Derrière la colline de Xavier Hanotte
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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La part des anges
A les voir au garde-à-vous sous leur linceul de silence, on pourrait croire que les cimetières militaires rendent toute parole vaine. Alignées comme à la parade, les croix blanches substituent leur ordonnancement dérisoire à ce chaos de boue et de sang qui les fit surgir.
Au lendemain des guerres, il se trouve des écrivains pour rendre la parole à ceux qui se sont tus ou n'ont plus le cœur de la prendre. Puis le silence reprend ses droits. Jusqu'à ce qu'un jeune homme s'émeuve, après quelques générations, pour une guerre oubliée.
Il s'appelle Xavier Hanotte et se donne le pouvoir de ressusciter les morts. Ceux de Quatorze. Il leur rend le sang aux joues, la peur au ventre. Et on y est, lecteur ! Projetés dans le réseau des tranchées, rongés par la panique et les puces, frôlés par les obus et les rats, offerts à la succion de la boue et des mouches.
On identifie d'un coup les grattements, les vrombissements. Un sourire, une attitude, une lueur, un cri vous griffent d'un seul trait de plume. On entre dans une nuit d'enfer… Et on y reste, lecteur ! On y reste ! Alors que tout nous pousse à oublier cette boucherie imbécile, à déserter ces pages incandescentes. On s'attache à des hommes dont le coeur bat et les mains tremblent.
Des hommes dont certains s'adonnent à la poésie, figurez-vous ! A-t-on idée, pendu aux crocs glacés d'un gigantesque abattoir, pris dans les engrenages de cette machinerie infernale qui accoucha du XXème siècle, a-t-on idée, je vous le demande, de taquiner la muse ? Pourquoi diantre ? Pour opposer à la barbarie un battement d'ailes blanches ?
Pour jouer les anges de Mons ?
Rien qu'avec des mots, Xavier Hanotte nous mitraille des pages qui valent les vingt premières minutes du "Soldat Ryan". Rien qu'avec des mots, vous vous rendez compte ? Il nous attire ensuite dans le no man's land qui sépare la vie de la mort, où le temps s'abolit. Near Death Experience. Un ralenti dantesque avec échos étouffés.
Le héros, pas plus héroïque que soixante mille autres et pourtant contraint d'opposer une sorte de folle bravoure à un état-major qui lui dénie sa dignité d'homme, sortira-t-il de ce coma tentateur ? Perdra-t-il la vie ou simplement son nom ? Y a-t-il une vie après la mort des illusions ? Quel nom porter quand on a cessé d'être soi-même ? Comment payer sa dette à celui qui vous sauve au prix de sa propre vie ?
Ce livre porte en lui la fulgurance, la magie, le cri, la révolte et cette mélodie céleste qui font des grands romans une victoire sur l'indicible. Il nomme ce qui n'a pas de nom. Tout a déjà été dit ? Faux. Tout reste à dire, toujours. Les mots pour le dire sont là : il n'y a qu'à choisir. Mais ce "nyaka" exige du talent. De ce talent qu'on voudrait racheter à un auteur qui en a, comme on dit, à revendre.
Et on en reste le souffle coupé, lecteur ! Avec ce bonheur rare et déjà nostalgique de refermer lentement, respectueusement, un pur chef-d'oeuvre. Quatre étoiles, oui, mais en * !
