Ru de Kim Thúy
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Ru, un ruisseau qui se disperse dans l'espace et le temps
Ru, ruisseau de larmes mais aussi ru, berceuse en vietnamien. L’auteure relate ses heurs et malheurs de sa vie bouleversée, bouleversante.
Kim Thuy, comme toute réfugiée, a exercé différents métiers. Elle vit actuellement à Montréal. Elle nous livre sa vie de tous les jours depuis son enfance. Ce livre, encensé par la presse, fait partie de la sélection Prix Première RTBF radio.
En quatrième de couverture : « une femme voyage à travers le désordre des souvenirs ». Jolie formule pour une réalité : un fouillis d’anecdotes qui nous font voyager du Vietnam au Québec, sur un boat-people, dans un camp de réfugiés, à travers le temps, de la vie au Sud-Vietnam durant la guerre, après la guerre… Et le lecteur est déconcerté : description émouvante des horreurs dans les boat-peoples, de la crasse dans les camps de réfugiés, de la nostalgie du bonheur de la vie princière…
La présentation est originale : à plusieurs reprises, on passe d’un paragraphe à l’autre en tournant la page. Il fait penser à un rouleau écrit en caractères asiatiques. Il n’y a pas la trame du roman classique : situation initiale, développements, situation finale mais plutôt un récit avec des anecdotes : l’une entraînant l’autre.
Les éditions
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Ru [Texte imprimé] Kim Thúy
de Thúy, Kim
Liana Levi
ISBN : 9782867465321 ; 1,77 € ; 05/01/2010 ; 143 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (15)
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Murmure d'un ruisseau
Critique de KAMEL KIES (, Inscrit le 2 janvier 2013, 71 ans) - 2 janvier 2013
KAMEL KIES
" You'll walk on air ! "
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 30 novembre 2012
Elle vit aujourd'hui à Montréal et se consacre à l'écriture. Ru, son premier livre, est paru aux Éditions Libre Expression en 2009. Best-seller au Québec et en France, ce livre a vu ses droits vendus dans vingt pays, en plus d'avoir été finaliste de plusieurs prix littéraires.
Le récit tragi-comique des souvenirs d'une enfant des "Boat-people" qui est parvenue à rejoindre le Canada via la Malaisie.
"Quand je croise des jeunes filles, à Montréal, qui blessent leur corps intentionnellement, qui veulent avoir des cicatrices dessinées sur leur peau à tout jamais, je ne peux m'empêcher de souhaiter secrètement qu'elles rencontrent ces autres filles, qui ont, elles aussi, des cicatrices permanentes, mais tellement profondes qu'elles sont invisibles à l'oeil nu."
De très courts chapitres empreints d'émotion.
Une écriture limpide, simple, qui fait appel aux sens.
Les souvenirs d'une enfant "cicatrisée" qui a rencontré l'accueil et la chaleur des grands froids canadiens.
J'ai pris beaucoup de plaisir à sa lecture .
Guerre et misère indicibles endurées au Vietnam
Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 20 août 2012
Pêle-mêle les anecdotes affleurent à sa mémoire, témoignages souvent poignants des souffrances causées par la misère ou la guerre et tout comme pour, par exemple, l’ouvrage d’Atiq Rahimi (Terre et Cendres) l’on se retrouve honteux d’avoir à donner une cote à ce roman hors norme, tout plein de poésie, qui s’apparente plutôt au récit autobiographique.
J’en extrais les dernières lignes : « Seuls autant qu’ensemble, tous ces personnages de mon passé ont secoué la crasse accumulée sur leur dos afin de déployer leurs ailes au plumage rouge et or, avant de s’élancer vivement vers le grand espace bleu, décorant ainsi le ciel de mes enfants, leur dévoilant qu’un horizon en cache toujours un autre et qu’il en est ainsi jusqu’à l’infini, jusqu’à l’indicible beauté du renouveau, jusqu’à l’impalpable ravissement. (…) Je me suis avancée dans la trace de leurs pas comme dans un rêve éveillé où le parfum d’une pivoine éclose n’est plus une odeur mais un épanouissement ; où le rouge profond d’une feuille d’érable à l’automne n’est plus une couleur, mais une grâce ; où un pays n’est plus un lieu, mais une berceuse. »
‘Ru’ en vietnamien signifie bercer ou berceuse …
Une fois de plus, le Grand Prix RTL-Lire a été bien inspiré en distinguant cet ouvrage (2010).
une merveille
Critique de Yotoga (, Inscrite le 14 mai 2012, - ans) - 22 mai 2012
Ces tout petits chapitres sont presque des poèmes, tellement les images sont fortes et les sentiments intensément décrits.
