Mort dans l'après-midi
de Ernest Hemingway

critiqué par Jules, le 2 janvier 2002
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
On aime ou pas, mais un grand écrivain
Dans ce livre, Hemingway a pour seul objectif de tenter de décrire ce qu’est une corrida. Nous sommes dans les années vingt et l’auteur passe assez bien de son temps en Espagne à l’époque où la saison bat son plein.
Avant d’assister à des courses de taureaux, il pensait qu’il serait dégoûté, si pas malade. Aussi, commence-t-il par reconnaître qu’il comprend que quelqu'un puisse ne pas aimer cela. Une grande partie de la difficulté à accepter la corrida vient de la mort éventuelle du cheval dit l'auteur. En effet, celui-ci meurt le plus souvent en perdant les tripes et s'emmêlant les pattes dedans. Un triste spectacle ! Il est protégé, mais pas suffisamment.
Hemingway deviendra un très grand spécialiste de ce que les Espagnols considèrent comme un sport. Plus tard, dans les années cinquante, ceux-ci prendront l'habitude de se lever et de l’applaudir au moment de son entrée dans les gradins Il l’appréciera comme un vrai « aficionado » peut le faire, tant il deviendra un véritable connaisseur capable de juger de la qualité du travail de chacun : les picadors, les banderilleros, le matador et le taureau.
Le plus grand des toreros des années vingt est Juan Belmonte, mais il y a aussi les célèbres El Gallo, Joselito, Manolo Bienvenida, Marcial Lalanda et autres. Plusieurs d’entre eux mourront dans l’arène.
Hemingway nous décrit très bien les différentes passes à faire et les qualités de courage et d'adresse qu’il faut. Le plus difficile est de réussir la mise à mort : elle doit être la plus immédiate possible une fois l’épée plongée dans le corps du taureau. Le taureau aussi doit être brave, farouche, allant au combat et solide.
Il nous explique qu’il y a différents types de courages : « Il (Martinez) est courageux presque avec humour. C'est une sorte de courage bravache, tandis que celui de Villalta est vaniteux, celui de Fortuna stupide et celui de Zurito mystique. »
Hemingway nous rappelle que « Dans tous les arts, le plaisir croît avec la connaissance que l’on a d'eux ». Il considère qu’écrire sur la corrida est un merveilleux exercice car il faut se limiter à expliquer et décrire, or « N’oubliez pas cela non plus : tous les mauvais écrivains sont amoureux du ton épique. »
Dans « L’Eté dangereux » qu'il écrit en 1958, à l'origine un reportage demandé par « Life », Hemingway commence à parler de tricheries dans les corridas : des taureaux trop jeunes, n’ayant pas l’ossature ni la musculature proportionnelles au poids, des cornes limées à la pointe, utilisation d'artifices par les toreros pour faire croire qu’ils sont plus près de la bête qu'ils ne le sont en vérité etc.

Un livre qui n'attirera pas grand monde, mais les amateurs le trouveront excellent !
Un pur chef-d'oeuvre! 9 étoiles

Bien que très peu amateur (voire même pas du tout) de tauromachie, ce livre m'a fasciné de bout en bout.
Hemingway m'ennuie parfois. Là pas du tout.
Un pur régal. L'auteur maitrisait parfaitement cet univers qu'il nous fait découvrir avec un grand talent.

Moosbrugger - - 51 ans - 7 octobre 2010