Les décombres de la terre

Pavel Hak est un écrivain et dramaturge tchèque ayant étudié en sciences politiques et détenant une licence en philosophie de la Sorbonne. Bien qu’ayant appris la langue française sur le tard, il a choisi d’écrire dans cette langue ce qui est tout à son honneur et me le rend fort sympathique.

Warax est un roman qui raconte quatre histoires en parallèle : il y a Ed Ted Warax, un homme d’affaires mégalomane ayant fait fortune dans le trafic d’armes et dont l’ambition première est de dominer la terre entière, rien de moins. Preston est un jeune homme ambitieux, au bord de la faillite, qui multiplie les contacts et les coucheries afin de parvenir à obtenir le poste tant convoité de directeur de la chaîne d’informations satellitaire « News ». Nous suivons aussi un groupe d’immigrés clandestins appelé « la Meute » qui réussit à passer la frontière afin d’échapper à la misère et qui ne tarde pas à adopter le même comportement que leurs oppresseurs. Et enfin, il y a un groupe militaire d’infiltration qui évolue dans un monde dévasté ou les atrocités, la violence et les horreurs constituent leur lot quotidien.

J’aime bien Pavel Hak, je le trouve sympathique et j’aurais aimé pouvoir lui donner une meilleure note car son livre nous plonge au cœur d’une guerre technologique et bactériologique terrifiante et son style d’écriture ne va pas sans rappeler « L’empire des rats » de James Herbert ou bien aussi « Le voyage d’Anna Blume » d’Auster pour l’absence d’espoir et le monde de destruction et de ruines qui y est décrit. Ce livre est très dur, certaines scènes sont absolument abominables, il y a du sexe cru et des actes de violence répugnants. Je n’ai pu m’empêcher d’être captivée par ce monde de corruption, d’exploitation du faible et de l’opprimé, ce monde impitoyable ou la loi du plus fort règne et où l’avenir de l’humanité s’annonce des plus sombres.

Malheureusement, l’auteur en fait trop. Il introduit trop de personnages et de situations à mon avis. Chaque histoire aurait pu constituer un livre à elle seule donc Pavel Hak ne peut développer les personnages suffisamment et nous les rendre sympathiques ou crédibles. Cela demeure dans le domaine du cliché, des personnages sans âme, sans réelle consistance, qu’on suit avec intérêt dans leurs pérégrinations mais qu’on ne connaît jamais vraiment. Ce sont des ombres, des ébauches et cela est regrettable. C’est extrêmement dense et peuplé. Le début est prometteur pourtant mais le milieu du livre traîne en longueur, l’action piétine, il y a des redondances agaçantes. La fin vient sauver le tout et est particulièrement réussie, enfin j’ai bien aimé la façon qu’a l’auteur de finaliser tout ce fourbi.

Un livre qui mérite le détour et que vous aimerez si les histoires de destruction du monde et d’apocalypse vous passionnent. Les deux thèmes majeurs de l’œuvre de Pavel Hak s’y retrouvent soit la guerre et l’immigration clandestine.

« La paix ne favorisait ni les affaires, ni l’accroissement des richesses. Les capitaux avaient besoin d’éclats de bombes. Les profits prouvaient que la guerre était le meilleur axe politique. Comment ces pauvres masses d’affamés, fanatisées par les religions (ce mal nécessaire pour maintenir la plèbe en ignorance), pourraient-elles ne pas rêver de la mort de l’Empire ? »

« Les guerres actuelles ne laissent pas de cadavres derrière elles. Et, d’une certaine manière, l’Homme n’est plus auteur de ces guerres. Missiles à guidage, avions sans pilote : les guerres actuelles se déroulent en « pilotage automatique ». Quant aux dégâts, les destructions atteignent une telle ampleur que l’homme est détruit bien avant que la guerre n’éclate. »

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  Warax [Texte imprimé], roman Pavel Hak

  de Hák, Pavel
  Seuil / Fiction & Cie
  ISBN : 9782020997157 ; 12,68 € ; 20/08/2009 ; 188 p. ; Broché

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