C'est un récit sur les différences de mentalités entre les peuples Vietnamien et Canadien, entre les odeurs, les nourritures, la nature... Pour tous ceux qui se sont expatriés de force une fois dans leur vie, on ressent ce bien-être et ce mal-être, cette nouveauté, cette peur, cet intérêt... De plus, l'instinct de survie de ces boatpeoples, tout en douceur et poétiquement.
C'est de la poésie asiatique transplantée dans la langue française canadienne. (Les traductions sont moins bonnes).
Un petit extrait :
J'avais oublié que l'amour vient de la tête et non pas du coeur. De tout le corps, seule la tête importe. Il suffit de toucher la tête d'un Vietnamien pour l'insulter, non seulement lui mais tout son arbre généalogique.
Si une marque d'affection peut parfois être prise pour une offense, peut-être que le geste d'aimer n'est pas universel: il doit être traduit d'une langue à l'autre, il doit être appris. Dans le cas du vietnamien, il est possible de classifier , de quantifier le geste d'aimer par des mots spécifiques: aimer par goût (thích), aimer sans être amoureux ( thuong), aimer amoureusement (yeu), aimer avec ivresse ( mê), aimer aveuglément ( mu quang), aimer par gratitude (tinh nghia). Il est donc impossible d'aimer tout court, d'aimer sans sa tête.
Une enfant de la Loi 101
Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 18 avril 2012
Kim Thúy satisfait merveilleusement notre curiosité et celle de son amie Johanne, qui a sacrifié ses vêtements et ses jouets pour la nouvelle venue. Enfant de la Loi 101 (celle qui oblige les immigrants de fréquenter l’école française), l’auteure s’est nourrie d’une culture qui l’a rendue heureuse au milieu des habitants de Granby, où ses parents ont élu domicile. Elle n’oublie pas pour autant son Vietnam natal et son séjour dans un camp de refugiés malais, où son avenir ne présageait rien d’enviable en tant que femme. Arrivée au Québec, elle refuse de s’attribuer une auréole qui cultiverait la pitié en s’apitoyant sur un sort qui aurait pu être le sien. Au contraire, les malheurs vécus et appréhendés sont dynamisés par la défense de la vie. Sans bluffer, elle montre tout simplement comment elle a survécu à l’adversité.
En fait, elle raconte une intégration réussie sans chercher à jouer sur nos cordes sensibles. C’est une histoire dépouillée de tout artifice, qui repose sur une structure recherchée pour sa simplicité. Chaque chapitre, souvent composé de quelques lignes, isole des strates de vie comme autant d’hymnes grégoriennes, qui retiennent tout lyrisme avant qu’éclate l’alléluia annonciateur de l’épiphanie de l’héroïne en sol québécois.
Cette finesse pascale transparaît même dans la publication de ce roman que les Éditions Libre Expression ont rehaussée avec une enluminure moniale en première de couverture. L’éditeur français s’est vite empressé de se débarrasser de cet emballage en popularisant son produit avec une jaquette racoleuse qui camoufle la thématique sous un cliché.
UNE ODYSSEE TRAGIQUE
Critique de TRIEB (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans) - 18 avril 2012
Le thème de ce roman est une évocation des souvenirs de l’enfance de l’auteure passée à Saigon, de l’implantation du communisme dans la partie méridionale du pays, et enfin de la fuite du pays au large du golf de Siam, pour transiter ensuite dans un camp de réfugiés en Malaisie, et qui se termine dans le froid du Québec, au Canada.
Que nous dit Kim Thuy de l’exil, de la condition de boat-people ? Que c’est une souffrance sans limites, bien sûr Elle nous rappelle l’arrachement qu’est un départ de sa terre natale, elle souligne le cortège d’horreurs qui accompagne généralement ce type d’événements tragiques. La grandeur de cet ouvrage, c’est de toujours rappeler que l’humain peut retrouver ses droits, sa place, au plus fort de la tourmente. Ainsi, évoque-t-elle la présence d’un jeune homme qui monte avec sa mère une classe d’anglais dans le camp où est elle est internée : « Sans son visage, nous n’aurions pas pu imaginer un horizon dépourvu d’odeurs nauséabondes, de mouches, de vers. Sans son visage, nous aurions certainement perdu le désir de perdre la main pour rattraper nos rêves. »
Même l’ennemi, en l’occurrence les soldats de l’armé nord-vietnamienne, se voit accorder une absolution, due à l’absurdité de la guerre : « Après cet incident, nous ne savions plus s’ils étaient des ennemis ou des victimes, si nous les aimions ou les détestions, si nous les craignions ou en avions pitié. Et eux ne savaient plus s’ils nous avaient libérés des Américains ou si, au contraire, nous les avions libérés de la jungle vietnamienne. »
Le récit est parsemé de multiples portraits de personnages rencontrés durant l’exode, puis l’installation au Canada. Il illustre à merveille les mots de cette chanson de Nougaro : L’espérance en l’homme »
Au cours d’une vie qui fut mouvementée
Dans un siècle où l’horreur battit ses records
Parmi les êtres qu’on a pu rencontrer
Il arrive qu’un jardin ou qu’un simple visage humain
Une main ouvre un nouveau chemin
Tout se gomme, se pardonne
Et l’on voit soudain reverdir, refleurir
Notre espérance en l’homme.
