Mélodie au crépuscule de Renaud Dillies (Scénario et dessin), Christophe Bouchard (Couleurs)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire

Critiqué par Dirlandaise, le 15 décembre 2009 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 208ème position).
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Un violon sur le toit

Pas question pour moi d’enlever ne serait-ce que la moitié d’une étoile à ce conte merveilleux qui m’a littéralement charmée pour ne pas dire envoûtée ! C’est l’histoire de Scipion Nisimov, un simple fonctionnaire dont la vie est toute réglée d’avance et qui, suite à une déception amoureuse, se console et se réfugie dans le monde merveilleux de la musique. Dans une entrevue, monsieur Dillies a confié vouloir rendre avec cet album un hommage spécial au guitariste gitan Django Reinhardt. En effet, notre pauvre fonctionnaire dont le monde vient de s’écrouler, fait la rencontre d’un gitan dont la principale activité consiste à pêcher à la ligne. Notre gitan est philosophe et ne se préoccupe pas de toutes ces tracasseries administratives dont la vie de Scipion est infestée. Il est libre et fier de l’être. De plus, il est musicien et sa musique est une grande source de réconfort pour Scipion qui décidera lui aussi de s’adonner à cet art.

La musique est un thème cher à Renaud Dillies et il lui fait une large place dans cet album absolument fantastique. Encore une fois, je me suis laissée prendre au talent irrésistible de raconteur de monsieur Dillies. Il m’a fait vivre un instant de pur ravissement ! Ouvrir cette bd, c’est plonger dans un monde merveilleux, imprégné d’une douce folie et sorti tout droit de l’imagination débridé d’un excellent auteur. Les dessins ne m’ont pas irritée comme dans « Betty Blues » mais pour les couleurs, elles sont peut-être un peu trop criardes et on a abusé du jaune mais dans l’ensemble, ce n’est pas désagréable. L’histoire est encore une fois excellente. On retrouve les thèmes typiques de la trahison qui fait que le monde autour de nous s’écroule et monsieur Dillies illustre d’une façon fort pertinente cette fin du monde personnelle. Il y a aussi l’amitié, la prison que constitue une vie d’employé de l’État, la liberté et bien sûr, la musique.

Ouvrez cet album et plongez dans l’univers merveilleux créé par Renaud Dillies. Évasion garantie !

« Au fait, à propos du violon… Je me demande si je mérite un tel instrument. Je ne sais même pas si je vais pouvoir aligner trois notes en suivant correctement ! — Bon, t’arrête tes conneries de Monsieur Je Me Plains ! Tu veux jouer cette musique oui ou non ?!... Je n’ai jamais dit que jouer de la musique serait facile… C’est comme le reste ! La vie, tout ça… Ce n’est pas une question de mérite mais juste des envies !... Après si tu veux te plaindre sers-toi du violon ! »

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la mélodie du bonheur?

10 étoiles

Critique de Hervé28 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans) - 22 septembre 2012

C'est avec grand plaisir que je retrouve Renaud Dillies, que j'avais rencontré il y a queqlues années, lors d'une séance de dédicaces pour Sumato.
"L'amour (est) trompé, fugitif ou coupable" (Chateaubriand) semble être le point de départ de l'aventure de Scipion, qui va trouver refuge dans la musique pour noyer son chagrin.
Comme dans sa première bande dessinée, Betty Blues, le jazz est salutaire aux héros de Renaud Dillies.

Car c'est un hommage indirect à Django Reinhardt que nous propose Dillies ; mais d'autres allusions se glissent subrepticement dans cette bande dessinée, notamment à Lewis Carroll ("Alice aux pays des merveilles"), avec, comble d'ironie, un lapin chef de service des bureaux du retard, et une page entière se déroulant sur les cheminées faisant étrangement songer à "Mary Poppins" de Pamela London Travers. (ces deux livres ayant comme point commun d'avoir été adaptés par les studios Disney).
Bref, le rêve est le dénominateur commun à tout ceci.

J'ai commencé par Chateaubriand mais c'est plutôt Baudelaire qu'il fallait citer ; en effet cette bande dessinée est une véritable "invitation au voyage", voyage intérieur d'un Scipion désemparé, d'un Scipion écrasé par le poids de sa propre Administration, ne rêvant que d'une seule chose, retrouver son ami musicien tsigane.

Certes, Renaud Dillies garde un style bien particulier que l'on retrouve aussi bien dans Betty Blues que dans Sumato, livres publiés dans la très élégante collection "Blandice" des éditions Paquet.
Mais comme d'autres, j'ai trouvé la fin un peu bancale.

Reste la beauté des dessins et un scénario fort original.

A découvrir, à lire et à relire.

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