagnes pour y travailler, circuler peu et dans des véhicules qui seraient les 2CV modernes, garder le nucléaire civil, tendre vers une diminution des inégalités sociales (« tendre vers », hein, pas de panique ! Les auteurs n’ont rien de communistes dangereux et se permettent même l’une ou l’autre page sur les bienfaits de l’économie de marché, ce que personnellement je…mais vous connaissez la suite), taxer l’énergie et non le travail, oublier les vacances à l’autre bout du monde, les fraises en toutes saisons, et même modifier profondément notre alimentation.
Manger moins de viande par exemple. Pour faire de la viande, il faut plein de céréales (3 kg pour un kg de poulet, 10 à 20 kg pour un kg de bœuf !). Plus de la moitié des céréales que nous produisons servent à nourrir les animaux que nous mangeons. Produire des céréales coûte très cher en pétrole (engrais, machines agricoles, transports divers) : sans pétrole, c’est la famine qui pointe le nez et une division par deux de la population humaine sur terre, ce qui serait une sorte de « solution »…finale.