Luther (1483-1546) de Edwin P. Booth
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La vie d'un Prophète
Cette biographie a été écrite, en 1934, par un certain Edwin P. Booth – dont, malheureusement on ne nous dit rien, sinon qu’il était professeur d’Histoire de l’Église à l’université de Boston.
On devine dans le texte que cet auteur était chrétien catholique romain, mais on voit à travers son récit qu’il nourrissait pour Luther la plus grande admiration. Et c’est mérité : Luther était un des plus grands prophètes chrétiens des temps modernes.
Même en dehors de tout contexte religieux c’était un personnage monumental : il a traduit le nouveau Testament en allemand ; puis les lettres de saint Paul et la Bible dans son entièreté. À cette époque le monde germain s’exprimait dans une multitude de patois. Pour que sa traduction soit compréhensible par tous, Luther a inventé la langue allemande unifiée telle qu’on la parle encore aujourd’hui.
Son œuvre est comparable, toute proportions gardées, avec celle de saint Jérôme qui a traduit la bible en latin.
On connaît, en gros, les origines de son Église réformée : son voyage aux enfers dans la Rome de la Renaissance, ses querelles avec les Papes et surtout, sa révolte contre le commerce des indulgences qui finançait les armées des Princes, les travaux pharaoniques de Rome, et les débauches pontificales.
Ici, tout ça nous est raconté par le menu et c’est passionnant !
Comme c’est souvent le cas dans les biographies des auteurs anglo-saxons, notre auteur nous remet le personnage dans son temps ; et l’époque où vécut Luther est une époque de géants ; on pourrait y passer sa vie sans s’y ennuyer un seul instant.
On y rencontre les Charles-Quint, François 1er et Henry VIII ; Soliman le Magnifique et les Princes de la Renaissance : les Médicis, les Borgia, les Pape Léon X et Jules II. On y rencontre aussi Thomas More et Ignace de Loyola fondateur des Jésuites, les Machiavel et les Savonarole ; les Michel-Ange, Raphaël et Léonard de Vinci sont là aussi... sans parler des Christophe Colomb et des Magellan…
Cette époque est fantastique et marque un tournant du monde ! On n’a que le regret que ce livre n’ait pas quelques centaines de pages de plus pour nous raconter tout ça.
Mais le plus intéressant, ici, est sans doute de rencontrer Érasme et les humanistes.
Érasme était un grand ami et admirateur de Luther mais il ne l’a pas suivi ; les humanistes n’étaient pas athéistes, loin de là, mais leur conception de la religion était moderne et basée sur le libre-arbitre alors que Luther était de la vieille école, celle du Moyen-Âge issue de saint Augustin.
Ici aussi on aurait voulu que l’auteur consacre plus de pages à ces conceptions théologiques car, finalement, elles sont la clef de l’attitude de l’homme face à Dieu ; elles concernent donc la condition humaine dans son entièreté – sauf, évidemment, pour ceux qui ont décidé que Dieu n’existait plus.
Mais ce serait l’objet d’un autre livre…
Cette biographie de Luther est, à mon avis, un fleuron de la belle collection « Bibliothèque Historique – Payot, Paris » et c’est tout dire !
C’est un livre qui n’est pas difficile du tout et donc à mettre dans toutes les mains.
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La naissance du protestantisme
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 25 octobre 2010
Luther, jeune moine chez les Augustins, vit dans les tourments de la damnation éternelle et du péché : nous sommes à une époque de grandes peurs (peste) et la théologie médiévale est imprégnée de la peur de l'enfer. Luther fait un chemin spirituel pour apaiser cette angoisse, ainsi c'est lorsqu'un maitre spirituel lui conseillera de porter son regard sur le Christ crucifié qu'il sera touché par la miséricorde divine. Très attaché à l'Église, Luther est scandalisé par la déchéance de celle-ci, surtout que cette débauche est financée par le sordide trafic des indulgences. C'est le début de sa lutte contre la papauté : Luther écrit des textes très durs contre le pape, qui lui vaudront des procès. Mais le malheur c'est que le pape engage le combat sur un plan politique uniquement, il est incapable (et son entourage aussi) d'affronter Luther sur un plan théologique.
L'auteur montre l'évolution des différents courants du protestantisme, on y apprend que Luther croyait à la présence réelle du Christ lors de l'eucharistie (Hoc est enim corpus meum) contrairement aux réformateurs Suisse. Il y est aussi question d'Erasme et des humanistes, et la querelle à propos du libre arbitre, la question sur laquelle Erasme n'a pas pu suivre Luther.
Bref, ce livre est très intéressant et montre comment le protestantisme a pu, dans un contexte politique et historique, prendre naissance en réaction à une église romaine en pleine décadence.
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