Les larmes de Tarzan
de Katarina Mazetti

critiqué par Rouchka1344, le 22 janvier 2010
( - 34 ans)


La note:  étoiles
Dans la Jungle de Mazetti.
"Les larmes de Tarzan" est le deuxième livre de la suédoise Katarina Mazetti. Après m'avoir fait rire dans "Le mec de la tombe d'à côté", je me suis précipité sur son deuxième roman dont la quatrième de couverture annonçait une sorte de Cendrillon remasterisée: Une femme surnommé Tarzan sans le sou, deux enfants, un mari fou quelque part dans la nature, s'accroche à la vie du mieux qu'elle peut. De l'autre côté il y a Janne, un jeune homme très riche roulant en Lamborghini, qui s'ennuie dans son rôle de pauvre petit riche marchant sans but. Ces deux-là se rencontrent. Comment vont-ils tomber amoureux ? Telle est la grande question !

Seulement on se rend compte que l'histoire de Cendrillon s'en va en eau de boudin. Mazetti reprend le système de deux personnages opposés à l'extrême, elle les met dans un shaker et secoue le tout pour voir ce qu'il va en sortir. Ce qu'il en sort ? Rien du tout! C'est bien ça le problème! Mazetti en utilisant les mêmes procédés que dans son premier roman, fait forcément les mêmes erreurs. On s'en va dans une véritable caricature : le jeune homme riche couche avec n'importe qui et boit comme un trou pour essayer d'oublier que sa vie est nulle (notez l'originalité). Marianna (Tarzan) est, elle, la mère courage qui essaye de joindre les deux bouts tout essayant de valser avec sa vie de mère-célibataire et ses besoins en tant que femme dans la trentaine.
Et s'il n'y avait que ça... Mazetti se sent obligé d'apporter une touche d'originalité. Elle donne la parole aux enfants de Marianna. On a le (dé)plaisir de lire le charabia des deux bambins qui n'apporte pratiquement rien à l'histoire et qui nous ennuie plus qu'autre chose.
Au fil des pages, on tombe dans le pathétique, sur les dérives de la société, le problème de la pauvreté, comme si on essayait de nous faire verser une petite larme.

Bref, au final, l'histoire est assez amère, pas très fine mais pas non plus désagréable. En tout cas cela me conforte dans l'idée que les suites ne sont pas toujours bonnes à prendre.
Pretty woman suédoise 6 étoiles

Je n’ai pas lu “Le mec de la tombe d’à côté », mais j’abonde dans le même sens que les critiques précédentes. L’histoire part d’un schéma éculé et qui n’hésite d’ailleurs pas à le revendiquer.

« Pretty woman » à la sauce suédoise du pauvre jeune homme riche qui ne trouve pas un sens à sa vie et la mère célibataire qui vit en permanence sur la corde raide, sur le seuil de la pauvreté.

L’humour scandinave n’est pas spécialement ma tasse de thé, sauf peut-être celui d’Arto Paasilinna, mais il n’en demeure pas moins qu’on passe un bon moment de détente tout en étant conscient qu’on n’a pas en main un monument de la littérature.

Cela se lit très vite et cela ne mange pas de pain. A la rigueur donc.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 24 avril 2020


Plat réchauffé ... 7 étoiles

Après le succès blogoplanétaire du Mec de la tombe d'à côté - qui avait même été adapté en une très agréable pièce de théâtre -, la suédoise Katarina Mazetti remet le couvert.
Avec la même recette du couple impossible : Les larmes de Tarzan.
Cette fois, Tarzan est une mère célibataire, à moitié au chômage et pas du tout épilée.
Janne est le célibataire, plus jeune et pété de thunes, il est entouré de top-modèles et roule en Lamborghini.
Mazetti nous ressert donc un plat aux saveurs connues mais malheureusement cette fois-ci la sauce a du mal à prendre.
Autant la précédente salade sucrée-salée était épicée de multiples subtilités socio-culturelles entre la souris de bibliothèque et le garçon vacher, autant cette fois-ci, la suédoise verse dans le plat de résistance socio-économique. Du solide et du sordide. Si vous ne le saviez pas, apprenez enfin que mieux vaut être riche, célibataire et sans enfant que pauvre, divorcée et affublée de deux moutards.

[...] Quand j'étais petite, on dessinait les pauvres avec des vêtements rapiécés, des morceaux de tissu rajoutés de couleurs différentes, cousus avec de gros points. On utilisait la même technique pour dessiner des trolls. Pendant longtemps, je ne faisais pas trop la différence entre les trolls et les pauvres, je savais seulement que les pauvres étaient tristes et les trolls horribles.
Aujourd'hui je sais que nous, les pauvres, nous avons pas mal de choses en commun avec les trolls. Par exemple, les gens croient que nous n'existons pas.

Oui, bien sûr, Katarina Mazetti a toujours le même humour décapant et salutaire (salutaire pour ses héros comme pour ses lecteurs) mais cela ne suffit plus à nous emballer.
D'autant qu'elle semble hésiter tout au long du livre entre le conte de fées pour adultes (c'était le cas du précédent épisode) et la chronique sociale.
Comme si un arrière-goût amer et dérangeant parfumait le fond du plat.
La dernière partie de la non-histoire d'amour entre Janne et Tarzan confirme le côté désabusé de la chronique qui, paradoxalement, en devient d'autant plus intéressante.
Les seconds rôles prennent plus d'importance (la copine de Tarzan, son ex bargeot, et même la top-modèle de Janne) et Katarina Mazetti nous brosse un portrait sans concession des relations hommes-femmes de nos sociétés modernes (et cette fois aucun exotisme suédois pour nous tenir à distance). Genre : les femmes viennent de Vénus et les hommes de Mars et chacun ferait mieux de rentrer chez soi.
Comme si, pour survivre dans notre jungle trop impitoyable, il n'existait que deux refuges : l'asile psy ou le couple. Le constat n'est pas tout à fait faux mais reste plutôt amer ...

Tarzan : [...] Ce serait si facile de me laisser couler dans tout ça. Poser le fardeau et me reposer un moment. Dix ans environ, pourquoi pas ?
Plus loin, Janne : [...] Le monde est rempli de gens qui restent ensemble pour d'autres raisons que parce qu'ils sont amoureux. On peut par exemple rester avec moi parce que j'ai une si belle voiture, tu l'as dit toi-même. Et je te promets de la changer tous les deux ans !

La suite du premier épisode est donc toujours une histoire d'humour mais plus vraiment une histoire d'amour.
Un livre qui sera plutôt réservé à ceux qui ont déjà visité la tombe d'à côté et qui veulent retourner en Suède.
Et un livre pour rappeler à ceux qui n'ont pas encore visité la tombe d'à côté qu'ils doivent se dépêcher !
Pour celles et ceux qui aiment les histoires de couples.

BMR & MAM - Paris - 64 ans - 21 avril 2010