Hors champ
de Sylvie Germain

critiqué par Appoline, le 26 décembre 2009
( - 57 ans)


La note:  étoiles
La Disparition d'un homme
Aurélien est un jeune homme à la vie banale, dont l'existence ou la consistance vont être ébranlées par sa lente disparition: en effet, en l'espace de sept jours -qui composent les chapitres de ce roman- il devient "hors champ", un fantôme pour ses collègues, sa bien-aimée, et sa propre mère, un "ectoplasme tout à fait vivant, pensant, souffrant", "une buée d'homme".
S. Germain, dans ce conte philosophique moderne, nous invite à nous interroger sur ce qui fonde notre identité et montre que la frontière est proche entre la mémoire et l'oubli. Dans nos villes modernes, nous ne voyons guère les êtres sans consistance. Frôlés par des fantômes, nous ne sentons que leur souffle froid. Dans une écriture à la fois pleine de sensations (olfactives et auditives notamment), aux phrases brèves écrites au présent, l'auteure nous interroge : qui sommes-nous lorsque l'on ne nous voit plus ? n'existe-t-on que dans le regard et dans la chaleur des autres ? et, en filigrane, un personnage a-t-il finalement plus de consistance qu'un être réel, lui qui peut survivre plus longtemps dans la mémoire de ses lecteurs de tout espace et de tout temps ?
Déçu. 4 étoiles

Ce roman me laisse une impression partagée. L'idée est prometteuse, presque fascinante. Mais l'auteur s'égare dans des descriptions laborieuses, ne parvient pas non plus à rendre crédible cette lente disparition du personnage principal. Le rythme est lui aussi inégal, ça démarre lentement puis tout s'accélère. Point de progressivité, Aurélien est d'abord mis doucement à l'écart, puis tout d'un coup il n'existe plus, en tous cas aux yeux des autres. Au final, j'en suis ressorti déçu. Dommage, l'idée de départ ouvrait des perspectives vraiment innovantes.

HakuRyoku - - 60 ans - 14 octobre 2012


L’oubli en sept jours 8 étoiles

C’est une histoire étrange, une parabole où le fantastique se confond avec la banalité du quotidien. Un homme, qui s’accroche à l’existence, disparaît peu à peu du champ de vision de ses collègues, du souvenir de ses proches, de la curiosité de tous. Comment vivre sans le regard des autres ? Comment survivre sans leur mémoire ?

La lecture nous laisse un questionnement sur nous-même, sur nos proches disparus, sur ceux bien vivants que l’on côtoie mais que l'on ne remarque pas.

Le roman est plaisant; la construction est linéaire, l'écriture est rapide, les plans successifs sont courts et efficaces.
On en ressort mal à l'aise: l’oubli fait peur, celui du présent mais aussi celui de “l’après”; échapper à une projection personnelle est difficile.

Chakili - Floreffe - 76 ans - 31 décembre 2010


Une lente descente vers l'invisibilité 6 étoiles

Il est question, dans ce court mais très dynamique roman-fiction, d'un homme qui peu à peu et sans raison apparente perd de sa présence et de sa personnalité par rapport à ses collègues, sa fiancée, sa mère.

En l'espace d'une semaine, cette perte de visibilité morale se mute en invisibilité physique et notre héros de chair et de sang finit par se réduire en un simple courant d'air.

L'on en vient à se demander, en tournant la dernière page, si dans la vie courante, un être qui se perçoit insignifiant par rapport à son entourage n'encourt pas une mort aussi définitive qu'une disparition physique ...

Comme à l'accoutumée, le style de Sylvain Germain est somptueux et enlevé, mais le sujet, assez kafkaien, est quelque peu rebutant, à mon goût tout au moins.

Ori - Kraainem - 89 ans - 8 février 2010


Très décevant 4 étoiles

Je ne saurais pas dans quelle catégorie classer ce livre. Je m'attendais à un récit sur la solitude et l'abandon des autres, et je me trouve face à une fiction qui n'a pas beaucoup de sens. En effet, je n'ai pas compris pourquoi Aurélien, au fil des jours disparait aux yeux de tous. Il n'y a pas de logique, ni de fait qui pourrait expliquer cet état. L'histoire en elle même n'est pas des plus captivante, mais elle se lit très bien, le récit est très fluide. Je suis peut-être trop terre à terre, mais je n'ai pas aimé ce roman. J'espère que d'autres viendront me contredire.

Laurent63 - AMBERT - 50 ans - 17 janvier 2010