Les éditions
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Derrière la colline [Texte imprimé] Xavier Hanotte
de Hanotte, Xavier
Belfond
ISBN : 9782714436801 ; 20,00 € ; 30/06/2000 ; 348 p. ; Broché -
Derrière la colline
de Hanotte, Xavier Claudel, Philippe (Préfacier)
Belfond
ISBN : 9782714457660 ; 06/02/2014 ; 430 p. ; Format Kindle
Les livres liés
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Les critiques éclairs (11)
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LA BATAILLE DE LA SOMME VU DU COTE ANGLAIS
Critique de TRIEB (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans) - 23 février 2014
Nigel Parsons et William Salter, les deux principaux personnages de ce roman, vont être engagés en cette année 1916 dans les opérations de la bataille de la Somme, événements des plus meurtriers de cette guerre. Pour Nigel Parsons, le rapport au père, et plus exactement le besoin de voir l’estime de ce dernier confirmée, le conduit à s’engager, tout autant que l’échec de sa relation avec Béatrice, femme à l’égard de laquelle ses sentiments se sont taris. Au cours de sa phase de préparation, pendant laquelle il rencontre William Salter, jardinier de son état, Nigel Parsons éprouve le besoin de lire les vers d’un poète Nicholas Parry, pour se délecter des descriptions de la nature contenues dans les vers de ce poète. Pourtant, c’est sur la nature des sentiments de ses frères d’armes que s’interroge Nigel Parsons : « Ils ont signé, ils ont choisi. Mais en fin de compte, le but leur importe peu. Même allongée d’alcool, ils ont la foi. Et surtout l’élan. Cela seul compte. »
Les circonstances de la guerre sont bien sûr évoquées avec une grande justesse. L’auteur pointe avec une grande pertinence la fragilité des vies exposées au combat, l’absurdité de la guerre, l’absence de justification convaincante à ces tueries à grande échelle :
« Nous autres Britanniques étions là parce que nous l’avions voulu, point. Les justifications abondaient, certes. Mais confrontées à la sordide réalité des tranchées, toutes se mettaient vite à sonner creux, souffraient soudain de leur cruel manque de chair. (…. ) Nous étions devenus la chair de cette guerre. »
D’autres aspects de la guerre sont évoqués, parmi lesquels la vision des Britanniques engagés sur le sol de France et dont on découvre au passage l’importance du sacrifice humain consenti par les ressortissants de ce pays. Pourtant, Nigel Parsons, blessé au combat ne voit pas de grandeur, ni l’occasion d’une quelconque élévation morale : « Je redeviendrais ce que j’avais toujours été, un intellectuel frileux, incapable de se dépasser parce qu’incapable de croire en lui. Un être inutile dont personne ne voulait. »
Roman à découvrir en raison de son écriture, admirablement maîtrisée, et des thématiques abordées, s’ajoutant ainsi à la littérature de cette guerre avec une touche très personnelle à l’auteur Xavier Hanotte, excellent écrivain.
Récit poétique de la grande guerre
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 2 février 2014
Toujours sous-jacente et pleine de retenue, on voit s’amorcer une amitié entre 2 hommes de condition différente mais unis par leur intérêt commun pour la poésie et la beauté. La guerre avec sa solidarité, les notions d’honneur et de courage, d’héroïsme, mais aussi l’application absurde de procédures car applicables à d’autres circonstances et inappropriées à la situation présente est montrée comme une somme de faits humains, quotidiens, sans emphase ni dénonciation particulière.
Le style, fluide et imagé avec des associations parfois surprenantes, donne une heureuse impression de légèreté. A certains indices dans le récit on suspecte un peu la fin mais pas sa touche finale optimiste qui libère le narrateur.
IF-0114-4148
Avis mitigé
Critique de Tutul (, Inscrite le 18 novembre 2013, 26 ans) - 18 novembre 2013
Cependant, cet ouvrage était beaucoup trop détaillé et devenait moins intéressant car je m'endormais à cause du manque d'intrigue. Le narrateur racontait sa vie quotidienne.
De plus, on se perd dans ce roman car en plein milieu de l'histoire, le narrateur change et l'écriture aussi, comme si c'était une lettre, puis l'histoire continue.
Aucun fil conducteur ne figure dans ce livre. D'ailleurs les chapitres ne comportaient pas de titres.
En conclusion, j'ai aimé cette oeuvre pour son message mais pas pour l'intrigue.
Impossible n’est pas français
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 10 mai 2006
Lorsqu’une personne bien intentionnée me l’a offert, je me suis dit que j’allais le lire pour lui faire plaisir, le sujet ne m’attirant pas du tout. Pensez, la guerre 14, j’en suis à cent mille lieues ! Et bien non. Tout à coup, j’y étais. Surprise, je me suis complètement laissé prendre par le récit de la bataille, moi qui croyais que ce sujet était réservé aux hommes et que j’y serais à jamais imperméable. Tout à coup, je la ressentais, je la respirais.
