Garibaldi : Les révolutions d'un siècle
de Raphaël Lahlou

critiqué par Jean Berthet, le 16 octobre 2009
( - 89 ans)


La note:  étoiles
Garibaldi, un beau lion vu par Raphaël Lahlou...
L'une des plus grandes originalités immédiates de Raphaël LAHLOU, est d'offrir à Garibaldi un grand et beau style, souple et violent comme la mer, d'en faire don sans rechigner à son héros et aux découvreurs de mondes cachés que deviennent, grâce à lui, les lecteurs. Garibaldi, le marin, le conquérant des Amériques, le bourlingueur de mers et d'océans, de Nice jusqu'en Chine tient un peu de Joseph Conrad - qui l'admirait - et particulièrement de Nostromo. Il tient aussi de Blaise Cendrars et de ses merveilleux héros fêlés. Car il y a une folie Garibaldi. Ce n'est pas celle de l'Or, c'est celle d'une certaine liberté. De la passion politique et charnelle de l'Italie à construire. Disons-le tout de suite, Raphaël Lahlou est un historien qui connaît son sujet à fond. Il a lu tout ou presque et son érudition, loin de donner le vertige, envoûte. Romanesque et terriblement batailleur, rêveur, désintéressé et violent, tendre avec Anita, capricieux et vibrant, voilà Garibaldi de l'Argentine et du Brésil jusqu'à Rome, de la Sicile jusqu'au rocher amer de Caprera.
Injuste avec Napoléon III et Pie IX, méprisant envers Cavour, Garibaldi devait avoir de passionnants coups de sang. On le sent bien, tout frémissant, tout vif, la barbe en bataille et l'oeil en feu, quand on lit le subtil et sauvage portrait qu'en fait Raphaël Lahlou; citoyen français et Nissart, Garibaldi s'est lancé sans hésiter, sans chercher de profit, sans devenir non plus (à l'inverse d'un Che Guevara[Ernesto le petit, serait-on tenté de l'appeler en paraphrasant Hugo] auquel on le compare abusivement et trop souvent) un tueur massif et glacial, idéologiquement raidi par la haine...

Voilà un portrait complet, tout en échos de batailles et chargé de musique et de sentiments forts. C'est plus qu'un portrait d'historien et meilleur qu'un roman. Au surplus, on y croisera un monde fou: un prêtre corse assez passionnant, un officier de marine breton, des tailleurs de jungles et de pampas, des écrivains (de Dumas à George Sand, en passant par Mérimée et Maxime Du Camp). Et aussi un architecte transformé en reporter de guerre: Viollet Le Duc. Avec Raphaël Lahlou, on vit l'épopée, mieux: on la voit, on la chante, on la respire. C'est un livre en vie que ce grand récit. Tout y bouge et palpite. A ne pas manquer...


Jean Berhtet.