En silence
de Daniel Arsand

critiqué par Araknyl, le 15 janvier 2010
(Fontenay sous Bois - 54 ans)


La note:  étoiles
En silence et en souffrance...
"Le Mot de l'éditeur : En silence
Chronique cruelle d'une famille arrachée à sa campagne, vers le tournant du siècle, En silence évoque une époque qui est à la source directe de la nôtre : pleine d'impatiences, de désirs nouveaux, avide d'une liberté dont elle mesure mal les menaces.

Occasion de nous brosser surtout le portrait de trois femmes - une mère et ses deux filles - que rien n'a préparées à affronter la ville, et qui s'inventent chacune un univers où il leur soit permis d'exister. Trois personnages condamnés à vivre hors de soi, à qui ne reste plus bientôt que le désir de se trouver - ou la faveur de se perdre.

Daniel Arsand cette fois encore a tramé un récit qui s'accommode mal des conventions du réalisme, convaincu que la vérité de la vie ne se joue pas à la surface des choses mais dans cet obscur halluciné, ce silence, en nous, où tout se trame et se cache."


Mes choix de livres se font souvent au hasard, en piochant dans la collection Libretto de Phebus. Si elle n'est pas infaillible, cette technique, sans doute contestable en soi, donne chez moi d'excellents résultats, dont "En silence est un exemple type !

Un paysan, lassé de la dureté du travail de la terre, des ravages des crues de la rivière, du combat permanent et sans fin contre les éléments, baisse les bras. Il vend sa ferme et part avec sa famille vivre "en ville", indifférent à la honte que manifestent les paysans de son village.

Transhumance puis transition silencieuse, réservée, cachée, étouffante. Chaque membre de la famille, déjà de caractère peu loquace, se renferme peu à peu sur soi ; rien n'est dit ou presque, on "se comprend" pour l'essentiel, mais on se croise presque, on vit ensemble sans vraiment s'en rendre compte. La ville est un merveilleux terrain de découverte, un moyen aussi d'oublier cette atmosphère lourde de silence, d'indifférence, de dureté qui plane lors des dîners le soir...

Daniel Arsand part à la quête de l'âme humaine et de ses multiples bouleversements, avec un style sobre, concis, ciselé, presque froid, sur un thème d'une grande âpreté. Cette conjonction donne une réelle densité à ce roman : le poids du silence, décidé ou contraint, pèse sur vos épaules à fur et à mesure que vous tournez les pages...

Une superbe réussite pour ma part !
Renier la terre et recevoir la foudre ! 8 étoiles

Ecrivain français né en 1950, Daniel Arsand passe son enfance à Roanne (Loire).
Libraire puis éditeur (les Éditions de la Sphère), il se risque à l'écriture en 1989. En silence (Phébus, 2000) reçoit le Prix Jean Giono.

Terrassé par une vie paysanne dure et ingrate, Edgar Flétan décide de vendre aux enchères la ferme et les terres qui en dépendent.
Les Doisnons -hameau des monts de la Madeleine- relié à Roanne par d'improbables chemins sinuant à travers genêts et bruyères, ne pardonne pas à ceux qui rompent le pacte avec la terre pour s'établir en ville.

Chronique d'une famille arrachée à sa campagne au tournant du siècle (1897-1914). Portrait de 3 femmes (Adélaïde, la mère / Anne et Marie, ses 2 filles) qui vont devoir affronter la violence du changement.

J'ai aimé cette oeuvre singulière où rien n'est dit mais habilement suggéré. La Nature est omniprésente jusqu'à la fantasmer.
Un style limpide, des images plein les yeux.
Excellent moment de lecture !

Frunny - PARIS - 59 ans - 1 juillet 2013