Brouillard au pont de Bihac de Jean-Hugues Oppel (Scénario), Gabriel Germain (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers

Critiqué par Shelton, le 20 janvier 2010 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans)
La note : 10 étoiles
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Noir dans le brouillard...

Deux nouvelles, cruelles et noires, mises en noir et blanc par un dessinateur qui ne craint pas de nous plonger dans un noir profond portant admirablement bien ces histoires cruelles ! Du très beau travail signé Gabriel Germain pour le dessin…

Au départ, deux nouvelles de l’écrivain franco-suisse Jean-Hugues Oppel. Brouillard au pont de Bihac nous raconte une histoire absurde, mais qui porte un regard profond sur la guerre civile, la violence et le maintien de l’ordre par des forces internationales. Trois cercles d’acteurs, le tireur sniper, le banquier devenant braqueur et les jeunes soldats de l’ONU… L’issue de la nouvelle, de la première partie de cette bande dessinée est absolument incroyable et imprévisible… Je n’en dis pas plus…

La seconde histoire, 58 minutes pour mourir, fait froid dans le dos et illustre l’idée que celui qui veut faire le mal ne s’encombre de rien, n’a aucun sentiment ni état d’âme, encore moins de remord… Nous sommes dans un aéroport, quelques minutes avant l’embarquement sur le vol… Une petite fille souriante, un Père Noël… Mais d’où pourrait bien venir le mal ? Et pourtant…

Dans les deux cas, une narration graphique époustouflante, un noir et blanc agressif et envahissant, suffocant, ne laissant aucune issue humaine acceptable. Non ! Nous sommes bien dans un drame moderne, comme dans la première histoire, celle du pont de Bihac…

Les planches survivent sur des pages noires, seul le blanc est là pour donner vie, comme si la souffrance et la douleur en avaient besoin pour exister ! Moi qui croyais que le blanc était la virginité, la pureté, la main tendue vers l’autre pour l’aider…

Gabriel Germain dessine de façon pure et simple. Comme pour la ligne claire, il met dans son graphisme tout ce dont a besoin le lecteur pour entrer dans l’histoire. Il le fait si bien que le texte peut s’effacer, se fondre dans le noir, le noir de l’absurde de la vie… Les quatre premières planches, par exemple, ne contiennent aucun texte et, pourtant, nous les comprenons parfaitement et nous entrons dans cette histoire de façon visuelle…

Cet ouvrage met en évidence que la bande dessinée raconte bien des histoires avec du texte mais aussi des images et une bande son. Du coup, l’un des éléments narratifs peut disparaître et le récit continue… du moins, si les auteurs sont assez forts pour se priver d’un aspect de la bédé, du moins sur un temps limité.

J’ai beaucoup aimé cette bande dessinée que j’ai lu deux fois à deux jours d’intervalle, mais c’est probablement aussi parce que le thème de la première histoire me touchait profondément, l’absurde de certaines situations, de certains évènements, de certains conflits… Allez savoir pourquoi !

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Les éditions

  • Brouillard au pont de Bihac [Texte imprimé] Gabriel Germain, Jean-Hugues Oppel adapté des nouvelles "Brouillard au pont de Bihac"et "58 minutes pour mourir"de Jean-Hugues Oppel
    de Germain, Gabriel (Illustrateur) Oppel, Jean-Hugues (Scénariste)
    Casterman / Rivages-Casterman-noir
    ISBN : 9782203021341 ; 17,00 € ; 23/09/2009 ; 99 p. ; Broché
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