Ecoute mes lèvres
de Jana Novotny Hunter

critiqué par Spiderman, le 26 novembre 2009
( - 62 ans)


La note:  étoiles
Silence, on cause !
Que savons-nous de l'univers de ceux qui entendent peu ou mal ? Nous croyons avoir un minimum de connaissances en voyant les personnes qui s'agitent en bas de certains écrans de télévision : il existe une langue des signes.
La situation des sourds et malentendants (à chacun de choisir son niveau de correction politique lexicale !) est infiniment plus complexe et ce livre de littérature jeunesse en offre un bon aperçu à tous les publics.
Deux mondes s'affrontent : les oralistes, capables d'articuler avec leur bouche et de lire sur les lèvres et les signeurs qui s'expriment avec leurs mains. Ceux qui veulent réunir les deux modes de communication font les deux à la fois.
Dans un institut américain, Cathy, 17 ans et signeuse tombe amoureuse de Joey, oraliste. A travers cette histoire racontée aux ignorants bavards et entendants que nous sommes, c'est une plongée sympathique et ouverte qui nous est offerte dans le monde du silence.
A offrir aux ados qui abusent des écouteurs, à tous ceux qui ignorent la chance que constitue le simple fait d'entendre et à lire pour découvrir un monde dont nous entendons si peu parler.
Un joli coup de cœur au rayon jeunesse. 9 étoiles

C'est un joli coup de cœur que je referme à peine.
Plongée dans ma bulle de lecture, imperméable aux distractions extérieures, j'ai parfois eu l'impression d'être Cat, perdue dans le silence.
C'est un beau roman que celui-ci, car il nous aide à aborder un thème sur lequel on s'interroge assez peu finalement. Comment vivent les gens sourds? De quoi sont fait leurs rêves? Comment se réveillent-ils le matin?
Grâce à Jana Novotny Hunter, nous pénétrons cet univers silencieux avec une aisance assez bluffante, c'est souvent d'ailleurs tout l'intérêt des romans jeunesse (à mon sens).
Nous suivons donc Cathy, 17 ans, angoissée mais volontaire, qui face à ses propres contradictions, devra apprendre à parler, à lire sur les lèvres, afin de pouvoir trouver sa véritable place dans une communauté de sourds et malentendants divisée par les idéaux des uns et des autres - les signeurs considérant les oralistes comme des traîtres à leur nature, et les oralistes considérant les signeurs comme des arriérés de la communication - et pouvoir enfin s'ouvrir au monde extérieur des "entendants". On se laisse instruire, tout en suivant les mouvements du cœur de Cathy et Joey, ce qui n'est pas désagréable. Cette jeune héroïne est un personnage complexe et très intéressant, car partagée entre sa nature d'adolescente lambda aux hormones en folie, et la maturité que lui confère sa surdité et le mode de vie qui l'accompagne.
Une belle histoire, prenante et instructive, à lire à tout âge.

Au passage :
"La piste déserte me tend les bras. Je m'élance et je cours, je cours... Quand je cours, je suis MOI. Pas une étiquette - ni sourde ni entendante, ni oraliste ni signeuse -, MOI, tout simplement. MOI, qui cours, cours, cours de plus en plus vite. Les larmes que j'ai si longtemps retenues me brûlent les joues, tandis qu'un refrain terrible résonne dans ma tête au rythme de mes pas. "Oralistes et signeurs ne se mélangent pas, oralistes et signeurs ne se mélangent pas, oralistes et signeurs ne se mélangent pas"
Cat, p.118

Sakalivres - - 37 ans - 16 juin 2015


Les enfants du silence 8 étoiles

Cat est une adolescente californienne devenue sourde à l’âge de cinq ans, élève en dernière année dans une institution spécialisée, où les enfants se séparent en deux groupes antagonistes : les oralistes et les signeurs. Les premiers lisent sur les lèvres et utilisent le peu qu’ils ont de parole, les seconds ne parlent que la langue des signes. A travers cet antagonisme, ce sont deux visions de la place des sourds dans la société qui s’expriment : tâcher de s’intégrer malgré le handicap ou former une communauté de sourds hors du monde des entendants ?

Cat est une signeuse, elle est paniquée à l’idée d’affronter le monde après sa dernière année. En même temps, elle veut étudier et devenir avocate. Elle remet en question l’opposition entre signeurs et oralistes au risque d’exacerber les tensions… et puis elle tombe amoureuse d’un oraliste ! C’est pire que d’aimer un Capulet quand on est une Montaigu.

Le grand mérite de ce petit livre sans prétention qui s’adresse d’abord aux ados, c’est de nous faire découvrir ou redécouvrir que les sourds restent très peu intégrés dans nos sociétés parce que cette intégration est difficile : la surdité ne se voit pas, paradoxalement elle isole peut-être d’autant plus. Les sourds ont longtemps été considérés comme des idiots et la langue des signes interdite. Aujourd’hui, la surdité reste un handicap majeur mais dont on parle assez peu. Ce livre vient nous rappeler le grand bonheur que c’est de s’entendre et nous fait découvrir un peu le monde difficile de ces enfants du silence.

Guigomas - Valenciennes - 54 ans - 8 octobre 2012


Original... mais rejoint le banal 7 étoiles

S'il est vrai que le thème est tout à fait original et intéressant, l'histoire (amourette d'adolescent) rejoint le banal des romans tout faits pour la jeunesse. Le bel amoureux, la meilleure amie en désaccord, la méchante fille avec ses deux acolytes,...
Alors oui, nous plongeons dans un univers inhabituel et méconnu de beaucoup d'entendants et nous prenons conscience de problèmes que rencontrent les mal-entendants, mais les personnages font défaut, car si le fond de l'histoire est bien, le remplissage est quelque peu décevant.

Coco-choco - - 30 ans - 1 mai 2010