Est-ce ainsi que les femmes meurent ?
de Didier Decoin

critiqué par Marvic, le 18 novembre 2009
(Normandie - 66 ans)


La note:  étoiles
Le syndrome Kitty Genovese
Kitty Genovese est une jeune new-yorkaise sauvagement assassinée.
Mais cette mort aurait pu être évitée; 38 témoins ont vu ou entendu Kitty sans intervenir.
D'autres meurtres ont été commis, et à travers les yeux d'un couple habitant le même immeuble que Kitty mais absents cette nuit là, nous allons suivre le déroulement de ces actes des barbarie accomplis avec une effrayante froideur par un assassin au raisonnement imperturbable.

Un livre court et dense, une écriture toujours aussi fluide et agréable;
bien loin du Cotentin, Didier Decoin nous emmène dans un superbe roman qui outre le plaisir de la lecture , nous amène à réfléchir.
le monde moderne 9 étoiles

Et paf! C'est comme ça aujourd'hui. Decoin décrit un meurtre à New York,vu par une trentaine de personnes qui ne font rien pour aider la victime. Ca aura pu se passer à Paris, à Rotterdam, bref, n'importe où. Terrible, effectivement, on se sent coupable en lisant l'histoire. Que les témoins ne sont pas jugés, ou que Decoin ne s'en occupe pas vraiment dans son livre est, à mon avis, fait volontairement. Ca montre encore plus qu'on n'a pas grand chose à faire des problèmes des autres.

Joanna80 - Amiens - 68 ans - 15 mai 2015


Le confort et l'indifférence 10 étoiles

Une jeune femme rentre chez elle tard le soir et se fait sauvagement assassiner par un tueur sadique dont le plaisir est de violer des femmes mortes et encore chaudes qu’il exécute de sang froid. Cet homme possède une double personnalité : le jour, il est un père exemplaire de même qu’un employé irréprochable mais la nuit, il se transforme en monstre assoiffé de sang et incapable de maîtriser ses pulsions de violence. Il choisit ses victimes au hasard sans jamais les avoir vues auparavant. Il arpente les rues de New York à la recherche d’une proie qui ne lui résistera pas car il préfère les femmes passives qui se laissent faire sans se débattre.

Ce livre m’a valu une nuit blanche car impossible de quitter avant la toute dernière page tellement le récit est captivant. Didier Decoin possède l’art de raconter des faits divers sordides. Ce récit épouvantable ne réconciliera personne avec l’être humain au contraire. Il met en lumière le fait que des monstres sommeillent, prêts à frapper leurs victimes sans que personne ne réagisse. Il nous confronte à notre propre lâcheté. En effet, on ne peut s’empêcher de se demander ce que nous aurions fait face à de tels événements tragiques et la réponse à cette introspection n’est pas nécessairement celle que nous voudrions qu’elle soit. De plus, la question de savoir si la victime méritait son sort en raison de son style de vie déluré et de son homosexualité vient nous confronter à nos propres préjugés. Plus qu’un simple compte rendu d’assassinat, ce livre est lourd de sens et nous force à réfléchir sur notre nature d’être humain dont la médiocrité domine trop souvent nos vies et nous rend indifférents au sort et à la souffrance d’autrui. Livre choc révoltant devant le sort réservé au coupable qui s'en tire et évite la peine de mort et peux ainsi profiter de ses années de détention pour obtenir quelques diplômes universitaires...

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 13 août 2013


Que se passe-t-il dans leur tête? 9 étoiles

J'ai acheté ce livre comme une vraie victime du marketing. En effet, la couverture représente l'affiche du film de Lucas Belvaux tiré de ce récit. Compte tenu de l'intérêt que porte le 7eme à cette histoire, je pensais acquérir un polar dans la plus pure tradition: un meurtre, une enquête policière, le suspense concernant le tueur etc... Et bien pas du tout.
Decoin, au travers de ce récit basé sur des faits réels, nous offre une analyse poussée de la psychologie des intervenants. Il prend la peine de bien détailler le cadre et nous fournit sa version de ce qui s'est passé dans l'esprit de la victime, du tueur, de l'avocat, du juge, des témoins et voisins.... J'ai trouvé cette approche passionnante. Au terme de la lecture, j'avais dans l'esprit d'octroyer la cote de 4/5 à ce livre. J'ajoute un demi point pour l'épilogue qui fournit plusieurs pistes de réflexion concernant les faits à la lumière de la psychologie sociale.

Pour répondre à la critique de Nina2, pour 6,10 euros, j'estime en avoir eu pour mon argent.

AntoineBXL - Bruxelles - 45 ans - 27 mars 2012


Une semi-déception 5 étoiles

Didier Decoin garde son style fluide et agréable, et le New-York des années 60 y est superbement décrit.

Mais je reste sur ma faim. Je pensais lire une réflexion intense sur la lâcheté humaine, sur le fameux syndrome Kitty Genovese, essayer de comprendre les mécanismes psychologiques qui ont régi l'attitude de ces témoins, je pensais que j'allais être ébranlée dans mes certitudes, que j'allais finalement me demander : "et moi? serais-je vraiment descendue voir ce qu'il se passait?"

L'ouvrage relate les faits, on connait mieux la personalité de l'assassin, celle de Kitty, et à travers le regard de ce vieil homme on a un descriptif précis du déroulement de cette affaire, du lendemain du meutre au procès et bien après encore. Mais pas de réflexion réelle et poussée sur l'attitude des témoins, pas de questionnements au delà du constat navrant. L'épiloge apporte enfin quelques élements.

Très factuel, répétitif quelquefois. Un peu déçue, en somme. Pour quiconque connait cette terrible affaire, on n'apprend rien de plus.
Mais ce livre reste très plaisant à lire.

SidonieLasalle - - 50 ans - 18 mars 2012


dramatique! 5 étoiles

C'est une histoire dramatique qui a montré l'indifférence de la société face à la détresse humaine.
Pour quelle raison ces gens ont-ils réagi ainsi? Peut- être, n'avaient-ils pas l'âme d'un héros? Etaient-ils atteints de lâcheté ou tout simplement d'indifférence? Avaient-ils subi le syndrome de genovese ou diffusion de responsabilité?
Aussi, à l'époque, la négligence de l'autorité face aux agressions (comme le numéro d'appel d'urgence inefficace, par exemple) a été une des causes du meurtre.
Soit, toujours est-il que ce fait divers ne valait pas spécialement la peine d'être romantisé. je pense que quelque bonnes recherches sur internet auraient donné les mêmes sensations qu'à la lecture du livre; d'autant plus que pour les quelques pages qu'il contient, ce livre n'est pas donné.

Nina2 - - 43 ans - 20 juillet 2011


un principe psychologique mondialement reconnu 7 étoiles

C'est sous l'angle de la psychologie sociale que j'ai été amené à lire ce livre. Le syndrome Kitty Genovese nous renvoit aux principes de soumission à l'autorité de Milgram mais aussi à celui de la paresse sociale et la diffusion de la responsabilité. Le roman court de Didier Decoin se lit d'une traite. La forme sert le fond à travers un style direct relatant des faits et aboutissant à un constat froid. Celui,quelque part, de la lacheté des hommes.

Seb - - 47 ans - 24 août 2010