Kim Thuy fait reverdir cette espérance dans ce récit éloquent . Elle illustre à merveille la capacité de résilience de tout un peuple, le sien, et de l’humanité entière. A lire absolument.
Le temps ou ce qu'il en reste
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 20 avril 2011
Beaucoup de choses ont déjà été dites, et bien dites, sur ce livre.
Sa première qualité est certainement l’absence de pathos. « Ru » n’est pas un tire-larmes et c’est tant mieux. Kim Thuy raconte bien les horreurs de la guerre, la déchirure de l’exil d’autant plus violente qu’elle s’accompagne d’un déclassement social, les malentendus et les maladresses de l’accueil, l’isolement linguistique mais aussi les mains tendues. L’épisode des matelas pleins de puces dont on se sépare sans oser le dire aux Québécois qui les ont aidés pour ne pas les froisser est un petit bijou d’observation tendre. Il y a aussi tous ces moments familiaux tant au Vietnam qu’au Québec avec ses personnages très typés, tels celui de la mère (« ma mère nous préparait à la chute ») ou du délicieux, mais o combien complexe, bel-oncle six.
Le lecteur, et cela a été dit par presque tous les critiques, reste néanmoins sur sa faim. Kim Thuy ne va pas au fond des choses et cela tient probablement à la forme qu’elle a choisie et qui n’est peut-être pas la plus pertinente. Son récit n’est ni un journal intime, ni un strict témoignage, ni une réflexion sur l’enfance, le déracinement, encore moins un essai ou un roman. BMR & MAM a vu juste quand il dit dans sa critique éclair que la forme romancée aurait permis d’aller bien plus loin pour atteindre, par le mensonge, la vérité comme l’a si bien écrit Mario Vargas Llosa.
« Ru » n’en reste pas moins un livre à lire pour tenter de comprendre ce qui s’est passé. Je ne suis pas sûr que Kim Thuy soit réellement un écrivain. Pourra-t-elle être la femme d’un second livre, celui où l’on connaît le prix du temps ? C’est tout ce que je lui souhaite et le temps nous le dira.
Témoignages intimes d'une réfugiée
Critique de Saumar (Montréal, Inscrite le 15 août 2009, 91 ans) - 19 mars 2011
À son arrivée à Mirabel, en voyant les premiers bancs de neige, par le hublot de l’avion, la narratrice nous livre ses sentiments: « On ne pouvait que se sentir éblouis, aveuglés, enivrés d’un paysage aussi blanc et virginal », alors que le seul repère qu’elle avait est un bracelet en plastique, qu’elle portait à son poignet, rempli de diamants cachés par ses parents. « J’étais comme mon fils Henri, je ne pouvais pas parler, ni écouter, même si je n’étais ni sourde ni muette.» Puis, elle ajoute : Henri ne m’appellera probablement jamais « maman ». Il ne comprendra jamais pourquoi j’ai pleuré quand il m’a souri pour la première fois. Ces témoignages nous font découvrir une femme courageuse, forte et remplie de bonté. Des parents aisés au départ, qui au début de leur vie au Québec, ont dû faire des travaux médiocres : frotter les tableaux noirs et les toilettes de l’école, ou livrer des rouleaux impériaux, en plus de délaisser la langue maternelle pour apprendre le français et l’anglais. Elle mentionne le dévouement de sa première enseignante qui lui a donné son désir d’immigrer, la gratitude pour l’accueil chaleureux des gens de Granby qui l’invitaient soit au zoo, ou à la cabane à sucre, ou lorsque les voisins la recevaient pour dîner alors qu’elle ne savait pas manger le riz avec une fourchette ni apprécier une omelette au sirop d’érable. Apprendre qu’elle aime vivre au Québec prouve une immigration réussie. On sympathise avec elle du début à la fin. Le point fort du récit? C’est la vivacité et la crédibilité du texte, qu’elle a écrit en guise d’héritage pour ses enfants.
