Manituana de Wu Ming

Manituana de Wu Ming
( Manituana)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Jules, le 10 novembre 2009 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 612ème position).
Visites : 4 997 

Beau, passionnant et intéressant pour l'histoire et les moeurs

Ce livre est une réussite tout en présentant une grande particularité : il n’a pas moins que cinq auteurs ! Et vous serez également étonnés quand je vous aurai dit qu’ils sont Italiens ! Que viennent faire ces derniers dans un livre sur l’Amérique. Pourquoi pas après tout mais pourquoi l’auteur présenté s’appelle-t-il Wu Ming, ce qui fait bien Chinois. On dirait que tout est fait pour nous dérouter.

Nous sommes dans la colonie d’Amérique du Nord dans les années 1760, donc avant l’indépendance du territoire. Une guerre des Anglais et leurs alliés Indiens se termine contre les Français et leurs alliés Indiens. Nous faisons la connaissance d’un certain William Johnson qui a été nommé baronnet par le roi George III et chargé des affaires indiennes. La plupart du récit va se situer sur le territoire des « Six Nations » tout proche du Canada. Parmi celles-ci les principales sont les Mohawks, les Oneidas et les Senecas.

Molly, la jeune femme de William Johnson va jouer un rôle important surtout que son mari va rapidement décéder après qu’elle lui ait encore donné un fils répondant au non de Peter. Les Johnson et leurs amis très proches sont trop nombreux pour que je vous les cite ici.

Par contre, il est essentiel de savoir qu’ils sont d’origine Irlandaise ou Allemande et seront toujours du côté du roi anglais Georges III.

Or une révolte des colons éclate à Boston quand ils jettent une cargaison de thé anglais par-dessus bord. Cette révolte va prendre de l’ampleur. Que vont devoir faire les colons dits loyalistes, mais aussi les tribus indiennes quel camp choisir ?

Il faut dire que les colons rebelles sont des êtres particulièrement rustres et avides. Ils volent les terres des Indiens sans l’ombre d’un scrupule en les faisant boire du rhum puis signer des papiers reconnaissant qu’ils ont cédé leurs terres aux blancs. Chez les Johnson ou n’utilise pas de telles pratiques, on y respecte les indigènes.

Pour mieux pouvoir se décider, une délégation comprenant des Johnson et amis ainsi que des Mohawcs partent pour Londres où ils seront reçus par le roi. Je ne vous dit pas leur étonnement en découvrant cette ville.

A voir la puissance qui se dégage de ce qu’ils voient le choix est fait, convaincus qu’ils sont que la puissance est Anglaise et non du côté de cette milice de rustres révoltés contre le pouvoir.

A vous de découvrir la suite…

L’écriture est belle et souvent poétique dans les descriptions de paysages ou de pensées des Indiens. Il est rare que l’on se rende brièvement compte du fait que l’auteur a peut-être changé. Je ne peux cependant pas vous cacher qu’au sein des différents Johnson il convient de s’y retrouver. Il en va de même pour les noms indiens pas faciles à retenir. Mais on s’y fait relativement vite.

Il est moins facile de se faire aux quelques descriptions de mises à mort par les Indiens. Les tortures sont pour le moins inventives et particulièrement douloureuses et cruelles. Mais il n’y en a pas trop et cela ne fait que quelques lignes qui peuvent facilement être sautées.

J’ai trouvé beaucoup de plaisir à lire ce livre et j’y ai appris pas mal de choses quant à l’histoire de cette prise d’indépendance et de ses conséquences. Il est bien certain que mon intérêt général pour les Indiens d’Amérique y est aussi pour quelque chose.

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Les éditions

  • Manituana [Texte imprimé] Wu Ming traduit de l'italien par Serge Quadruppani
    de Wu Ming, Quadruppani, Serge (Traducteur)
    Métailié / Bibliothèque italienne (Paris)
    ISBN : 9782864246886 ; 16,43 € ; 20/08/2009 ; 507 p. ; Broché
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Un grand roman d'aventure historique

8 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 24 décembre 2013

1755, les Anglais et leurs alliés Iroquois mènent une guerre sans merci contre les Français pour asseoir leur suprématie sur le continent Nord Américain. Vaincu, le royaume de France abandonne définitivement cette région après le traité de 1763. La paix est revenue.

