Hilda
de Marie Ndiaye

critiqué par Tistou, le 30 novembre 2009
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Pièce radiophonique
« Hilda » se présentait, sans plus de précisions, comme une courte pièce de théâtre. Elle s’avère en réalité une pièce radiophonique commandée par Radio France.
Quatre personnages interviennent dans cette pièce ; Hilda, son mari Franck, sa sœur Corinne et Mme Lemarchand. Et quand je dis quatre j’exagère puisque si tout gravite autour d’Hilda, à l’instar de l’Arlésienne, celle-ci n’apparaîtra pas. Son sort est débattu, mis sur la place publique, sans qu’elle intervienne, un symbole, j’imagine, d’une certaine condition féminine dénoncée par Marie Ndiaye.
De quoi s’agit-il ? Mme Lemarchand, bourgeoise aisée qui se dit de gauche recherche absolument une bonne, bonnes qu’elle semble consommer – consumer ( ?) à grande vitesse. Une bonne qui soit belle, qui soit propre, qui sache se tenir, qui soit saine … Et Mme Lemarchand a entendu parler de Hilda – qui n’est pas une bonne – et Mme Lemarchand veut absolument Hilda. Il se trouve que Hilda et Franck forment un couple à la limite de la pauvreté. Seul Franck travaille et il faut entretenir également les deux enfants …
J’ai parlé de l’Arlésienne, j’évoquerais également « En attendant Godot », pour l’atmosphère impitoyable, le destin tracé et déjà perdant, l’inéluctabilité du drame et cette Hilda qu’on ne verra pas. Et je passe la « glauquitude » du propos.
Nous sommes dans une pièce, avec le type d’emphase, de symboles outrés propres à ce genre de création. Mme Lemarchand va donc montrer une espèce de folie douce, d’acharnement déglingué à s’attacher les services d’Hilda. Et Hilda va très vite justement être « attachée » à la maison Lemarchand ; la dame, ses enfants et le mari, jusqu’à se dissoudre et perdre identité et vie dans ce transfert.
C’est une chose abominable, une parabole désespérante … Mais la condition des femmes en certaines circonstances et certains lieux … ?

« Mme Lemarchand. – Oui, oui … Mais, finalement, monsieur Meyer, finalement peu importe mes petits travaux. Je me suis laissé dire que vous avez une femme qui ferait mon affaire. J’espère que votre femme est disponible, j’espère qu’elle est courageuse et dure à la tâche, et propre, propre surtout. Je ne supporte pas autour de moi ce qui ressemble, de près ou de loin, à du laisser – aller. Mais on m’a dit que votre femme est propre et vaillante et qu’elle s’appelle Hilda. Est-il exact qu’elle s’appelle Hilda ? Comment cela est-il possible ? Hilda. »