Une lecture enrichissante...
Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 82 ans) - 11 janvier 2011
Et voilà que pour la première fois une Vietnamienne qui vit au Québec depuis l'âge de dix ans nous offre en français le récit de ses origines et de sa culture, de son périple de "boat people", de son arrivée pour ainsi dire sur une autre planète, le parcours de sa famille et le sien dans un style d'écriture anecdotique un peu désarmant au début, mais qui très rapidement nous laisse de larges espaces vides qui donnent le temps de repenser à ce qu'on vient de lire...
Un récit de souvenirs qui nous font découvrir une culture différente, un récit d'horreurs parfois insoutenables, d'anecdotes empreintes de poésie poignantes et émouvantes...
Un récit sans structure, sans commencement ni fin, un récit rempli d'une résilience admirable et une lecture des plus enrichissante!
Autobiographie pudique
Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans) - 8 octobre 2010
Elle a écrit Ru, son premier roman, en français.
Largement autobiographique, ce petit bouquin est comme un collage de souvenirs et d'époques : les derniers temps de l'opulence coloniale avant l'arrivée des communistes, la fuite en bateau jusqu'au Canada via les camps de réfugiés de Malaisie, la vie d'immigrante au Québec puis ses deux enfants, son retour provisoire au pays de nombreuses années après, ... Kim Thuy entremêle habilement de petites scènes vécues dans ces différents lieux à différents moments de sa vie. Le patchwork prend forme et peu à peu se dessinent quelques portraits : le sien bien sûr, mais également celui de sa famille, sa mère, Tante 7(1) un peu simplette ou encore l'incorrigible Oncle 2, play-boy désinvolte et charmeur ...
Bien sûr quitter le Vietnam dans ces conditions et à cette époque n'a pas été une excursion touristique : quelques scènes évoquent des souffrances et des blessures pas faciles à oublier ...
Mais l'auteure sait aussi nous faire partager quelques moments de pure poésie asiatique :
[...] j'allais au bord d'un étang à lotus en banlieue de Hanoï, où il y avait toujours deux ou trois femmes au dos arqué, aux mains tremblantes, qui, assises dans le fond d'une barque ronde, se déplaçaient sur l'eau à l'aide d'une perche pour placer des feuilles de thé à l'intérieur des fleurs de lotus ouvertes. Elles y retournaient le jour suivant pour les recueillir, une à une, avant que les pétales se fanent, après que les feuilles emprisonnées aient absorbé le parfum des pistils pendant la nuit.
Mais les plus belles pages sont celles qui évoquent son arrivée au Canada, il y a trente ans, et l'accueil que leur réservaient les québécois. Des pages à lire et relire, salutaires à notre époque où l'on se préoccupe plutôt d'élever des murs et de fermer les frontières.
[...] Ma première enseignante au Canada nous a accompagnés, les sept plus jeunes Vietnamiens du groupe, pour traverser le point qui nous emmenait vers notre présent. Elle veillait sur notre transplantation avec la délicatesse d'une mère envers son nouveau-né prématuré. Nous étions hypnotisés par le balancement lent et rassurant de ses hanches rondes et de ses fesses bombées, pleines. Telle une maman cane, elle marchait devant nous, nous invitant à la suivre jusqu'à ce havre où nous redeviendrions des enfants, de simples enfants, entourés de couleurs, de dessins, de futilités. Je lui serai toujours reconnaissante parce qu'elle m'a donné mon premier désir d'immigrante,celui de pouvoir faire bouger le gras des fesses, comme elle. Aucun Vietnamien de notre groupe ne possédait cette opulence, cette générosité, cette nonchalance dans ses courbes.
Le bouquin est construit presque comme un journal intime, mélangeant les lieux et les époques. Intime est bien le mot. Toute en pudeur, Kim Thuy essaie de se raconter.
Mais on ressort un peu frustré de ce petit bouquin avec l'impression d'avoir passé une charmante soirée avec une jeune femme asiatique agréable à la conversation très intéressante et qui a su nous faire entrevoir plein d'épisodes de sa vie mouvementée, plein de petites choses curieuses d'autres lieux et d'autres époques et puis qui nous laisse page 143, bon, cher monsieur, il faut que j'y aille, ravie de vous avoir rencontré ...
Oui certes, mais, mais ... on aurait aimé plonger plus au coeur peut-être pas de la vraie vie de Kim Thuy, ne soyons pas indiscrets, mais au coeur d'un bon gros roman qui nous aurait emporté des heures, là-bas, autrefois.
