Le tour du monde en 80 jours, tome 1 (version BD)
de Jules Verne, Loïc Dauvillier (Scénario), Aude Soleilhac (Dessin)

critiqué par Shelton, le 4 décembre 2009
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Un bon début d'adaptation d'un grand roman
Nous voici en présence d’une adaptation en bande dessinée d’un roman d’aventures devenu un grand classique car il fait partie de ces ouvrages que nous croyons tous connaître. Qui oserait dire qu’il ne connaît pas « Le tour du monde en 80 jours » ? Je reconnais que l’affaire est beaucoup moins simple car certains, peu nombreux en fait, ont lu le roman d’origine tandis que d’autres, en beaucoup plus grand nombre, ont vu une adaptation en dessin animé qui a fait les beaux jours de la télévision et des émissions pour la jeunesse… Mais il faut savoir que ce roman mythique a été adapté deux fois au cinéma, deux fois en dessin animé, une fois en téléfilm et une en jeu vidéo avant d’arriver, enfin, en bédé !

Aujourd’hui, faire le tour du monde si vite n’impressionne plus car les records tombent les uns après les autres. Rappelons encore, avant d’ouvrir le premier volume de cette adaptation, que c’est ce roman qui a donné l’idée de la création du trophée Jules Verne qui motive marins et équipages, idée d’Yves Le Cornec en 1985. Actuellement, le temps de référence est celui de Loïc Peyron et ses amis en plus de 50 jours…

Mais qu’est ce qui provoque le départ de Phileas Fogg pour son périple ? Tout commence à Londres, au Reform Club, dans une ambiance « so British »… La technique permet de faire le tour du monde très rapidement… Dix fois plus vite qu’il y a cent ans (nous sommes en 1872)… En quatre-vingts jours ! Non ! Si ! et un pari est engagé entre Phileas et ses amis du club… La modique somme de vingt mille livres…

Dès lors, avec méthode et obstination le gentleman s’affaire pour gagner son pari. Il est accompagné par son serviteur français Jean Passepartout qu’il vient d’embaucher à la place de son vieux majordome qui avait eu l’outrecuidance de lui servir une eau de barbe trop froide de quatre degrés. Il faut dire que Phileas est très précis, scientifiquement attaché à tous les détails… C’est presque une pathologie…

Nos deux voyageurs partent donc en train de Londres et doivent donc revenir avant quatre-vingts jours d’un périple qui n’a rien de tranquille. Sans le savoir, ils vont être suivis et perturbés par un policier, le détective Fix, qui est persuadé que notre voyageur est parti après avoir volé la banque d’Angleterre…

Dans ce premier opus, nous voyagerons de Londres à Bombay en passant par Paris, Turin, Suez… mais c’est dans le train entre Bombay et Calcutta que Phileas aura sa première grosse surprise…

Le scénario et le découpage sont très proches et respectueux du roman de Jules Verne. Certes, pour respecter le rythme propre à une bande dessinée les auteurs ont choisi de mettre quelques poursuites qui donnent la possibilité de pages plus visuelles comme à Bombay (pages 36 à 42). Même si les dessins sont assez éloignés de ceux de Hergé, cela ressemble un peu à une citation de Tintin au Tibet, Haddock et Passepartout étant confrontés à la vache sacrée (la même ?). Passepartout attrapera son train in extremis comme Haddock son avion…

Le dessin et la narration graphique sont parfaitement adaptés au roman initial et le lecteur est pris par ces images sans aucune réticence… Les couleurs d’Anne-Claire Jouvray sont, à mon avis, un peu fortes et c’est peut-être pourquoi Aude Soleilhac les reprendra à son compte dès l’album prochain… J’aime particulièrement le graphisme d’Aude Soleilhac car il fallait se glisser entre les illustrations d’origine de Neuville et Benett et la version animée Claudio Biern Boyd que beaucoup de jeunes ont encore en tête. Le pari est réussi et l’album devrait satisfaire de très nombreux lecteurs par son réalisme libre et son dynamisme enchanteur.