On ne peut que sortir révolté de ce récit de la bataille de la Somme où les hommes sont littéralement envoyés au casse-pipe. Quand c’est leur tour, après avoir vu les lignes précédentes se faire tirer comme des lapins, ils se lèvent et marchent, en sachant pertinemment que leur sort ne sera pas différent. « On ne mourait pas ainsi, avec tant de facilité. C’était impossible. » Et pourtant si…
Chair de guerre
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 8 mars 2003
Nigel Parsons, le poète, amoureux abandonné, désespéré, qui quitte son pays et cette Jeune Fille pour trouver la Mort, liées toutes deux comme dans cet air de Schubert. Et son ami William Salter, le jardinier, patient et attentif. Deux hommes, une amitié dans l'atrocité. Comme dit Persée dans sa critique si juste, pour parler avec respect de cette guerre et de tous ces hommes qu'elle a avalé, il fallait du talent et Xavier Hanotte en a. Vraiment. C’est l’amour des mots, l’amour de l'histoire, de la poésie. Les émotions, elles débordent, le lecteur en fait les frais.
Je n’oublierai pas « Derrière la colline » de sitôt. Difficile de fermer un roman quand les yeux brillent.
En poche enfin !!!!!
Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 27 août 2002
Un écrivain qui vaut le détour
Critique de Féline (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans) - 7 juillet 2002
Derrière la Colline constitue la suite logique aux deux premiers. Xavier Hanotte est passionné par l'histoire de la première guerre mondiale et celle-ci prend de plus en plus d'importance au fil de ses écrits. Il reconnaît d'ailleurs avoir écrit ce roman avec l'impression d'avoir réellement vécu cette époque. Le poète Wilfred Owen, lui aussi, prend davantage d'importance. Il faut dire que le romancier lui voue une grande admiration, et que comme son personnage de l'inspecteur Barthelémy Dussert, il traduit ses poèmes en français. (Eh oui, pour ceux qui l'ignorent, Wilfred Owen n'est pas un personnage de fiction).
La ressemblance entre Xavier Hanotte et ses deux personnages principaux ( B. Dussert pour Manière Noire et De Secrètes Injustices et Nigel Parsons pour Derrière la Colline) est flagrante à de nombreux points de vue : caractère, histoire d'amour malheureuse pour les principales.
Ce roman n'est pas mon préféré parmi les trois publiés à ce jour mais il m'a permis de m'intéresser à un sujet qui d'ordinaire ne m'attire pas et que je connais peu : la grande guerre. J'ai particulièrement été impressionnée par les scènes se déroulant dans le no man's land. Très réalistes, elles donnent une impression de vécu par l'auteur et surtout Xavier Hanotte réussit, par son écriture et son talent, à nous faire vivre cet épisode. Peu d'auteur m'ont à ce point fait vibrer.
Je voudrais encore souligner que j'ai rencontré Xavier Hanotte au cours de mes recherches le concernant et que en plus d'être un excellent écrivain, c'est un homme formidable,
débordant de gentillesse et d'un abord très accessible avec ses lecteurs. Je vous conseille vivement de le rencontrer (il participe à de nombreuses rencontres littéraires à Bruxelles) et de lui faire part du bonheur que vous avez éprouvé à sa lecture. Il en sera très touché.
Que d'honneurs !!!!
Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 1 février 2002
Superbe critique de Patman !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 26 janvier 2002
Making plans for Nigel
Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 25 janvier 2002
Ceux qui ont déjà lu Xavier Hanotte retrouveront ici en filigrane le commissaire Barthélémy Dussert, personnage central de ses deux premiers romans. Un clin d'œil aux lecteurs de celui qui en quelques années et trois romans, s'est imposé comme l’un des plus grands auteurs de la littérature belge.
Making plans for Nigel
Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 11 janvier 2002
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