À trop vouloir coller à sa réalité intime, l'auteure finit par se cacher, c'est bien naturel. D'ailleurs, elle en convient elle-même : petite, elle était l'ombre de sa cousine, plus grande, l'ombre de ses hommes ... Une histoire romancée lui aurait permis de plus en raconter en même temps que mieux se cacher, ombre parmi ses personnages. Mais ne boudons pas le plaisir à lire ces quelques belles pages, même peu nombreuses !
Deux autres livres sont en préparation : peut-être l'occasion de passer à nouveau une ou deux agréables soirées en compagnie de cette charmante dame ...
Au gré du vent...
Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 20 septembre 2010
Extrait sur la guerre et la paix : « j’ai vécu dans la paix pendant que le Vietnam était en feu, et j’ai eu connaissance de la guerre seulement après que le Vietnam eut rangé ses armes. Je crois que la guerre et la paix sont en fait des amies et qu’elles se moquent de nous. »
miroir d'humanité, dans chaque éclat on peut se voir et voir le monde!
Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 30 août 2010
Kim Thuy se penche sur les pages éparses de son passé répandu sur la plage, retrouve quelques bribes et fragments, et fabrique patiemment un livre beau comme un vitrail où se jouent la lumière et les couleurs de l’espoir. Point d’hostilité alors que les épreuves ont été une vraie descente aux enfers. Point de recherche de culpabilité, rien qu’une dignité sereine et louable, presque aristocratique, un amour de la vie inconditionnel. La peur est muselée. Elle a l’art de lâcher la tristesse et de se désencombrer l’âme. Perdu le besoin d’avoir. Gagné le bonheur d’être.
La poésie et l’humour lui redonnent maintenant une nouvelle harmonie. Une nouvelle vie grâce à l’écriture sensuelle, à côté de ce rêve américain réussi mais de béton, qui n’est pas elle. Le souvenir de ses attaches asiatiques ne la caractérisent qu’à traits grossiers. Ce qui la fait, c’est sa langue d’adoption, un merveilleux français qui nous berce et nous bouleverse, dans lequel elle pense, elle aime, elle ressent. Derrière les yeux bridés, il y a les yeux de l’âme. Grâce aux efforts de chacun dans sa famille elle a conservé le sens de la cohésion, elle n’a pas sombré dans l’aliénation et a eu, à tout moment, la capacité de rebondir en préservant son mystère intime d’humanité… et celle de pouvoir savourer les moindres moments de bonheur.
On ressort de ce livre, plein de respect, baigné d’espoir, baigné du bonheur d’avoir vaincu le mal dans l’homme… car elle décline à tous les modes le verbe aimer, et le chante sur tous les tons, comme si le français devenait une langue tonale!
Dans ce premier roman elle trouve des phrases, qui semblent l’effet d’une grâce… C’est un livre-bijou merveilleux.
Reconstruire sa vie
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 20 août 2010
Le début m’a enthousiasmé mais très vite, j’ai senti un essoufflement, un manque d’inspiration. Afin de remplir des pages, Kim nous livre parfois des anecdotes sans intérêt, frôlant l’insignifiance. J’ai particulièrement aimé son analyse du conflit vietnamien et les conséquences humaines qu’il a entraînées et aussi son expérience dans les camps de réfugiés. Mais elle mélange tout. Elle revient en arrière, repart en avant, parle de sa famille, replonge dans le passé, revient au présent. Cela ressemble à un journal intime, à un brouillon, à une ébauche pas encore terminée. Il faut dire qu’elle n’est pas une écrivaine et que la réputation de ce livre tient surtout au témoignage de vie d’une réfugiée fort sympathique, à la personnalité attachante. Pas un grand livre mais à lire afin de comprendre le drame des réfugiés obligés de quitter leur pays et de repartir de zéro afin de reconstruire leur vie.
Souvenirs d'une réfugiée
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 15 mai 2010
Récit de la mémoire
Critique de Dudule (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans) - 8 mars 2010
Comme le dit si bien l’auteur, ce n'est pas un récit autobiographique. Ce livre-là n'est pas mon histoire. Je prends l'excuse de raconter «à travers moi» l'histoire de tous ces gens que j'ai croisés. Malgré leurs souffrances, leur immense pauvreté, il y a dans leur histoire une beauté extrême.»
Certain lecteurs resteront insensibles car il n'y a pas d'empathie dans ce récit, ce livre n’est pas triste, est-ce dû à ce proverbe vietnamien que lui récitait sa mère à Saigon « La vie est un combat où la tristesse entraîne la défaite. »
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Kim Thuy rafle le prix RTL-Lire pour son premier roman "Ru" | 4 | Dirlandaise | 3 janvier 2013 @ 18:17 |