Betty Blues
de Renaud Dillies

critiqué par Dirlandaise, le 15 décembre 2009
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Un train pour nulle part
Le bédéiste Renaud Dillies est l’auteur de l’album « Un jardin d’hiver » que j’ai beaucoup aimé. Donc, je continue à le lire et à découvrir son travail. Je n’aime pas trop la bande dessinée animalière et j’ai commencé cet album en ronchonnant un peu mais je me suis vite laissée charmer par cette histoire.

« Little Rice Duck » est un canard trompettiste de jazz jouant au Tequila Sunrise. Un soir, alors qu’il est en pleine représentation, sa petite amie Betty Blues, assise au bar, se fait aborder par un riche nabab qui lui promet une vie de rêve et lui offre toute une caisse de champagne afin de gagner ses faveurs. Voilà donc Betty partie pour la gloire au bras de son prince alors que le pauvre Rice découvre avec horreur la trahison de sa maîtresse. Fou de douleur, il décide de tout plaquer et de prendre un train pour nulle part…

Je me suis extrêmement amusée à suivre les aventures de Rice et de Betty. Chacun suit sa voie en espérant améliorer son sort ou oublier sa peine. Betty réalise que l’argent ne fait pas le bonheur alors que Rice comprend que la musique, c’est sa vie et qu’on ne peut tout plaquer du jour au lendemain un art qui a été une raison de vivre pendant de longues années. Je n’ai pas trop aimé les dessins. Ils sont bizarres, très texturés, mouvants et à la limite de la vulgarité. J’avais souvent du mal à distinguer ce qui était illustré. Les couleurs sont violentes et crues. Cependant, l’histoire est excellente et bien montée. En fait, on suit trois histoires en parallèle : les aventures de Betty dans la haute société, le voyage de Rice qui le conduira dans une petite ville où il fera la connaissance d’un hibou terroriste amoureux des arbres et enfin, le couple qui partait en croisière mais qui a dû renoncer à son projet pour cause de trompette reçue sur la tête.

C’est très amusant à lire et pourtant, c’est une histoire dramatique. Le charme a très bien opéré sur moi et je me suis tout de suite prise d’affection pour les personnages. Il y a une certaine critique sociale, un soupçon d’écologie, beaucoup de nostalgie et surtout, de la musique encore et toujours…

« Betty Blues » a remporté le prix du premier album à Angoulème. Renaud Dillies est passionné de musique et ce thème revient souvent dans ses bandes dessinées. À lire donc sans hésiter. J’ai enlevé la moitié d'une étoile pour les dessins.