Le dernier protocole ne se lit pas, il se dévore. Inutile de résister à la quête de “celle que l’on ne peut pas nommerî: les personnages nous entraînent à leurs côtés. On s’enivre au vin de Feuges avec Daidran qui prend la décision douloureuse de tout quitter pour suivre son ami Adébran. On frémit, auprès de Jeanne, aux paroles de Roland transgressant la loi. Les contes indicibles du mage, racontés pour les beaux yeux de Lacice, nous transportent. Et c’est finalement sur l'épaule de la belle que l’on s'endort lorsque le feu apporte encore un peu de chaleur.
L’auteur, François-Xavier Heynen, nous décrit un monde fantastique, jalonné de repères géographiques, historiques et sociologiques propres, dans la grande tradition des fresques du genre. Mais, et c'est ce qui rend la lecture très agréable, l'auteur nous laisse en contact permanent avec les personnages. Ils sont au coeur de chaque page et chaque page est une avancée dans l’histoire et sa compréhension. Le rythme en est haletant.
Ce voyage en fantastique aborde des questions essentielles pour l’homme. Il interroge nos propres contradictions, notre fidélité à des idées, à un engagement, à des valeurs ou à l’amitié lorsque les pressions extérieures se font hostiles. Ainsi Adebran dit-il : " J’ai donc promis. mais quelle est la valeur d’une promesse lorsque la promesse elle-même consiste à nier une autre promesse. Comment puis-je encore promettre ? Oui je peux promettre ! Mais je ne peux pas croire en la promesse. C'est paradoxal : la promesse est multiple, déchirée, incompatible avec elle-même. "
Barabas - Auderghem - 48 ans - 1 février 2002 |