William Johnson, commissaire aux affaires indiennes et Joseph Brant, figure charismatique du peuple Mohawk (une des six nations appartenant à la confédération Iroquoise) peuvent enfin aspirer à un peu de répit dans ce coin d'Amérique connu sous le nom d'Iroquirlande, où se côtoient en parfaite harmonie les Indiens et les colons essentiellement Irlandais.

Le 16 décembre 1773, un groupe d'insurgés, déguisés en Indiens, investissent trois navires amarrés dans le port de Boston et jettent par dessus bord les cargaisons de thé pour protester contre les taxes de plus en plus lourdes imposées par la couronne Britannique. L'engrenage du conflit entre les indépendantistes et les loyalistes est désormais enclenchée.

William Johnson est mort entre temps. Son fils, Guy Johnson, et les membres de sa famille, ainsi que ceux restés fidèles à la mémoire de William, décident de porter les couleurs de la couronne Britannique. De son côté, Joseph Brant s'efforce d'unir les membres de la nation Iroquoise afin qu'ils rallient la cause des Britanniques. Il sait que la plus grande menace qui pèse sur son peuple est la prédation des indépendantistes sur leur territoire ancestral, que rien n'arrêtera l'expansionnisme des colons sans l'arbitrage du pouvoir Britannique qui leur a toujours garanti une totale indépendance territoriale et commerciale. Des dissensions vont naître à cette occasion entre les six nations entraînant la division de la grande maison Iroquoise.

La suite du récit nous plonge dans ce conflit brutal entre des êtres épris de liberté, mais en même temps prisonniers de leur idéaux qui ostracisent les aspirations légitimes de chacune des parties qui s'affrontent.

Comme l'a dit Jules dans son préambule, j'ai été au début un tant soit peu circonspect sur l'intérêt de ce roman écrit à dix mains par des auteurs Italiens qui "se cachent" sous un nom Chinois. Mais après avoir dépassé cet a priori absurde et non fondé a posteriori, je me suis plongé sans la tête la première dans ce récit fabuleux. L'écriture est magnifique et d'une sobriété remarquable, ce qui n'exclut pas cependant quelques envolées lyriques parfaitement maîtrisées. Le contexte historique est parfaitement rendu grâce à une documentation qui, je ne puis en douter, a demandé aux auteurs un travail énorme pour rendre plausible et cohérent l'ensemble de cette histoire qui mêle des faits et des personnages réels à une construction romanesque fascinante.

Posséder un minimum de connaissance sur cette période de l'histoire peut s'avérer utile pour mieux appréhender les faits qui sont abordés dans ce récit, mais ceci dit rien n'empêche de prendre plaisir à cette lecture pour n'importe quel profane en la matière, bien au contraire cela peut susciter un intérêt particulier pour ces événements majeurs qui ont participé à la naissance des Etats-Unis.

Une agréable surprise

8 étoiles

Critique de Senoufo (, Inscrit le 9 janvier 2009, 66 ans) - 9 décembre 2009

Tout d'abord, il est difficile de dire quelque chose de plus par rapport à la critique de Jules. Cette histoire nous entraîne du côté des perdants, des anglais et de leurs alliés indiens ( sans parler des perdants français de la précédente guerre, dite 'petite guerre' car faite à la façon des indiens et non à la façon européenne). Pour les personnes qui sont, comme moi, ignorantes de cette partie de l'histoire, un résumé de la vraie histoire nous permet de re-situer à tout moment l'action qui s'étale sur plusieurs années.
La mentalité des indiens semble fidèle ( semble, car je ne connais pas particulièrement cette période de l'histoire) et à la fin du livre, on se sent plus proche d'eux, malgré les atrocités dont ils sont capables. Comme l'indique Jules, il y a une belle écriture, mais qui ne tombe pas dans la lourdeur et reste complètement lisible. Le seul bémol, c'est ce découpage en tas de petits chapitres ( dû certainement à l'écriture à dix mains), qui hache trop le récit. Mais je conseille la lecture, quand même.

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